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Du 11 janvier au 5 février 2011, suppl. 30 janvier 15h, 8 février 19h et 9-10 février 20h
Tom à la ferme
Texte Michel Marc Bouchard
Mise en scène Claude Poissant
Avec Évelyne Brochu, Éric Bruneau, Alexandre Landry, Lise Roy

Tom, un jeune publicitaire, moderne et urbain, se rend en province aux funérailles de son amant décédé dans un accident de la route. C’est sur une ferme laitière et isolée qu’il rencontre pour la première fois la mère du défunt. Elle n’a aucune idée de qui il est ni de ce qu’il a vécu avec son fils. Tom découvre alors l’autre réalité fabriquée par celui qui n’est plus là : celle d’un homme amoureux d’une femme nommée Ellen. Pour ne pas décevoir sa mère, le frère du défunt contraint Tom, par la menace et les coups, à participer à la supercherie. Tom en quête d’exorcisme de son deuil devient étrangement fasciné par ce que lui fait subir Francis.

 
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les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
le dimanche 23 janvier à 15 h
Rencontre avec l’équipe de production
à l’issue de la représentation du mercredi 19 janvier
Les Curiosités de Michel Marc Bouchard
à l’issue de la représentation du mardi 25 janvier

Assistance à la mise en scène Catherine Desjardins-Jolin
Décor Romain Fabre
Costumes Linda Brunelle
Éclairages Erwann Bernard
Composition musicale Philippe Brault
Mouvement Caroline Laurin-Beaucage
Maquillages Angelo Barsetti
Crédit photo Neil Mota

Création Théâtre d’Aujourd’hui

Théâtre d'Aujourd'hui

3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

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 Critique
Critique
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par Sara Fauteux


Crédit photo : Valérie Remise

Tom à la ferme est une fable, un grand conte qui s’apparente aussi bien à la tragédie qu’aux faits divers. L’histoire a beau être plus grande que nature, elle est pourtant trop près de la réalité. Mais avant que la puissance de Tom à la ferme nous apparaisse, il faut laisser le temps à chaque élément du spectacle de se révéler à nous. En effet, le contraste entre le traitement réaliste de la scénographie et de la mise en scène et la langue de Michel Marc Bouchard est d’abord un peu rebutant. On a l’impression d’observer des personnages récitant un texte dans un décor. Puis, les corps trouvent leur place dans cette atmosphère particulière et les mots, leurs aises dans la bouche des personnages. On se sent alors totalement happé par la force de la représentation.

Suite à la mort de son amoureux, Tom se rend à la ferme de la famille de son amant. C’est un homme brisé qui se rend en ces lieux, qui sont magnifiquement représentés par le travail scénographique de Romain Fabre. D’où il vient, Tom a perdu son amour. Mais à la ferme, il n’est qu’un compagnon, un camarade, une mince consolation pour la famille qui n’attend que la supposée fiancée légitime du défunt. Se présente plutôt à eux cette veuve-garçon, catapulté dans l’histoire et le passé de l’homme qui a partagé sa vie. Même si les identités sont faussées, si les mensonges qui les séparent les uns des autres sont nombreux, chacun vit son deuil à travers l’image que lui renvoie l’autre.

La fable devient ici une histoire riche et profonde, puisque ni le texte ni la mise en scène n’évacuent la complexité terriblement humaine des personnages. La mise en scène de Claude Poissant, qui semble d’abord ancrée dans le réel, n’est jamais retenue et offre la latitude nécessaire aux mots pour transmettre la vérité des situations et des émotions, aussi violentes soient-elles. Un des aspects les plus réussis du travail de Poissant dans Tom à la ferme est certainement le parfait dosage entre la suggestion et le dévoilement des corps et du désir. Il installe habilement une ambiguïté sensuelle ludique et révélatrice qui est, par ailleurs, parfaitement rendue et assumée par les interprètes.  

Alexandre Landry et Éric Bruneau sont l’un comme l’autre efficace et touchant; l’un dans l’innocence, l’autre dans la violence, tous deux dans la douleur. À leur côté, Lise Roy est une mère aussi vulnérable que solide et lucide, dont les questions et la peine sont le reflet du drame des deux jeunes hommes. Si la complexité des situations et des êtres est la grande force de ce spectacle, Évelyne Brochu, dans le rôle de la conjointe fictive, incarne un personnage plus léger et drôle qui vient à la fois alléger et alimenter la tension qui règne dans cette campagne inquiétante. Il faut également mentionner l’effet très réussi des éclairages d’Erwann Bernard et de l’ambiance sonore de Philippe Brault.

Tom à la ferme est le résultat d’un travail précis et senti de la part de Bouchard et de Poissant. Une collaboration qui tardait à se concrétiser sur scène et qui, espérons-le, se répétera plus souvent à l’avenir. Car, dans une grande compréhension de leur rôle d’artiste et des enjeux soulevés par la pièce, ils ne renoncent pas à dénoncer et à contester le silence et le mensonge. Mais, plutôt que de faire la morale et de passer le message avant l’art, ils agissent en créant une œuvre vraie et complexe qui, en bouleversant profondément leurs spectateurs, est encore la meilleure façon de changer les choses.     

16-01-2011

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