Du 28 octobre au 30 novembre 2008

Bob

Texte de René-Daniel Dubois
Mise en scène de René Richard Cyr
Avec Marc Beaupré, Cyril Fonseca, Mathieu Gosselin, Robert Lalonde, Agathe Lanctôt, Jean-Moïse Martin, Christiane Proulx, Milène Leclerc, Véronic Rodrigue, Frédéric Blanchette, Charles Dauphinais

Ça commence par un accident de vélos. Deux jeunes messagers se prennent chacun le vélo de l’autre dans la gueule… La roue tordue, le châssis de travers et le casque envolé… Des invectives volent aussi puis un silence et un regard… fatal. Bob. Il s’appelle Bob. Et l’autre Andy. Bob est acteur de formation. Il a tout lâché. Enfin, c’est ce qu’il croit jusqu’à ce qu’il retrouve une vieille actrice oubliée de tous, mais pas lui et qui lui apprendra la chose la plus difficile qui soit : être vraiment soi. Elle lui apprendra tout et tel un bon maître, elle lui apprendra surtout à se passer d’elle.

par Gabrielle Brassard

Afin de souligner le 40e anniversaire du Théâtre d’Aujourd’hui, une myriade de comédiens, un auteur réputé et un metteur en scène chevronné ont accepté de se lancer dans la folle aventure de BOB, texte et spectacle magistral d’une durée de presque quatre heures.

Andy et Bob se heurtent de plein fouet en vélo par un bel après-midi d’été dans les rues de Montréal. Rencontre fracassante, bouleversante, qui fera plonger le spectateur dans les souvenirs de Bob, dans le mal-être des personnages, leurs passions, leurs angoisses, le théâtre qui habite leur vie. Dans le passé trouble de Bob surgira Mme Fryers, son amante et sa muse, d’au moins deux fois son aînée, dont la mort perdra Bob. Michelle Rossignol, en mentor de sagesse, est d’une impeccable justesse, mais on la préfère en chair et en os sur la scène plutôt qu’en performance vidéo. Mais l’aspect vidéo, accessoire presque principal sur la scène, est intéressant, et l’image permet d’éviter que les personnages ne ressassent trop le passé.

Le chœur de dix comédiens, dont Frédéric Blanchette, Mathieu Gosselin et Robert Lalonde, nous renvoie notre image de spectateur, agissant essentiellement à ce titre, en plus d’apporter de petites interventions synchronisées et aidant les mouvements de la mise en scène. Ils utilisent également la scène à sa pleine capacité, se promenant dans la régie et au balcon, accentuant encore plus l’effet miroir avec le public. Étienne Pilon et Benoît McGinnis forment un duo extrêmement  fort et percutant, se répondant toujours dans des tons d’intensité différents, mais égaux.

Que dire de ce spectacle, finalement, sur le théâtre lui-même, tellement émouvant de beauté, de profondeur, de poésie ! Le texte de Dubois est si magnifique et troublant qu’il est difficile à absorber, à digérer tant il bouleverse, laisse pantois et sans mots. Rarement a-t-on pleuré de beauté et non de tristesse au théâtre, surtout québécois! Trois heures quarante durant lesquelles on passe par toute la gamme d’émotions, sans pouvoir mettre exactement les bons mots dessus, mais étant certainement ébranlés d’une façon ou d’une autre. Un spectacle à la hauteur d’un théâtre qui fête ses quarante ans!

Petite parenthèse, en terminant, sur le traiteur. Comme le spectacle est long et commence toujours plus tôt, de petites boîtes à lunch et collations santé sont offertes, et valent la peine d’être goûtées. Très joliment présentés, dans des matériaux recyclables, petits sandwichs, salades santé, délicieux biscuits, noix et yogourt sont offerts à des prix dérisoires. Vert Midi est à découvrir!

05-11-2008