La genèse de la rage se déroule pendant la période des Trente glorieuses et l’on suit Otho traversant sa vie cauchemardesque dans une petite municipalité agressive et ignorante d’une province obscure. Ses parents le couvent autant que possible, mais quelque chose plane sur son existence. Il est seul et doit grandir seul, ostracisé. Il cherche ce qu’il doit accomplir, ce qu’il doit faire tous les jours.
Qu’arrivera-t-il de lui lorsqu’il sera devenu un homme ?
Qu’est-ce qui se vautre dans ses entrailles ?
Mythologie et suspense pour vous ce soir !
Durée: environ 1h30
les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
Rencontre avec l’équipe du spectacle
à l’issue de la représentation du mardi 10 mai
Assistance à la mise en scène, régie Marie-Christine Martel
Costumes Chloé Giroux-Bertrand et Sarah Hall-K
Éclairages Anne-Marie Rodrigue Lecours
Conception musicale Michel Smith
Effets spéciaux Olivier Proulx
Support visuel et photographie Marie-Claude Hamel
Assistance aux costumes Marianne Roberge
Cartes Prem1ères
Date Premières : 3 au 11 mai 2011
Régulier : 25$
Carte premières : 12,50$
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Une création du Théâtre de la Pacotille,
en résidence à la salle Jean-Claude-Germain
par Olivier Dumas
Après des productions remarquées comme Suprême Deluxe et Le moche, le Théâtre de pacotille surprend allègrement avec La genèse de la rage. Écrite et mise en scène par Sébastien Dodge, surtout reconnu comme comédien, cette nouvelle création à l’affiche de la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui s’inscrit avec une éclatante coïncidence dans l'actualité sociale et politique des dernières semaines.
Suite à l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire et la quasi-décimation d'un parti souverainiste aux dernières élections fédérales, ce spectacle burlesque devient étrangement une expérience jouissive et délirante très ancrée dans la réalité contemporaine. Mais laissons aux politologues et blogueurs patentés le soin de décortiquer le choix du vote sous toutes ses couvertures. Mais un résultat aussi inattendu apporte un éclairage inusité sur la pertinence de l’écriture, du propos et de l’univers décrypté par Sébastien Dodge.
Le rideau s’ouvre dans une atmosphère de cirque déglingué avec ses figures grotesques et pathétiques qui rappellent certains tableaux de Théodore Géricault et de Francisco de Goya. L’histoire se résume difficilement devant une telle enfilade de mots et de situations, mais en voici les grandes lignes. Une mère (interprétée avec aplomb par Mathieu Gosselin qui fait penser à une Germaine Lauzon poilue) accouche difficilement d’un grand garçon qui menace déjà de s’étrangler avec le cordon ombilical. Le bambin, Otho, le visage couvert de sang, cherche déjà un sens à sa vie entre cette génitrice castratrice et un père qui n’a pas (ou refuse) le droit à la parole. S’ensuivent des tournées avilissantes dans les foires municipales où s’agglutinent toutes les figures de ratés médiocres grossis à la loupe de l’exagération. Les regards inquiétants du maire, interprété par Guillaume Cyr, la virilité gonflée de testostérone des personnages masculins aux allures de mauvais cowboys et la caricature d’aguicheuses par les comédiennes ne présentent que quelques exemples qui permettent à l’excellente distribution de s’éclater dans un délire contagieux.
Il ne faut pas trop chercher à intellectualiser cette parade dans l’esprit d’Ubu roi d’Alfred Jarry même si le texte réussit par moment à susciter une réflexion sur les phénomènes qui engendrent la violence, la rage et l’exclusion. Derrière le rire, se révèlent les fragments d’une critique sociale sur un monde impitoyable envers la différence et la marginalité. Méprisé à l’école et dans son milieu, en plus d’être délaissé par ses parents, Otho voit tous ses espoirs s’anéantir durant les 90 minutes de la représentation. La mise en scène rend la brutalité de manière saisissante avec son amoncellement de fausse hémoglobine, de scènes simulées de bagarre, comme dans les séries télévisées à la Batman. À la toute fin, lorsqu’Otho passe tout le monde à tabac, il va même jusqu'à décarcasser l’une de ses victimes. Le grotesque de la conclusion aurait sûrement plu au pape du trash, le cinéaste John Waters (Pink Flamingos).
Par contre, une légère lassitude se pointe dans le dernier quart d’heure. Cette orgie de trivialité rabelaisienne s'essouffle légèrement, mais se reprend dans une finale percutante. Pour le groupe humoristique Les Zapartistes, rire est une jolie façon de montrer les dents. Dans La genèse de la rage, tout s'embrase devant un miroir gore si destructeur de notre époque, miroir défendu par une brochette d'acteurs incandescents. Une pièce à ne pas rater!