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Du 12 avril au 7 mai 2016
Unité modèle
Texte Guillaume Corbeil
Mise en scène Sylvain Bélanger
Avec Anne-Élisabeth Bossé, Patrice Robitaille

Le condo de vos rêves, dans le quartier de vos rêves. Un esprit sain dans un corps sain. La vie, telle que l’on se l’imagine dans nos fabulations les plus ordinaires. Un homme et une femme, deux représentants immobiliers, la vendent avec aisance et simplicité. Ils alternent descriptions de moments parfaits et saynètes où ils s’approprient le rôle du couple qui habiterait les lieux. Cette chorégraphie millimétrée, répétée des milliers de fois, est un jour perturbée par certaines anomalies dans la mise en place du décor.

À travers ce jeu de miroir sur la gentrification et l’embourgeoisement, Guillaume Corbeil pose un regard juste et troublant sur le surendettement de la classe moyenne.


Scénographie Max-Otto Fauteux
Costumes Elen Ewing
Éclairages Alexandre Pilon-Guay
Conception sonore Larsen Lupin
Autres : Alexandra Sutto, Clélia Brissaud, David Leclerc, Sylvie Rolland-Provost
Photo Ulysse Del Drago

les mardis à 19 h
du mercredi au samedi à 20 h
le dimanche 24 avril à 15 h

Rencontre avec l’équipe à l’issue de la représentation du 20 avril

Le texte paraîtra chez Atelier le 7 avril 2016, dans la collection Pièces.

Création du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui


Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900 - billetterie.theatredaujourdhui.qc.ca

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Critique

Dans un monde mené par l’image, ce que tu possèdes devient ce que tu es. Et donc, ce que tu possèdes a l’obligation d’être parfait, branché, unique et, paradoxalement, conforme au moule de la société. Peu importe le prix à payer, peu importe même si tu peux te le payer, la publicité fera miroiter un rêve et tu n’auras d’autre choix que de posséder. Voici la réalité qui est présentée dans Unité Modèle de Guillaume Corbeil.


Crédit photo : Valérie Remise

La pièce commence tel un laïus de vente pour le prestigieux complexe Diorama par les deux protagonistes qui s’adressent directement au public. Ils reproduisent des scènes idylliques qui pourraient vous arriver si vous achetiez un condo Diorama, que ce soit par des scènes de rencontre entre deux célibataires branchés vivant dans les petits condos dernier cri, de la progression d’un amour parfait qui déciderait de s’établir dans un plus grand condo ou de la naissance tant attendue d’un premier enfant qui mènerait le couple vers une unité familiale. Derrière cet écran qui projette le bonheur avec un grand « B » et une perfection absolue, mais artificielle, la réalité laisse toutefois un goût amer qui menace tout de s’effondrer.

L’ambiance de la salle au complet vise à recréer cet environnement jeune, moderne et branchée, que ce soit par la scénographie épurée de Max-Otto Fauteux, qui représente une unité modèle du complexe, par la musique lounge de Larsen Lupin, qui accueille les spectateurs dès l’entrée dans la salle, par les projections vidéo, de David Leclerc, qui transforment instantanément le lieu et l’atmosphère, et par le chic verre de bulles, offert par les Domaines Paul Mas, aux chanceux spectateurs des premières rangées.

Le jeu d’Anne-Élisabeth Bossé et de Patrice Robitaille est juste et précis dans tous les différents niveaux de la double mise en abyme que propose cette pièce. Le rôle d’animateurs qui prend le public pour de futurs acheteurs potentiels alterne avec celui  du vendeur qui interprète le couple parfait, dans lequel s’immisce tranquillement l’histoire personnelle de ces deux êtres humains.  

Unité modèle est la célébration ultime du bobo, c’est la contradiction entre l’obsession de l’image tout en prônant la simplicité, c’est le paradoxe de l’embourgeoisement très en vogue dans un Montréal de 2016. C’est un merveilleux texte qui fait rire autant que grincer des dents.

16-04-2016