Un suaire en Saran wrap

Texte, mise en scène et interprétation : Manon Lussier

Elle nous raconte Ginette, sa mère morte à 64 ans.
Elle nous joue les scènes entourant les préparatifs de la mort.
Elle nous dit ce qui se passait dans sa tête pendant les moments-chocs!

Elle fait un solo autobiographique avec humour et autodérision en cherchant à comprendre le destin de cette femme. En ouvrant ses boîtes d’héritage, la fille découvre des coïncidences étonnantes. Elle recoupe les évènements avec les photos, les dates, les documents et la voix de sa mère qu’elle a enregistrée sur son dictaphone.

Un suaire en saran wrap raconte les transmissions de mère en fille, les zones de complicité et de conflit. Il interroge notre rapport à la vie, notre façon de vieillir. Un spectacle aux accents de gravité qui entrechoque le sacré et le domestique.

par David Lefebvre

Le solo autobiographique de Manon Lussier, Un suaire en Saran wrap, nous propose un voyage touchant et fascinant dans la vie - surtout la fin de celle-ci - de Ginette, la mère de la comédienne. Des pré-arrangements funéraires jusqu'à son décès, en passant par des souvenirs d'enfance, de la découverte de la maladie et des soins palliatifs, Manon Lussier livre un puissant témoignage d'une histoire tout à la fois unique et à laquelle on peut facilement s'identifier. Emportée trop rapidement par un cancer du sein, Ginette laisse derrière elle, pour Manon, des traces, des coïncidences surprenantes, un héritage maternel et humain aux valeurs inestimables.

Grâce à de petits moments du quotidien, d'anecdotes, de photos et d'objets divers, Manon Lussier nous présente cette mère disparue mais dont on sent fortement la présence. Une présence presque palpable, surtout par l'urne que la comédienne apporte sur scène, protégeant les cendres de la défunte, puis par la voix de Ginette qui résonne dans la salle, provenant du dictaphone que Manon apportait avec elle lors de leurs derniers moments ensemble. Sans censure, le spectacle aborde évidemment la mort d'un parent, d'un être cher, de l'acceptation de ce départ, mais aussi de l'héritage qu'il nous lègue et de cette complicité parfois difficile, mais toujours essentielle, entre deux êtres qui s'aiment inconditionnellement. Sur le ton de la confidence, Manon Lussier nous entretient d'instants de tristesse et de douleur, d'inquiétude, de peur et de détresse, mais aussi de lumière et de sourires, et de vie, beaucoup de vie, et ce, avec beaucoup de dérision, d'absurdité et d'humour.  Douleur, tristesse, absurdité et humour : un contraste qui peut paraître étonnant, paradoxal, mais qui, au fond, fait totalement partie de notre existence. L’insoutenable légèreté de l’être.

La scène est chaleureuse, grâce aux éclairages de Mathieu Marcil et à la scénographie de Marie-Claude Parenteau-Lebeuf et de Geneviève Langlois, constituée de meubles et d'accessoires qui occupent l'espace scénique sans la surcharger. Une grande et magnifique toile abstraite de Geneviève Langlois sert d'écran pour les projections photo. Le choix musical, du classique à l'accordéon, colle parfaitement au contenu du spectacle. Jacques Rossi, complice de vie de l’auteure, comédienne et metteure en scène, a su parfaitement assumer le rôle de conseiller artistique par son expérience et ses compétences professionnelles, mais surtout grâce à sa proximité avec la conceptrice et le sujet.

Premier texte authentique et cathartique de Manon Lussier, même si les événements semblent finalement bien assumés, Un suaire en Saran wrap est un spectacle franc, émouvant et charmant, qui porte certainement à la réflexion personnelle.