Texte de Robert Claing
Mise en scène de Robert Bellefeuille
Avec Benoît Dagenais et Paul Savoie
Au cœur d’une journée caniculaire dans une France qui a bercé leur amour du vin et de la fête, deux Québécois désenchantés ayant atteint le mitan de leur vie, décident de fourbir les lances du désir et de la fougue, de mettre les compteurs à zéro et de tout recommencer.
les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20h
le dimanche 27 septembre à 15 h
Rencontre avec l’équipe de production
à l’issue de la représentation du mercredi 23 septembre
Les Curiosités de Robert Claing
à l’issue de la représentation du mardi 29 septembre
Assistance à la mise en scène et régie: Audrey Lamontagne
Décor: Jean Bard
Costumes : Linda Brunelle
Éclairages : Erwann Bernard
Musique originale : Louise Beaudoin
Création du Théâtre d'Aujourd'hui
Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900
par Daphné Bathalon
La crise de la cinquantaine : elle a été abordée à maintes reprises, sous les angles les plus divers et variés, mais on l’a encore peu traitée au sein de la dramaturgie québécoise. À la demande de ses amis comédiens Paul Savoie et Benoît Dagenais, l’auteur Robert Claing s’est attelé à l’écriture de Caravansérail. Cette pièce, non seulement traite des questions inévitables qui surgissent quand on atteint ce point dans notre vie, mais s’intéresse également à l’amitié qui unit deux hommes d’âge mûr, fâchés avec leur vie passée.
Benoît et Paul se croisent à Paris. L’un est un professeur tout récemment retraité, l’autre est un comédien revenant du Festival d’Avignon où il jouait dans une pièce très expérimentale. En dépit de leurs différences, ils se reconnaissent et naît aussitôt entre eux une indéfectible amitié.
Voir deux grands comédiens tels que Savoie et Dagenais jouer et s’amuser sur scène est un véritable plaisir pour les yeux et les oreilles. On se délecte des personnages qu’ils interprètent et dépeignent avec une évidente complicité. Il n’en est que plus dommage de ne pas se sentir entraîner par ce Caravansérail. On en saisit toute la couleur et le boucan, mais on n'en déguste aucun parfum, aucune odeur. Le texte n'est pas suffisamment fort pour nous amener à réfléchir par nous-mêmes, ni pour nous transporter dans les élucubrations verbales et délirantes de Paul et Benoît.
crédit photos : Valérie Remise |
Durant les premières minutes, on rigole de l’imagination outrancière déployée par les personnages, puis on s’amuse des critiques qu’ils font de tout : critique du théâtre, critique de la critique, critique de Joliette et de son industrie de la patate (trait d’humour qui revient si souvent qu’il finit par lasser). Mais ensuite quoi? Quel est le véritable enjeu de Caravansérail? Est-ce, pour les personnages, d’arriver à surmonter leurs échecs et à se libérer de « 50 ans de menus plaisirs fades et frelatés »? Est-ce, pour les spectateurs, de découvrir la richesse des rêves et des idéaux que l’on met de côté pendant des années et qui nous retombent dessus lorsqu’on atteint un certain âge? Ainsi, l’ennui s’installe à la moitié de la pièce : passé l’intérêt de la découverte et du développement, fort rapide, de cette amitié instantanée, on se demande quelle direction prend le texte. De fait, la scène du cauchemar de Paul, qui aurait pu être une révélation pour ce personnage, s’étire sans rien ajouter à l’édifice.
Seuls en scène, peu aidés par une scénographie figurative, les comédiens portent le texte à bout de bras sans toutefois parvenir à nous faire vibrer. Pas facile, on le reconnaît, d’intéresser un public de tout âge à un sujet aussi précis que la crise de la cinquantaine. Pourtant, on aurait envie, nous aussi, de s’exclamer avec le même émerveillement que Benoît : « Qu’est-ce que vous me ferez voir encore? », mais on aimerait surtout voir la pièce jeter les bases d’une problématique, nous en faire voir une résolution qui ne soit pas un départ un peu facile dans un monde imaginaire où une brouette se transforme en chameau.
Il reste tout de même le bonheur que partagent ces deux hommes, un bonheur plein de doutes et d'angoisses, un bonheur qu'ils se construisent de château d'Espagne en château d'Espagne.