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Du 7 au 25 mai 2013, les mardis 19h, mercredi au samedi 20h
E(e)
Texte, mise en scène et interprétation Dany Boudreault
Avec Robin Joël-Cool, Marie-Pier Labrecque

« … Je suis une femme terminée et ce garçon qui commence. »
Voici l’odyssé(e) poétique d’une fille dont les seins diminuent de plus en plus et qui recherche pour le reste de sa vie le même étranger roux. Le récit d’une métamorphose intime provoquée par une fourchette plantée entre les seins, de l’insidieuse dictature du regard de l’autre, de la tyrannie sexuelle. Un cha-cha-cha métaphysique entre le corps rêvé et le corps donné. Une fatale introspection dans les champs de blé d’Inde.

Voici le pan d’une vie menée par escales, depuis une allée de quilles jusqu’à un CHSLD. Là où les mères regardent toutes en boucle Les machos à la télévision. Là où toutes les Marie-Chose de ce monde conduisent des voitures rouges. Voici une procession syncopée qui rappelle cette musique ancestrale qui nous dicte les bons temps. Si nos gestes ne sont qu’emprunts, mourons-nous aussi par imitation ? Et au final, est-ce que tous ces gestes ne parviendraient pas, malgré nous, à conditionner notre aspect physique, voire même à le renverser ? En gros, une épopé(e) grinçante et mystique sur les airs de Nana Mouskouri.

- Dany Boudreault


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Assistance à la mise en scène et direction de production Catherine La Frenière
Conseil à la dramaturgie et à la mise en scène Alice Ronfard
Conception visuelle Patrice Charbonneau-Brunelle
Éclairages Erwann Bernard
Conception sonore Philippe Brault
Conseil au mouvement Caroline Laurin-Beaucage

Rencontre avec l’équipe à l’issue de la représentation du 14 mai

Carte Prem1ères
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 7 au 15 mai
Régulier : 26$
Carte premières : 13$

Une création de La Messe Basse, en résidence à la salle Jean-Claude-Germain


Théâtre d'Aujourd'hui, salle Jean-Claude Germain
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Jérémie Battaglia

« Réussir (s)on échec ». Cette phrase tirée de (e), la plus récente pièce de l'auteur, metteur en scène et acteur Dany Boudreault, exprime bien l'ampleur du sujet traité, les troubles de genre, et le rapport très intime qu'a le créateur avec son sujet. (e), malgré quelques maladresses,est un résultat touchant, d'une beauté troublante et d'une pertinence sociale sans contredit.

Dans une réflexion très personnelle, mais à la fois collective, Dany Boudreault met sur table tout ce que peu de personnes osent penser et dire sur les problèmes de genre. Sans jamais catégoriser le genre ou l'orientation du protagoniste (féminin et masculin à la fois), il ne fait que raconter les faits sous divers points de vue. Et si notre corps n'avait au fond que très peu de valeur et ne définit aucunement qui nous sommes? Le spectacle démarre en ne nous offrant aucune piste, aucun point de repère, si bien que le réel plaisir d'y être n'apparaît qu'en deuxième partie, moment où les éléments se clarifient, s'emboîte et que tout prend presque miraculeusement forme jusqu'à la fin du spectacle.  

Sur une scène bifrontale aux allures d'allée de bowling, les trois comédiens se préparent pour revivre la tyrannie du regard des autres à travers leur histoire commune, puisqu'ils ne font qu'un. Telle une blessure qui s'ouvre à nouveau à chaque représentation, on ne peut qu'être chamboulé par le parcours qu'une telle quête identitaire exige. Dans une mise en scène étourdissante, à l'image de cette quête, les trois comédiens nous présentent chacun un tableau, une étape cruciale dans la recherche de soi. Les rideaux blancs découpent la scène et privent volontairement le public d'une partie de l'interprétation. Ainsi, par moment, nous aurons droit à l'interprétation de Marie-Pier Labrecque du texte que déclame Robin Joël-Cool, jouant à nouveau sur la perception.

Auteur d'un texte très bien ficelé et juste assez ludique, Dany Boudreault a l'intelligence de ne jamais spécifier le genre du personnage ou quel trouble identitaire sexuel exact l'habite, gardant ainsi le public dans un flou volontaire. Cette ignorance permet de percevoir autrement cette réalité souvent peu connue, de se défaire de tout jugement et d'en être encore plus touché. Toutes les notions de genre reviennent à la case départ : qu'est-ce qu'être viril? Qu'attend-on de la femme? De l'homme? Pourquoi faut-il absolument faire partie d'une catégorie ou l'autre? Pourquoi doit-il en être de même pour l'orientation sexuelle?

L'amour est certainement le grand gagnant de cette épopée personnelle. N'étant jamais complètement homme ou femme, les passions demeurent les mêmes. Sans cesse à la recherche de cet amant de jeunesse marquant et malsain, à travers la violente passion de la vie conjugale ou de l'amour sans concession d'une mère pour un enfant qu'elle ne reconnaît plus, l'épopée nous prouve comment nous avons encore du chemin à faire dans l'acceptation de ce flou dans les genres des autres, pour ne plus blesser ceux et celles qui le vivent quotidiennement.

13-05-2013