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Jean dit
Du 20 février au 17 mars 2018

Jean dit la vérité, uniquement la vérité. Ou du moins, Jean dit sa vérité, uniquement sa vérité. Aussi partiale et subjective soit-elle, c’est elle qui lui donne tout son pouvoir et qui hypnotise / aveugle / assujettit ses fidèles. Car Jean plait, il séduit, il construit habilement et progressivement un cercle de soutien qui l’érigera en homme invincible.

Olivier Choinière convoque à nouveau sa plume acérée et son regard mordant sur le monde pour dépeindre une société désespérée qui, n’ayant plus foi en elle-même et en ses institutions, se tourne vers un homme providentiel, tout absurde et despotique soit-il. Avec une vingtaine de comédiens et un band sur scène, Jean dit promet de réveiller les foules et de créer un électrochoc.


Texte et mise en scène Olivier Choinière
Interprétation Sébastien Dodge , Johanne Haberlin, Léo Argüello, Lévi Doré, Sylvie De Morais-Nogueira en remplacement d'Isabel Dos Santos, Émilie Gilbert, Noémie Leduc-Vaudry, Didier Lucien, Sébastien Rajotte, Julie Tamiko Manning, Lesly Velazquez

Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène et régie Stéphanie Capistran-Lalonde
Décors et costumes Elen Ewing
Éclairages Alexandre Pilon-Guay
Musique originale Nicolas Basque
Photo Christian Blais, Design Gauthier

Mardi 19h
Mercredi au vendredi 20h
Samedi 16h

Rencontre avec l'équipe 28 février

Une création du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui et de L'ACTIVITÉ


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Critique disponible
            
Critique



Crédit photos : Valérie Remise

En cette ère où la vérité ne paraît pas toujours bonne à dire, voilà que Jean dit, la nouvelle création d’Olivier Choinière, propose de faire éclater celle-ci aux yeux de tous. Auteur et metteur en scène du spectacle, ce dernier provoque la surprise en faisant cohabiter théâtre et death metal sur la scène principale du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Agencé à de nombreuses projections vidéo et quelques effets de lumière, ce mariage plutôt inusité tend à illustrer la véritable nature de l’humanité cachée derrière le masque de la rationalité. Pendant près de deux heures, chacun des comédiens se fait, donc, le représentant d’un certain type de personne afin de dresser un portrait assez réaliste de la société actuelle. Ainsi, le public assiste à la formation d’un groupe d’adeptes initiée par Luc (Éric Forget), un homme des plus directs. Tous les personnages finissent par se prétendre fervents défenseurs d’un monde sans mensonges au nom d’un « Jean » jamais présent. Voici ce qui peut sembler reprendre, à première vue, les idées futuristes d’Orwell dans son roman 1984.

Néanmoins, la présence physique d’un groupe de death metal au premier plan demeure un choix audacieux qui joue en faveur de l’originalité du concept. Même si l’appréciation de cet élément dans le spectacle paraît rester une question de goût personnel, il faut reconnaître que Choinière semble avoir réussi à choisir le bon style de musique pour représenter le côté bestial de l’homme. Avec ce qui ressemble à un manteau de fourrure sans manches, le chanteur, Sébastien Croteau, devient une vraie « bête » de scène sous les projecteurs. Pour les spectateurs moins friands de ce type musical, il n’y a pas de quoi s’alarmer : la pièce est relativement bien dosée entre la parole, la musique et les petites chorégraphies qui l’accompagnent. Les courtes performances sonores ne servent que d’intermédiaire entre les scènes. D’ailleurs, pour aider les non-habitués au death metal, le texte chanté est projeté sur un écran central, accompagné de deux autres plus modestes qui sont également utilisés pour représenter les différents lieux d’action au moyen d’images fixes. Mais leur utilisation devient surtout intéressante lorsque ceux-ci permettent l’implication de l’auditoire. Témoin de la confession du passé malhonnête des protagonistes, celui-ci est rapidement abordé par un Didier Lucien qui apparaît tout pimpant dans la scénographie imaginée par Elen Ewing. Une ambiance de gala s’en dégage comme si Choinière avait voulu dérouler le tapis rouge et exposer l’animalité de l’humain qui se cache derrière son magnifique visage. Quoi de mieux pour montrer comment le simple prestige d’un événement peut en pousser plusieurs à renier leur apparence quotidienne pour bien paraître !

Pouvant arriver de part et d’autre de la salle, les acteurs jouissent d’un continuel effet de surprise qui saisit et amuse à la fois. Grâce à la diversité des personnages construits, la salle peut apprécier l’ensemble du spectacle bien que le même discours se répète à chaque scène, et peut devenir quelque peu lassant à la longue pour certains. Malgré tout, l’équipe est à féliciter pour le souffle humoristique qu’ils ont donné à un texte réfléchi sur la vérité sans en sacrifier le sens et l’impact. Ce n’est pas parce que le principe du jeu de « Jean dit » semble insignifiant que, dans cette pièce, il l’est forcément…

En vérité, de la plume d’un auteur sensé, est née une idée qu’un metteur en scène a su transformer en une rencontre pleine d’authenticité entre l’humain et sa bestialité. Jusqu’au 17 mars 2018, avis à ceux empreints de curiosité qui veulent découvrir ce que Jean dit en réalité, ainsi que sa vérité.

23-02-2018
 

Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900 - billetterie.theatredaujourdhui.qc.ca

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