Devant le silence obstiné de leur mère, trois sœurs, jeunes professionnelles dans la trentaine, princesses dans leur façon d'être supérieures, aliénées par leur droit au bonheur et compétitives jusqu'à l'os, vont sombrer dans des fantasmes juvéniles de fuite, de batailles et de règlements de compte. Heureuses de renouer avec leur nature animale, elles se pourchassent tour à tour dans le centre-ville de Montréal, parmi les prostituées, les stationnements et la police.
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Assistance à la mise en scène Manon Bouchard
Décor Romain Fabre
Costumes Mylène Chabrol
Éclairages et direction technique Guillaume Simard
Conception sonore Olivier Gaudet Savard
Direction de production Marie-Aube St-Amant Duplessis
les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
Rencontre avec l'équipe de production
à l'issue de la représentation du 27 septembre
Cartes Prem1ères
Date Premières : 20 au 27 septembre 2011
Régulier : 26$
Carte premières : 13$
Une création de la compagnie Catfight
par David Lefebvre
Trois soeurs, confrontées au lourd silence de leur mère qui fêtera d’un jour à l’autre ses 60 ans, sombrent tour à tour dans un tourbillon autodestructeur ou purement fantasmatique. BM, sortie de son Saint-Eustache sécurisant, s’amourache d’un responsable de stationnement saoul, d’origine slave, qu’elle méprend pour un prince arabe. Rêvant d’une nouvelle vie, abandonnant mari et enfants, elle part avec lui au cœur du centre-ville. Nina et Sophie, parties à sa recherche, se « challengent » sans cesse, comme deux adolescentes, jusqu’à l’éclatement.
L’auteure Catherine Léger, qui écrit pour le cinéma, la télé (Toc toc toc) et le théâtre - dont Opium_37 en collaboration avec Éric Jean - propose une histoire tout aussi juvénile et immature que ses personnages. Si les intentions de départ sont honorables et plutôt intéressantes, en voulant aborder de front un certain pan du féminisme moderne en l’image de la « bonne fille », de la famille, du contrôle et de la consommation de masse, le fond manque cruellement de consistance. L’écriture, souvent arrogante, provoque plusieurs esclaffements de la salle ; mais même si certaines tirades interpellent quelques spectateurs, dont l’une plutôt bien rendue sur le choix de « baiser ou de s’instruire », elles paraissent pourtant vides, lancées souvent pour faire réagir sans réellement défendre un message idéologique tangible et senti. Comme si tout n’était que provocation. Sous le plaisir d’écrire sur ces constats, on sent une certaine facilité, dont sur le plan sexuel. Les confrontations entre Sophie et Nina, qui, au départ, peuvent surprendre, amuser ou choquer par leur côté très crues, à savoir qui « suce le mieux » - le penchant féminin, probablement, de qui « pisse le plus loin », deviennent rapidement redondant.
Diane Pavlovic, qui signe sa première mise en scène, tente tant bien que mal d’instaurer adéquatement sur scène la névrose des personnages de Léger. Stéréotypées, elles ont toutes trois une personnalité «à cran» qui accroche d’une manière ou d’une autre le spectateur. Certains éléments sont même élégants et très féminins, dont l’idée de toujours montrer les jambes des comédiennes, même si elles se situent derrière le décor, en attente, ou sous une burqa. La pièce réussit tout de même à se parer d’une atmosphère, d’une couleur et d’une ambiance particulière, tout en dégageant un certain parfum à la Michel Tremblay, lors d’apartés, dans certaines tournures de phrases ou lors de la bataille finale, qui rappelle celle des Belles Sœurs.
Malheureusement, la direction manque de poigne pour bien présenter ces trois personnages terriblement troublés. Certaines scènes tournent parfois en rond inutilement, les répétitions sont nombreuses et quelques invraisemblances minent le récit. Par exemple, on s’explique mal, sinon par une maladroite fable mi-métaphorique, mi-réelle d’un besoin d’évasion, le soudain revirement d’une BM pleine de préjugés, de peur et de réticences face aux immigrants alors qu’au premier venu, elle en devient folle, comme si toutes ces appréhensions avaient soudainement disparu. Ou encore cette scène, ni libératrice, ni réellement significative, où Nina, pourtant la plus sèche et insensible des trois, pète littéralement un plomb en dansant-mimant une bataille contre des policiers, matraques en main, sur une musique punk.
Malgré tout, Princesses réunit quatre talentueux comédiens. Ève Gadouas rend sa Nina, aux premiers abords droite et solide, instable, au bord de la crise, qui ne perçoit qu’un désir d’en finir chez les gestes de sa mère. Marie-Ève Huot joue la salope pharmacienne, un certain mélange des genres plutôt intéressant, avec adresse et crédibilité. Fanny Rainville incarne une BM ensorcelée, charnelle, changeante, avec aplomb, tout en poussant la note de façon très mélodieuse. Vitali Makarov, qui ne parlera qu’en russe lors de la représentation, ajoute une note de romantisme masculine à cette violente histoire toute féminine de chattes qui se battent griffes sorties.
Princesses peine à convaincre, malgré une solide distribution, mais plaira à certains grâce à son humour et son caractère d’une féminine férocité.