Du 6 au 24 novembre 2007
Mardis 19h - mercredi au samedi 20h -
une matinée le samedi 17 novembre à 15h
Roche, papier, couteau
Texte de Marilyn Perreault
Mise en scène de Marc Dumesnil
Avec Éloi Archambaudoin, Catherine-Amélie Côté, David-Alexandre Després, Ariane Frédérique et Annie Ranger
Dans un village isolé de l’Extrême-Nord, cinq jeunes clandestins sont arrivés par cargo, enfermés depuis un mois dans un conteneur. Seule à comprendre le langage qu’ils parlent, Mielke les prendra en charge, sans se douter de tout ce que cela implique. Dans ce pays où tout se dit à mots feutrés, un étrange secret prendra du temps avant d’être dévoilé. Assez pour mettre en danger la vie de ceux qui croyaient que ce petit village de 500 « armes », coincé entre Advitam et Ternam, était le seul endroit sur terre où l’on avait encore la possibilité de finir ses jours paisiblement. Entre bouteilles de vodel, sacs de glue et parties de roche-papier-couteau, la vie de ces cinq petits écorchés, tout comme celle des habitants du village, sera-t-elle meilleure dans cette contrée où il fait toujours froid ?
Scénographie : Vano Hotton
Costumes : Sarah Balleux
Éclairages : Martin Gagné
Musique : Martin Marier
Une création du Théâtre I.N.K.
PÉRIODE PREMIÈRES
6 au 10 novembre
régulier 23 $
carte premières 11,50 $
Théâtre d'Aujourd'hui, salle Jean-Claude Germain
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900
par Geneviève Germain
Il fait froid dans le petit village isolé que Mielke habite. Pas seulement parce qu’il se trouve dans l’Extrême-Nord, mais aussi parce que le temps y semble figé. Les 500 « armes » que ce pays abrite empilent les bouteilles de vodel vides et accumulent les sacs de glue. Cette contrée inventée par l’auteure Marilyn Perreault fait frissonner, tout comme les cinq nouveaux venus débarqués d’un cargo après un long mois de voyage. Mielke les prendra sous son aile, car ils parlent le langage des brusques qu’elle seule connaît dans ce coin reculé du monde.
Cet étrange univers est mis en scène par Marc Dumesnil, marquant ici une deuxième incursion dans le répertoire de l’auteure après Les Apatrides (Espace Libre). Dès le premier contact, la pièce donne le vertige. Peut-être est-ce le décor dénudé et asymétrique qui donne cette impression, ou encore le ton froid et détaché de Mielke (Ève Gadouas) qui assure une ambiance glaciale. Toujours est-il que l’inquiétude règne, mêlée d’une certaine curiosité envers ces personnages inhabituels qui prennent d’assaut la demeure de Mielke et qui jouent dans la pénombre à roche, papier, couteau…
On ne connaîtra pas Cute, arrivé tout pendant au bras de la plus jeune des rescapés, rebaptisé Mute de par son état post-mortem. Toutefois, on découvre la fougueuse et volubile Ali (Annie Ranger), accompagnée de son grand frère silencieux Iourdead (Éloi ArchamBaudoin) pour qui elle prend la parole. Il y a également Lonely (Catherine-Amélie Côté), une jeune femme qui gesticule lentement affublée de grandes yeux tristes et Nox (David-Alexandre Després). On devine aisément la lourdeur de leur passé, ou leurs « trop-mutismes », chacun affichant un comportement trouble. Ali le décrit bien quand elle déclare à Mielke qu’« on vit pas la madame, on fait la survie, comme vous! ».
Le langage qui est utilisé dans Roche, papier, couteau… accentue l’extrême détresse qui transpire des personnages, usant d’image fortes et de tournures de phrases crues. Chaque mot est soupesé, calculé, de telle sorte qu’il faut être à l’affût chaque seconde pour bien saisir le récit. Heureusement, il nous faut bien peu de temps pour que nos oreilles s’ajustent à cette langue si justement malmenée.
Au sortir de la salle, il est bien difficile de dire si tous ont la même compréhension du fond de l’histoire, mais je parierais que chacun en ressort avec un petit frisson dans le dos. À découvrir.
13-11-07