Une ville canadienne pittoresque. Un samedi matin paisible. Une banlieusarde monte dans un bus. Elle remarque un étranger. À la peau sombre. Une substance chimique atteint son visage. Une sensation de brûlure. La femme s’écroule. L’étranger s’enfuit. Avec peu de témoins de l’incident, comment savoir ce qui s’est vraiment passé ? Était-ce une attaque terroriste ? De l’hystérie ? De la paranoïa raciale ? Toxique est l’histoire de cette femme et des effets de cet incident sur sa vie et sur sa famille. S’inspirant d’événements réels, la pièce explore ce qui se passe lorsque la peur, la paranoïa et la terreur envahissent une famille libérale de classe moyenne, apparemment normale.
les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
le dimanche 13 mars à 15 h
Rencontre avec l’équipe de production
à l’issue de la représentation du mercredi 9 mars
Les Curiosités de Greg MacArthur
à l’issue de la représentation du mardi 15 mars
Assistance à la mise en scène Stéphanie Capistran-Lalonde
Scénographie Jean Bard
Costumes Catherine Gauthier
Éclairages Erwann Bernard
Musique Philippe Brault
Réalisation vidéo Marie-Christine Dufort, Matthieu Larrivée
Maquillages et coiffures Florence Cornet
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Une création Théâtre d’Aujourd’hui
par Sara Fauteux
Toxique – ou L’incident dans l’autobus soulève des questions dont on entend plus souvent parler autour d’une table ronde lors d’un débat d’idées qu’au théâtre. La démarche artistique de l’auteur nous permet ici d’aborder un sujet différemment et d’élargir la réflexion. C’est à cause de cette grande qualité de l’oeuvre, et non parce qu’il s’agit d’un texte anglais à l’affiche dans un théâtre dont la vocation est de créer des textes québécois et canadiens francophones, que l’on salue l’initiative du Théâtre d’Aujourd’hui. Il s’agit bien sûr d’un mandat essentiel pour notre théâtre. N’empêche qu’il est plutôt réjouissant de constater que cet éternel débat s’estompe un peu pour laisser place à de nouvelles voix tout aussi essentielles.
Cette voix donc, celle de Greg MacArthur, met de l’avant une écriture dense et évocatrice, dans une traduction de Maryse Warda. Son texte traite de la peur. De notre peur, grandissante, générée par des menaces qui sont de plus en plus nombreuses et diversifiées : maladies, attaques terroristes, tueurs fous, virus... Mais cette peur vient-elle vraiment tout juste d’apparaître dans nos vies? La réflexion de MacArthur s’appuie sur une pensée saine et éclairée. Il considère qu’«un salon peut s’avérer aussi terrifiant qu’un labyrinthe. Une table familiale aussi dangereuse qu’un terrain miné. Une conversation aussi meurtrière que l’anthrax ». De quoi remettre les choses en perspective.
Hélène (Élise Guilbault) est victime d’une mystérieuse attaque terroriste dans l’autobus. Complètement déstabilisée par l’incident, elle s’enfonce dans la paranoïa et peu à peu, renonce à la vie en cédant à cette peur excessive qui l’asphyxie littéralement. Le texte de MacArthur est habilement construit afin de ne pas simplifier son propos. Le personnage d’Hélène est rapidement relégué en second plan pour donner la parole à un fils hypnotisé par la consommation et la télévision, à un mari, dont l’existence est absorbée par cette peur qui n’est pas la sienne, et à une fille, dont le personnage souligne intelligemment le piège de l’action humanitaire et la complexité de cette notion dans notre monde.
Sans donner de réponse toute faite, la pièce explore les différentes facettes de cette menace qui pèse de plus en plus et de toute part. Il est question du rapport à l’autre, l’étranger, celui venu de loin, mais aussi celui avec qui l’on partage notre toit, du rapport à la vie d’une certaine classe sociale et de toutes les choses que l’on sacrifie au nom d’une société qui nous ressemble peut-être de moins en moins. Malheureusement, malgré l’intérêt de la réflexion et les qualités d’écriture de Toxique, le spectacle tombe un peu à plat après un certain moment. L’action se poursuit sur scène, mais rien de nouveau n’est proposé et la pièce perd un peu de son intérêt.
Sur scène, de grands cadres divisent l’espace pour créer les différentes pièces de la maison familiale et des autres lieux évoqués. À l’avant-scène, une toile carrée faisant office de plafond est tirée. Un ciel inquiétant, un plafond de maison banlieusarde (franchement de mauvais goût), des néons et des projections plus abstraites qui accompagnent le récit y sont projetés. À l’image du décor, la mise en scène de Geoffrey Gaquère prend le parti de tout montrer, de tout représenter, d’accompagner le spectateur pour ne pas qu’il ne s’égare. Bien qu’elle soit efficace à certains égards, on regrette un peu l’approche de Gaquère qui aurait pu suggérer beaucoup plus en montrant moins.