Texte de Suzanne Lebeau
Mise en scène de Gervais Gaudreault
Avec Émilie Dionne, Sébastien René et Lise Roy
Elikia est une enfant parmi tant d'autres qui a vu sa vie basculer du jour au lendemain dans une guerre civile chaotique et sans lois. La petite, enlevée à sa famille, devient enfant-soldat. Victime, elle est aussi bourreau, dans une situation intenable qui brouille les lois les plus élémentaires de l'éthique. Comment grandir et rester humain quand les repères s'effacent devant une brutalité quotidienne sans espoir ? C'est le petit Joseph, le plus jeune enfant à parvenir au camp de rebelles, qui lui rappellera son enfance, sa famille, son village, son humanité et qui lui donnera le courage de briser la chaîne de violence dans laquelle elle a été entraînée.
Le bruit des os qui craquent est un texte à deux voix. Si Joseph et Elikia vivent la fuite, les doutes, les peurs et le retour à une vie civile civilisée où les enfants peuvent grandir comme des enfants, Angelina, elle, l'infirmière qui les reçoit à l'hôpital où ils se réfugient, mettra en perspective cette réalité douloureuse et ouvrira la fenêtre sur une lumière incertaine, mais lumière tout de même.
Assistance à la mise en scène : Stéphanie Capistran-Lalonde
scénographie : Stéphane Longpré
costumes : Linda Brunelle
éclairages, régie générale et régie des éclairages : Dominique Gagnon
environnement sonore : Nancy Tobin
maquillages : François Cyr
coiffures : Anik Généreux
régie son et projections : Éric Gendron, Régis Guyonnet
Les mardis à 19h
Du mercredi au samedi à 20h
Le dimanche 19 avril à 15h
Rencontre avec l’équipe de production
à l’issue de la représentation du mercredi 8 avril 2009
Les Curiosités de Suzanne Lebeau
à l’issue de la représentation du mardi 14 avril 2009
Du 31 mars au 23 avril 2009 dans le hall du Théâtre d'Aujourd'hui
Exposition photographique de Lara Rosenoff
C’est aussi mon histoire. Je m’appelle Béatrice. J’ai 15 ans. défait les idées préconçues sur les enfants soldats et les déplacements internes de population. Il s’agit d’une exposition photographique qui se base sur trois visites que Lara Rosenoff a faites ces deux dernières années dans le camp de Padibe, dans le nord de l’Ouganda.
Dans le Hall du Théâtre d’Aujourd’hui, 3900 rue St-Denis
Heures d’ouverture : Lundi 12h à 18h // Mardi 12h à 19h // Du mercredi au samedi 12h à 20h // Les dimanches 1er mars et 19 avril 12h à 15h – Entrée libre
Rencontres
Rencontre avec Louise Fréchette, ancienne vice-secrétaire générale de l’ONU (1998-2006) et chercheure associée au Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale (CIGI) à l’issue de la représentation du 9 avril (vers 21 h 20). L’entrée à la rencontre est libre.
Les Curiosités de la pièce Le bruit des os qui craquent réuniront, autour de l’auteure Suzanne Lebeau : Béatrice Vaugrant, directrice générale d’Amnistie internationale pour le Canada francophone; Guillaume Landry, chercheur et expert en protection de l’enfance; Alain Deneault, auteur de Noir Canada, pillage, corruption et criminalité en Afrique.
L’événement, animé par Stéphane Lépine, se tiendra à l’issue de la représentation du 14 avril (vers 20 h 20). L’entrée aux curiosités est libre.
Informations et réservations : 514 282-3900
Une création de la compagnie de théâtre Carrousel et du Théâtre d’Aujourd’hui, en coproduction avec le théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine et la Fédération d’Associations de Théâtre Populaire (France). En Résidence au Théâtre de la Ville de Longueuil.
Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900
par Daphné Bathalon
Reconnue non seulement au Québec, mais également à travers le monde, Suzanne Lebeau sait donner force et pertinence à ses textes pour la jeune scène. Lorsqu’elle a vu le documentaire australien Enfants soldats, l’auteure dramatique a ressenti le besoin irrépressible d’écrire une pièce sur ce sujet. Elle s’est alors plongée dans l’écriture et a finalisé sa pièce après avoir rencontré deux enfants soldats à Kinshasa, en République du Congo. Le bruit des os qui craquent tient l’affiche jusqu’au 25 avril au Théâtre d’Aujourd’hui.
Elikia, 13 ans, et Joseph, 8 ans, ont été entraînés loin de leur foyer, loin de tout repère moral, dans un camp de rebelles où les jeunes garçons et filles deviennent des combattants, des tueurs. On les sait victimes et bourreaux. Une infirmière se présente à la salle, un cahier à la main, c’est le journal tenu par Elikia entre le moment où elle a trouvé refuge à l’hôpital et son décès deux ans plus tard.
En sortant de la salle, étrange sensation, j’ai l’impression que j’aurais dû aimer cette pièce, que j’aurais dû en apprécier le propos, que j’aurais dû ressentir quelque chose (culpabilité, amour, compréhension?) pour ces personnages d’enfants soldats, tirés de force de leur enfance et projetés violemment dans le monde adulte. Et pourtant, je n’ai rien ressenti. J’ai écouté avec plaisir et intérêt l’histoire qu’Angelina, l’infirmière au grand cœur était venue nous raconter, l’histoire d’Elikia, femme enfant et enfant soldat, mais je n’ai eu pour celle-ci aucun élan de compassion, aucun frémissement d’horreur pour ce qu’elle avait dû subir.
La faute n’en incombe pourtant pas à la scénographie qui aurait pu, par excès de zèle, transposer sur scène la zone de guerre dans ses moindres détails, au lieu de quoi, la scénographie de Stéphane Longpré esquisse habilement les forêts traversées par les deux enfants en fuite. Derrière les arbres, entre les troncs et les branches projetés sur une fine toile tendue à l’avant-scène, l’éclairage minimal ne nous permet pas de distinguer clairement les traits des enfants qui voyagent de nuit. Parfait : la pénombre se prête bien aux histoires et aux confidences. Elle tranche également avec la lumière crue du local où l’infirmière affronte ce qui ressemble à s’y méprendre à un tribunal sous ses airs de commission d’enquête. Il y a là un début d’inconfort, le sentiment que le public est à la fois spectateur d’un drame humain et jury dur et insensible. Ce jury coupe d’ailleurs souvent la parole à l’infirmière pour la sommer d’aller à l’essentiel, de se limiter aux faits : le récit d’une enfant n’a pas d’importance, sa parole non plus.
Alors pourquoi suis-je restée de marbre à l’écoute d’un texte fort qui pose un regard tendre et lucide sur ces enfances brisées? La carapace d’Elikia joue contre son interprète (Émilie Dionne) dont la voix semble trop détachée. Perdue dans cette neutralité, je ne me suis pas attachée aux pas de la jeune fille, ne me suis pas sentie impliquée dans son éprouvante traversée. Quant à l’infirmière (Lise Roy), le ton moralisateur de son témoignage n’a hélas pas provoqué chez moi un sentiment de culpabilité mais plutôt un léger agacement. Dommage, car dans son ensemble, Le bruit des os qui craquent recèle des trésors d’images – « L’arme tue aussi l’âme de celui qui le porte » – et dévoile sobrement l’espoir qu’ont les enfants soldat de s’échapper à l’enfer dans lequel on les a trop tôt enfermés.