Queue DE cerise?
Non, Queue Cerise. Ce n’est pas une coquille.
C’est bel et bien Queue Cerise et non Queue de cerise.
Queue. Cerise. Deux mots que l’inconscient peut choisir d’associer à sa guise…
Queue Cerise raconte l’étrange histoire de Michelle, une jeune femme qui commence un nouvel emploi auquel elle ne comprend rien du tout. D’ailleurs, personne parmi ses nouveaux collègues ne semble disposé à intervenir pour lui venir en aide. Michelle développe une relation secrète avec le sous-sol du bureau, un espace envoûtant duquel on lui avait pourtant dit de se méfier et qui déclenche une métamorphose de son corps mais aussi du monde qui l’entoure.
Queue Cerise ouvre la porte des sensations refoulées où les spectres sexuels de notre subconscient circulent entre les cuisses et entre les mots. C’est une mosaïque insolite en perpétuel aller-retour entre le conscient et l’inconscient, le rêve et le réel, le banal et le surnaturel.
Éclairages et régie Vincent de Repentigny
Environnement sonore Olivier Morin
les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
Rencontre avec l’équipe à l’issue de la représentation du 2 février
Création d'Amélie Dallaire et Olivier Morin
Queue cerise, deux mots évocateurs, très imagés et pourtant, sans sens précis. Deux mots qui laissent sous-entendre un mot manquant, comme une expression fragmentée ou relevant d’un monde un peu décalé. À l’instar de son titre, le spectacle vient capter l’imaginaire et le subconscient de manière à la fois ludique et diffuse.
Le début est d’une simplicité désarmante : Michelle a un nouvel emploi. Elle ne comprend pas très bien en quoi consiste sa tâche et personne ne semble disposé à l’aider. Elle discute avec ses nouveaux collègues un peu étranges qui la mettent en garde contre le sous-sol. Les choses se corsent lorsque, perdue dans les corridors labyrinthiques de son lieu de travail, elle aboutit au sous-sol en cherchant la sortie. Elle développe alors une sorte de relation particulière avec ce sous-sol qui finira par la métamorphoser tant physiquement que psychologiquement.
Les personnages sont admirablement construits et interprétés. Il y a d’abord Louise (Karine Gonthier-Hyndman), la passive-agressive passionnée de brocheuses, Marie-Gilles (Amélie Dallaire), la bio-narratrice qui semble tout droit sortie d’une autre planète, Curtis (Julien Storini), un homme qui n’a visiblement aucun filtre social, Carl (Olivier Morin) sorte de psychologue angoissé au profil bas et, bien sûr, Michelle (Ève Duranceau) protagoniste perdue et résiliente. Ils sont plus grands que nature, comme tout droit sortis d’un rêve ou, plutôt, d’un cauchemar.
Queue cerise est « quelque part entre l’absurde de Les voisins et l’étrangeté de David Lynch. »*, tout en « flirtant » avec l’expressionnisme de Munch et l’étrange objectivité de Kafka. C’est un univers dans lequel on plonge à la fois avec excitation et méfiance sans trop savoir si on se trouve devant un songe, une paranoïa ou un univers parallèle. Le rire et l’angoisse se mêlent de manière étrangement familière. On sort de ce spectacle comme on sort d’un rêve ; décalés par rapport à la réalité avec cette impression que notre subconscient vient de nous entretenir d’une manière dont seul Freud détiendrait la clef.
* provenant du programme de la soirée