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Du 28 février au 18 mars 2017, supplémentaires mardi 21 mars à 19h et le mercredi et jeudi 22-23 mars à 20h
Irène sur Mars
Texte Jean-Philippe Lehoux
Mise en scène Michel-Maxime Legault
Avec Catherine Audet, Gary Boudreault, Michel-Maxime Legault, Pauline Martin

Dans cette pièce à l’irrévérence taquine, l’auteur Jean-Philippe Lehoux et le metteur en scène Michel-Maxime Legault s’unissent pour nous offrir une histoire de transmission difficile et d’incompréhension : le testament d’une femme à l’aube de la vieillesse qui n’a plus rien à perdre.

Alors que son fils veut la placer dans une résidence pour personnes âgées, une femme annonce qu’elle s’est inscrite à un projet populaire de colonisation martienne. Et la voilà finaliste pour aller sur Mars! À l’approche d’un éventuel départ, elle organise une soirée d’adieu à la fois étourdissante et nostalgique au cours de laquelle elle en profite pour régler ses comptes avec ses propres démons et le monde qu’elle quittera.


Assistance à la mise en scène Mariflore Véronneau
Décor et costumes Elen Ewing
Musique originale Guillaume Arsenault
Crédit photo Ulysse Del Drago

Durée 1h30

Une production du Théâtre de la Marée Haute et des Productions À tour de rôle


Salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900 - billetterie.theatredaujourdhui.qc.ca

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Dates antérieures (entre autres)

Du 12 juillet au 12 août 2016 - Carleton-sur-mer

 
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Critique

Crédit photo : Marianne Desrosiers

Irène sur Mars ou la douce extravagance d’une extraordinaire sexagénaire qui, sous le choc de recevoir un dépliant pour un centre de personnes âgées, décide de s’inscrire à un concours populaire pour participer à la colonisation de Mars. Après avoir passé tests et épreuves, elle se retrouve parmi les finalistes contre un autre Canadien ; un médecin, triathlonien aux abdominaux d’enfer. Confiante, cette ancienne infirmière devenue mère au foyer et ses abdominaux abîmés d’avoir protégés la vie organisent une soirée, la veille de l’annonce des finalistes, où elle liquidera tous ses biens et fera le point sur sa vie, avant même d’avoir une confirmation sur sa participation ou non à ladite mission.

Il est difficile de ne pas tomber sous le charme de cette femme, interprétée par l’incroyable Pauline Martin, dont la folie, la sagesse, l’audace et la franchise la rendent absolument attachante et profondément humaine. Il est rafraîchissant de voir cette femme pleinement assumée de 66 ans entretenir des amitiés intergénérationnelles, envoyer chier qui bon lui semble, s’ouvrir sur ses angoisses de femme qui ne rajeunit pas, aimer ses proches avec toute la tendresse du monde et foncer vers de nouvelles expériences. Les autres personnages sont également remarquablement construits, que l’on pense à Gaston (Gary Boudreault) le sympathique et maladroit voisin, Natasha (Catherine Audet) la nouvelle maman monoparentale au bout du rouleau ou Simon (Michel-Maxime Legault) le fils ingrat, mais aimant.

Jean-Philippe Lehoux (Napoléon voyage, L’écolière de Tokyo) nous offre à nouveau un texte haut en couleur, où l’humour côtoie la réflexion philosophique, où la simplicité et l’imaginaire créent une bulle unique et où l’histoire qui nous est racontée est profondément humaine et touchante. La co-mise enscène de Jean-Philippe Lehoux et Michel-Maxime Legault joue sur le ludisme et la sobriété, avec pour effet de nous faire adhérer immédiatement à la proposition en plus de plonger dans l’univers saugrenu de cette femme incroyable.

Pauline Martin a dit en entrevue à La Presse+ : «Pour moi, Irène sur Mars, c'est un vrai cadeau dans ma carrière». Cette pièce est comme un cadeau de par la bouffée d’air frais et par la source de réconfort que cette Irène insuffle en nous. Parions qu’après le spectacle,  vous souhaiterez tous avoir une Irène dans votre vie!

03-03-2017


critique publiée sur l'Espace MonTheatre

Veuve, femme au foyer et mère de Simon, un astrophysicien d’une trentaine d’années vivant en Suisse, Irène reçoit par la poste un dépliant d’une résidence pour personnes autonomes, où elle aurait une place réservée grâce à son fils. La nouvelle la met en furie : insultée au plus haut point, elle prend l’avion pour dire en pleine face à sa progéniture chérie ses quatre vérités. Elle lui annonce du coup qu’elle participe au concours danois qui permettra à certaines personnes choisies de coloniser la planète Mars.

Trois ans plus tard, assise dans sa chaise d’arbitre du terrain de tennis familial laissé à l’abandon, Irène attend que la nuit passe ; la nouvelle à savoir si elle est acceptée ou non tombera au matin. Alors que ses soeurs rapaces se disputent les meubles de la maison, elle est visitée par Gaston, son voisin terre-à-terre et amoureux, et sa meilleure amie Natasha, fille de Gaston, aux hormones dans le tapis, car nouvelle mère d’un enfant sans nom. Que dit-on lorsqu’on s’apprête à quitter les siens pour toujours ? Comment réagir quand d’un côté, on se sent inutile, rejetée, et de l’autre, indispensable ? Irène se fout du lendemain ; elle règle allègrement ou douloureusement – mais avec une libération insoupçonnée – ses comptes, que ce soit avec son mari décédé dont elle rêve encore de l’entendre dire à quel point elle est belle, avec ce fils qu’elle croit cruel, un ancien ami qui l’avait insulté ou même Revenu Québec.

Après Comment je suis devenue touriste et Napoléon voyage, Lehoux continue d’explorer sa fascination pour le voyage avec cette pièce joyeusement irrévérencieuse et un brin philosophique. La pièce aborde des questions à priori sérieuses sur la transmission et la vieillesse, le désir, l’amour, la mort et la vie, auxquelles elle répond souvent de manière hilarante. Inspiré par sa mère et la comédienne Pauline Martin, avec qui il aurait eu de longues discussions avant l’écriture de la pièce, Irène sur Mars (qui a d’ailleurs failli s’intituler Pauline sur Mars) est un vibrant hommage à ces femmes fières et sous-estimées, qui rêvent de grandeur dans un quotidien de «petits bonheurs».

Portée par une mise en scène parfois surprenante – la première scène nous propulse dans une ambiance de planétarium – où se côtoient symbolisme, absurde, fantasmes et réalité, la pièce propose une petite galerie de personnages truculents. Alors que Michel-Maxime Legault et Catherine Audet se débrouillent fort bien en Simon et Natasha, le public s’attache rapidement au timide Gaston (excellent Gary Boudreault), qui peine à comprendre les raisons du départ d’Irène. Avec tout le talent qu’on lui connait, Pauline Martin charme dès les premiers moments ; par sa folie et sa sagesse, son Irène que l’on sent bien personnelle réussit à émouvoir et divertir tout à la fois.

Véritable petite épopée de l’intime, la pièce, à la finale délibérément ambiguë, mais optimiste, démontre une certaine profondeur sous ses airs de comédie d’été.

27-07-2016