Supplémentaire samedi 3 décembre 2005, 17h, version originale

Créé en 1998, le succès de la Pire Espèce, d’après l’œuvre de Jarry, prend l’affiche pour célébrer sa 400e représentation interplanétaire. Les acteurs-manipulateurs prennent la scène d’assaut à cinq paires de mains, plutôt qu’à deux, pour revisiter cette grande fresque bouffonne miniature !

De
Olivier Ducas
Francis Monty

Avec
Daniel Desparois
Olivier Ducas
Mathieu Gosselin
Marc Mauduit
Francis Monty

Une production du Théâtre de la Pire espèce

 

Création artisanale mais succès planétaire incontesté, Ubu sur la table, de la terriblement sympathique équipe du Théâtre de la Pire espèce, a célébré sa 400e représentation le lundi 28 novembre 2005 à l'intérieur des murs de la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui! Bravo! J'ai eu la chance d'y assister. Quatre fois, les amis, oui, quatre fois que je l'ai vue cette pièce. Alors le côté critique pour ce soir prend le champs. Mais je vais quand même parler de cette soirée unique.

Unique tout d'abord parce que, comme annoncé, c'était la 400e représentation de Ubu sur la table. Un bel exploit pour la jeune troupe, qui l'a proposé sur plusieurs continents en français, en espagnol et aux personnes sourdes. Unique aussi parce qu'elle réunissait les cinq paires de mains qui ont présenté ce spectacle depuis 1998. Les comédiens sont Daniel Desparois, Olivier Ducas, Mathieu Gosselin, Marc Mauduit et Francis Monty. À tour de rôle, ils se sont échangés les multiples personnages (et artefacts) qui peuplent le monde du Père Ubu, triplant même certains d'entre eux. Avec un plaisir certain, ils ont récité leurs textes avec une bonne dose de folie et d'improvisation. On a même eu droit à une food fight en règle, à coup de raisins verts! Mais quelle joie de pouvoir comparer les jeux de chacun, les accents, les mimiques, les façons de manipuler les objets!

Pour ceux et celles qui n'ont pas encore eu la chance de voir ce spectacle, l'équipe propose une supplémentaire le 3 décembre à 17h, mais dans sa forme classique. Et ne manquez surtout pas Persée, du 29 novembre au 3 décembre, dans la même salle...

Si vous voulez quand même lire ma critique, la voici :

par David Lefebvre (critique de la représentation à la Maison Théâtre, novembre 2004)

Merdre!

J'ai une confidence à vous faire: c'est la troisième fois que je vois ce spectacle. Oui, trois fois. La première lors d'une représentation à la Petite Licorne, il y a quelques années déjà, puis cet été au Bar Jean-Baptiste sur la rue Mont-Royal. Mais cette adaptation loufoque et absurde d'un texte déjà humoristique (avec son fameux début : Merdre!) d'Alfred Jarry, est un petit plaisir qu'il faut s'offrir.

Le Père Ubu (une bouteille remplie d'un liquide rose), officier de confiance du roi Venceslas de Pologne (un dessus de cafetière italienne), se fait manipuler (ou comme elle le dit, (é)branlé) par Mère Ubu (une lavette à vaisselle) pour qu'il tue le roi et installe son énorme postérieur à la place. Il accepte finalement, et demande l'aide du Capitaine Bordure (interprété par un marteau) de l'aider dans sa tâche. Il accepte. Seul en réchappe le jeune Boudrelas (un petit pot à lait) qui s'échappe dans les bois. Rencontrant un fantôme d'ancêtre (une bouilloire), il jure vengeance et prépare la reprise du trône. Pendant ce temps, la Mère Ubu trompe son mari avec le Capitaine et dépense tout l'argent du royaume. Ubu doit en trouver pour qu'il ne meure pas de faim. Les nobles (des cuillers) sont décervelés, et une guerre culinaire à coup de baguette de pain, de raisins et de fourchettes s'ensuit.

C'est fou et admirable ce qu'on peut faire avec de l'imagination, quelques artefacts, des spots et un peu de musique. Par le talent des deux manipulateurs, qui jouent pour beaucoup dans le succès de cette "pièce", on suit les aventures d'instruments du quotidien avec intérêt. Le texte (original) a été coupé aux bons endroits, on ne dénote que très peu de temps mort et on voit qu'Olivier Ducas et Mathieu Gosselin s'amusent encore follement, malgré plus de 300 représentations dans le corps à travers le monde (même si quelques équipes s'étaient formées pour répondre à la demande, dont faisait partie l'excellent Marc Mauduit), et ce en français, en espagnol et en langage des sourds. C'est drôle, grotesque, impertinent (avec les flatulences du Père Ubu) et absurde à souhait.

Après avoir fait rire le public adulte, on s'attaque aux adolescents. Et je suis persuadé que ce sera toute une réussite. Tout y est pour leur plaire. Et comme le texte change un peu chaque soir, ils ne se censurent pas. Quelques sacres ici et là, quelques mouvements plutôt osés, et hop on s'amuse ferme. Les deux comédiens jouent avec le public et le public se marre. Pas de grandes questions à se poser, on regarde et on rit. Quoi de mieux pour décrocher?

Ubu sur la table, à déguster pendant que c'est chaud...