Koalas relate l’histoire d’un pentagone amoureux, où tout pourrait se jouer. Une pièce écrite au conditionnel, dans laquelle personne ne semble capable de prendre une décision. Cette indétermination peut être calquée sur celle de notre époque, de notre région, sur le cynisme ambiant qui nous empêche d’avancer, qui nous ramollit, nous cimente dans l’empêchement.
Section vidéo
Scénographie Odile Gamache
Éclairages et direction de production Émilie Martel
Éclairages et direction technique Julie Basse
Musique Nans Bortuzzo
du mardi au vendredi à 19 h
les samedis à 20 h
Rencontre avec l’équipe
à l’issue de la représentation du 14 octobre
une création de Création Dans la Chambre, en résidence à la salle Jean-Claude-Germain
par Pascale St-Onge
Rompre avec le théâtre pour mieux le retrouver.
Il semble s’être écoulé des années entre le spectacle intime Message personnel et Koalas. Beaucoup de chemin a été parcouru dans la démarche de Félix-Antoine Boutin. À l’époque, une époque pas si lointaine que ça, il aurait semblé que le jeune auteur et metteur en scène cherchait encore le meilleur moyen de s’exprimer, bien qu’il avait visiblement tous les outils nécessaires : une langue intéressante, des alliés sur le plateau et un univers personnel un peu décalé à nous présenter. Avec Koalas, le créateur semble se déployer complètement, prendre ses aises dans un milieu théâtral auquel il ne s’apparente aucunement. Impossible de dire le contraire, il est inclassable, il ose, tant et si bien qu’il est difficile de mettre sur papier, d’exprimer ce qu’il a fait en si peu de mots.
Sur scène, cinq personnages prennent place, incapables d’établir des relations fonctionnelles et harmonieuses. Marie aime Paul, qui aime Tom. Julie, la sœur de Marie, aime le fils de Paul. Tout se crée et se défait devant nous, sous la forme de variations d’une même situation (la fête de Paul, un accident, etc.). Le discours de chaque personnage est tenu sous le mode conditionnel, et ils parlent d’eux-mêmes à la troisième personne, tel « Paul pourrait… », créant un effet de distanciation instantané, rendant la théâtralité un peu plus inaccessible, nous faisant douter sur la possible existence de la situation qui nous est présentée. Pourtant, le spectacle vit, fait son chemin dans notre esprit. De cette forme esthétique particulière se dégagent beaucoup d’idées nouvelles sur les formes possibles de notre théâtre.
Koalas aborde avec finesse une forme cruelle de l’intimité, thématique et esthétique qu’il avait effleurée dans Message personnel. Dans une scénographie attrayante qui oppose onirisme et quotidien réaliste, soit une toile de fond représentant une forêt de bouleaux entrecoupée de grands tissus orange, les acteurs sont dirigés avec précision. Malgré leur condition éternellement conditionnelle causée par la nature du texte, les personnages parviennent à se dessiner devant nous, mettant en évidence leur confusion et incertitude face au monde et à leur propre vie.
Le nouveau spectacle de Félix-Antoine Boutin vient le confirmer comme nouvel artiste créateur qui tentera sans arrêt de bouleverser les conventions du spectacle et qui, on peut l’espérer, demeurera inclassable, et ce, encore longtemps.