Du 27 au 30 décembre 2007 (de 2 à 5 ans)
Glouglou
Texte et mise en scène de Christian Laporte
Avec Sylvio-Manuel Arriola, Maryse Lapierre
La première tétée, les premières odeurs, les
premiers pas, les premiers mots, la première neige. Toutes ces premières
fois ponctuent la dramaturgie éclatée de cette première
fois au théâtre! Glouglou illustre les différentes étapes
qui jalonnent, depuis la naissance, le développement des tout-petits
comme autant de moments croqués sur le vif. Un spectacle intimiste,
bercé par une musique enveloppante.
Une œuvre des plus audacieuses par sa forme novatrice, son contenu original
et le très jeune auditoire auquel elle s’adresse!
C’est au cours des nombreuses représentations du spectacle des
Petits orteils, qui suscite depuis 1991 l’enthousiasme d’un public
de 4 à 8 ans, que le Théâtre de Quartier se découvre
un intérêt pour un public encore plus jeune. Puis, l’exploration
en ateliers révèle toutes sortes de situations d’une richesse
inattendue. Et voilà qu’avec ce nouveau spectacle, la compagnie
qui fêtera cette année son trentième anniversaire, poursuit
son aventure conjuguant quotidien et poésie, humour et émotion
pour un tout jeune public.
Durée de 45 minutes
Interprétation
Simone Chevalot
Jean-Sébastien Lavoie
Interprétation musicale
Femke Bergsma
Texte
Louis-Dominique Lavigne
Conception du spectacle et Mise en scène
Lise Gionet
Conception scénographique et lumière
Nicolas Descôteaux
Musique
Vincent Beaulne
Costumes
Nadia Bellefeuille
Accessoires
Alain Jenkins
Collaboration au mouvement
Hélène Blackburn
Crédit photos: Nicolas Descôteaux
Une création du Théâtre de Quartier
Théâtre d'Aujourd'hui, salle Jean-Claude Germain
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900
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Dates antérieures
Du 13 avril au 1er mai 2005 - Maison Théâtre
Du 22 septembre au 3 octobre 2004 - Les Gros Becs
par David Lefebvre (2005)
Un jour je suis né. C’était la première
fois…
Vous rappelez-vous de votre première fois? Celle du premier boire,
du premier « maman », du premier bol de carottes pilées…
Ces premières questions du pourquoi, du comment? Glouglou raconte ces
premières fois, premières rencontres, premiers bisous.
L’espace scénique, dans ce genre de création, est fort
important. Pour bien rejoindre le public, qui est très jeune, soit
deux ans et plus, on se doit d’être tout près d’eux,
de les regarder droit dans les yeux pour qu’ils se sentent touchés,
intégrés dans l’action. La metteure en scène Lise
Gionet et le Théâtre de Quartier ont donc débuté
la création par cet espace. Puis s’est greffé la lumière,
les sons, les gestes.
Les enfants et les parents s’assoient en demi-lune tout autour d’un
rideau blanc, qui s’ouvrira et se fermera lors de la pièce. Puis
apparaît la fée musicale, interprétée par Femke
Bergsma, qui joue de deux flûtes différentes. C’est Fred
(Jean-Sébastien Lavoie) qui se pointe le nez, ce petit garçon
qui vient de naître et qui nous raconte ses premières fois. Il
y a aussi sa maman, son papa et sa voisine (Simone Chevalot) qui arrivent
comme ça, avec des coucous et des grognements. Le papa porte un chapeau
avec des plumes vertes, la maman des talons hauts et un foulard rouge et la
petite voisine un toutou style marsupilami… L’identification est
donc simple et rapide. Leur jeu est d’une grande générosité
et d’une belle disponibilité. Les costumes sont tout de blanc,
soyeux, simples (pantalons et camisole) et complexes en même temps (corset,
robes et crinoline). Le texte de Louis-Dominique Lavigne nous plonge dans
l’univers de la petite enfance, tout au “je” et aux premières
expériences, joyeuses comme malheureuses. La musique de Vincent Beaulne
est d’une douceur et rappelle quelques mouvements de classique. Hélène
Blackburn a collaboré à la mise en mouvement, particulièrement
importante dans ce genre de spectacle ; parfois drôle, ou ludique, les
enfants s’associent à eux quand Fred joue ou quand la voisine
tente de monter sur le comptoir…
Courte pièce, elle captive les petits par sa réalité,
sa proximité et son ton rigolo. La musique a une grande part dans la
pièce et elle est magnifique, donnant même un thème au
mot glouglou qui revient quelques fois, pour exprimer le boire, les gouttes
d’eau dans la fenêtre ou le bain… Glouglou est donc une
belle première expérience pour les enfants, qui en redemanderont…
17-04-2005
par Magali Paquin (Québec - sept. 2004)
S’adressant au public extrêmement jeune que sont
les 2 à 5 ans, la pièce « Glouglou » du Théâtre
de quartier, présentée au Théâtre des Gros Becs
du 22 septembre au 3 octobre 2004, a pur but d’initier les enfants à
l’art théâtral en leur parlant d’eux, dans leurs
mots. Accompagnée de Jérémy, 4 ans, et de sa maman, m’appuyant
également sur ma propre expérience de mère, j’ai
tenté de revenir quelques années en arrière…
Axé sur la découverte du monde par l’enfant, les mots
« aujourd’hui, c’est la première fois… »
constituent la trame par laquelle on rappelle la première tétée,
la purée, les coucous de maman, les vilaines peurs, la conscience des
autres et du monde extérieur ; bref, toutes ces petites choses qui
constitueront désormais l’univers des bambins, mais qui sont
à chaque première fois une grande révélation sur
la vie. Évoluant dans une atmosphère tout en tendresse, le petit
Fred (Jean-Sébastien Lavoie) prend peu à peu conscience de ses
sens, de lui, des autres, est transporté par toutes sortes d’émotions
et sort vainqueur de grands défis. Sa maman, son papa et sa petite
voisine (tous joués par Simone Chevalot) sont quant à eux auprès
de lui au cours de ces étapes marquantes.
Les enfants constituent un public exigeant, surtout lorsqu’ils sont
en si bas âge : difficile de ne pas se tortiller sur son siège
et de rester silencieux aussi longtemps. Après une demi-heure de spectacle,
l’attention s’était déjà relâchée
de beaucoup. Quelques surprises et scènes amusantes ont toutefois permis
de les concentrer de nouveau sur l’action pour une quinzaine de minutes
qui n’aurait pas pu être étirée plus longtemps.
La chose est d’autant plus difficile qu’il s’agit d’une
pièce qui ne fait pas directement interagir les enfants avec les acteurs.
Ici, pas d’animation de foule, pas de spectacle de clown, ni de tours
de magie. Si les bambins participent, c’est d’eux que provient
l’élan : en nommant les animaux imités, en répétant
des mots, en rigolant des simagrées des personnages. Une première
incursion dans le théâtre traditionnel qui peut être ardue
pour certains, tous les enfants ne supportant pas aussi aisément d’être
sur le mode contemplatif pendant 45 minutes. Mais une première incitation
à réfléchir, aussi, sur des sous-entendus qui ont soulevé
les interrogations de mon jeune invité : pourquoi les parents pleuraient
? Voilà une bonne amorce pour expliquer à son enfant les chagrins
incompris des adultes…
Pour leur rendre l’expérience plus agréable, on a amassé
le jeune public sur la scène, en demi-cercle autour de l’espace
scénique. En plus de favoriser leur intégration au spectacle,
on renforce par là l’atmosphère de cocon tout chaud tout
rond dans lequel baignent les personnages. La qualité de la mise en
scène de Lise Gionet témoigne d’un respect envers les
bambins : c’est pas parce qu’on est petit qu’on ne pas voir
de grandes choses ! En utilisant un voile diaphane monté sur une tringle
circulaire, en exploitant l’éclairage pour jouer avec les transparences
ou simuler un arc-en-ciel, en extirpant d’une structure de bois des
trouvailles de toutes sortes, on leur fait cadeau d’une belle expérience
théâtrale. La rythmique gestuelle prend aussi une grande importance
et a d’ailleurs retenu l’attention de mon petit invité,
de même que la répétition des mots « glou glou »,
qui, en plus de l’amuser, le ramenait à des images connues (boire
de l’eau, la douche, etc.). Pour ajouter à la douce ambiance
qui règne sur scène, une flûtiste (Femke Bergsma) se fond
dans le jeu tout en demeurant hors de l’action et assure une bonne partie
de la trame sonore. Tous sont de blanc ou de beige vêtus, avec superposition
de tissus leur donnant un air angélique et quasi aérien. Par
contre, pour aider les bambins à mieux départager les différents
personnages, des accessoires plus caricaturaux qu’esthétiques
auraient pu être favorisés pour minimiser les incompréhensions.
« Glouglou » comporte aussi une part d’audace, que ne pourront
s’empêcher de noter les spectateurs adultes. Les interactions
entre personnages ont le mérite d’être extrêmement
proches de la réalité ; maman fait des prouts sur la bedaine
de fiston, elle le touche et le cajole avec tendresse. Mais si les adultes
comprennent que l’homme assez costaud que voilà joue le rôle
d’un bébé, les bambins, eux, ne peuvent le considérer
comme un des leurs. « Qu’est-ce qu’il fait, le monsieur
? », ais-je entendu dans la salle. Un acteur au corps plus chétif
aurait peut-être permis de mieux rendre cette personnification aux yeux
du jeune public. L’audace, pour le regard adulte, vient de cette proximité
du corps entre les acteurs, entre autres dans la scène où l’enfant/homme
tète véritablement le sein de sa mère. On ne peut s’empêcher
d’y voir ce que je me permets de qualifier comme un « érotisme
naïf », touchant beaucoup plus que choquant, mais qui laisse tout
de même surpris par sa témérité.
Très belle initiation au théâtre traitant de sujets que
connaissent tous les enfants, « Glouglou » relève bien
le défi que se sont lancé les membres du Théâtre
de quartier. Et pour l’adulte que je suis, il m’est maintenant
possible d’affirmer : « aujourd’hui, c’est la première
fois »… que j’assiste à une pièce d’une
aussi belle qualité pour un aussi jeune public!