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Du 11 au 29 janvier 2011
En attendant Gaudreault / Ta Yeule Kathleen
Texte, mise en scène et interprétation Sébastien David
Avec Frédéric Côté, Marie-Hélène Gosselin

En attendant Gaudreault
Montréal, quelque part entre la mort de Marie-Soleil Tougas et le bogue de l’an 2000. William le junkie, Monique l’amoureuse enfermée et Dédé le petit de la construction attendent tous Gaudreault. Mais Gaudreault n’arrivera jamais. Continuer ou arrêter de l’attendre ? Espérer ou tout laisser tomber ?

Cette courte pièce reprend le thème de l’attente, celle qui est mythique, absurde, existentielle. Trois personnages qui n’ont pas de moyen, qui n’ont pas «les mots sacrament» pour se défendre, s’aimer ou se raisonner, mais qui pourtant vivent, dans la douleur certes, mais dans l’espoir naïf, l’espoir des âmes esseulées.

Ta yeule Kathleen
Il y a deux mois, Lynn la monoparentale a accouché de Kathleen le bébé. Kathleen pleure sans cesse et c’est insupportable. N’en pouvant déjà plus d’être mère à la maison, Lynn fera tout ce qu’elle peut pour sortir de son deux et demi, le temps d’une soirée, gardienne ou pas.

Malgré la musique forte et les rencontres furtives avec plusieurs hommes, Lynn entendra les pleurs de Kathleen résonner sans cesse jusqu’à elle. Lynn la monoparentale, Lynn la mangeuse d’hommes ne sortira pas indemne de cette soirée bien spéciale.

 

 

Durée : 1 h 10 pour le programme double

Décor et costumes Anne-Marie Bérubé
Éclairages, direction technique et régie Catherine Comeau
Composition musicale Thierry Gauthier
Projection Nathanaël Lécaudé
Crédit photo affiche Jérémie Battaglia

les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
Rencontre avec l’équipe du spectacle
à l’issue de la représentation du mardi 18 janvier

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 11au 19 janvier 2011
Régulier : 25$
Carte premières : 12,50$

Une création du Collectif En attendant

Théâtre d'Aujourd'hui, salle Jean-Claude Germain

3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

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 Critique
Critique
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par Sara Fauteux


Crédit photo : Jérémie Battaglia

La toute première version de la pièce En attendant Gaudreault a vu le jour en 2008, au Théâtre Prospero, dans le cadre de l’événement Rallye Midi-Minuit. Elle est reprise par le même événement en 2009 et présentée lors du festival OFFTA en 2010. Le spectacle qui est à l’affiche à la salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d’Aujourd’hui ce mois-ci est le fruit d’un long travail de création et d’une pensée qui s’articule sur plusieurs années. En attendant Gaudreault est maintenant présenté en programme double, précédé d’un court monologue, Ta Yeule Kathleen. La combinaison des deux pièces est d’ailleurs fort pertinente et permet d’approfondir le propos de l’auteur.

Dans un Montréal de misère des années 90, William le junkie, Dédé le petit de la construction, Monique l’amoureuse enfermée, Kathleen le bébé et Lynn la monoparentale se débattent avec leur solitude, leur ignorance et leur ennui. Ils trouvent refuge dans la culture populaire qui, dans leur univers, est signe d’espoir. Désemparés devant la vie et le monde qui s’active autour d’eux, les personnages de Sébastien David manquent de moyens pour s’exprimer et pour s’extraire de cette détresse qui les avale. Comme les personnages du grand dramaturge irlandais auquel le titre d'une des pièces de David rend hommage, Samuel Beckett, l’absurdité du monde les empêche d’y prendre part.

S’ils sont le reflet de l’univers très personnel du jeune auteur, ils nous sont aussi extrêmement familiers. En effet, la dramaturgie québécoise est bourrée de ces êtres désespérés et misérables qui baignent dans l’ignorance. Partageant le sort de beaucoup de figures de notre héritage culturel, les personnages d’En attendant Gaudreault et Ta yeule Kathleen ont leur poésie singulière et moderne pour les distinguer du lot. Les mots bruts de David font résonner une langue enivrante qui nous pousse à nous plonger encore au cœur de cette blessure qui semble fondatrice au Québec.

La mise en scène sert bien l’écriture et les images créées, en toute simplicité, sont assez précises pour habiter l’espace de la scène qui reste abstrait et dénudé. L’interprétation des comédiens est juste et la sobriété du jeu et de la mise en scène laisse toute la place à la puissance du texte. La détresse des personnages est inscrite dans leur voix et dans les mots qu’ils enfilent en un flot intense et continu. Cette cohérence entre le fond et la forme témoigne de la solidité et de la profondeur de la démarche entreprise par l’équipe de création.

En attendant Gaudreault et Ta yeule Kathleen donne à voir un spectacle maîtrisé et troublant. Sébastien David a bien raison de continuer de croire que le simple fait de prendre la parole sur une scène est un acte poétique, surtout avec une parole comme la sienne. Mais, dans le souffle obsédant de ses textes, on pressent une force autrement plus puissante qui semble contenue. Malgré les propos très crus des personnages et le trouble qu’ils suscitent, le tout reste encore trop soutenable. Parce qu’on sait qu’il ne s’agira pas de violence gratuite, on a envie de suivre Sébastien David dans l’explosion de cette brutalité des mots et de la représentation.

18-01-2011

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