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Déterrer les os
Du 17 avril au 5 mai 2018
supplémentaire samedi le 28 avril à 20h, le 8 mai à 19h et le 9 mai à 20h

Déterrer les os est une plongée en huis clos entre la narratrice et son corps fautif, ce corps qui déborde et réclame toujours davantage. Ce corps qu’elle rejette, qui est en fait un scaphandre, une cage qu'il faut détruire en secret. Elle s’épuise à le corriger, le nourrir, le vider, le confronter.

Gabrielle Lessard signe une adaptation vibrante et poétique du premier roman de l’auteure Fanie Demeule, acclamée par la critique pour son texte poignant qui décortique ce combat féroce que nous entretenons quotidiennement avec notre corps.


Texte Fanie Demeule
Adaptation et mise en scène Gabrielle Lessard
Interprétation Charlotte Aubin, Jérémie Francoeur

Crédits supplémentaires et autres informations

Scénographie Odile Gamache
Costumes Elen Ewing
Conception lumière Cédric Delorme-Bouchard
Conception sonore Le Futur
Direction de production et assistance à la mise en scène Elsa Posnic
Photo Christian Blais, Design Gauthier

Mardi 19h
Mercredi au vendredi 20h
Samedi 16h

Rencontre avec l'équipe 24 avril

Une création de Gabrielle Lessard


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Critique disponible
            
Critique



Crédit photos : Sylvie-Ann Paré

Si le roman Déterrer les os de la Longueuilloise Fanie Demeule se résume comme un « huis clos entre la narratrice et son corps », il semble clair que Gabrielle Lessard, dramaturge et metteur en scène de l’adaptation théâtrale inspirée du livre, n’est pas du même avis. Disposant la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui de sorte à transformer un immense lit surélevé en véritable « catwalk » de mode, la scénographe, Odile Gamache, abolit l’impression d’intimité que propose Demeule pour représenter d’un ton plus critique l’importance démesurée accordée à l’image de soi aujourd’hui. Sans rien enlever à la poésie du texte original, Lessard s’octroie une certaine liberté vis-à-vis l’œuvre en imposant une présence masculine au personnage principal. À la fois allié et opposant de la protagoniste, ce deuxième personnage au tempérament posé supporte sa copine dans la détresse tout en révélant l’esprit troublé de celle-ci. Elle, qui s’assure de regarder les deux rangées de public placé de chaque côté du dispositif scénique, paraît, donc, s’improviser narratrice de sa propre vie pour tenter de contrôler la perception qu’ont les gens qui la regardent envers elle-même sous le regard tranchant de son partenaire. Telle une mannequin, cette dernière défile ses pensées malsaines, à voix haute, devant les spectateurs qui, malgré eux, deviennent complices de sa déchéance.

Pour Charlotte Aubin, interprète du rôle-titre, il s’agit d’une première plongée dans le milieu théâtral. La jeune femme s’en sort plutôt bien, elle qui, par les larmes coulant sur ses joues, réussit à attirer le regard dans les moments de grande intensité dramatique. L’initiative de Gabrielle Lessard de mettre Jérémie Francoeur, comédien d’un aplomb remarquable, à ses côtés, semble bénéfique au début, alors que la comédienne met un peu de temps à trouver le juste milieu entre la théâtralité de son jeu et le naturel attendu. La générosité de Francoeur reste à souligner, lui qui connaît sa place de second plan dans l’action et s’efface ou se dévoile complètement au moment opportun. Portant sur eux la pureté même des propos de l’auteure grâce aux costumes presque tout en blanc (Elen Ewing), les deux comédiens semblent, néanmoins, tout droit sortir d’un rêve. D’ailleurs, l’éclairage de Cédric Delorme-Bouchard, tantôt subtil, tantôt éblouissant, donne l’impression d’une constante ambivalence entre l’état de fatigue qui permet de sombrer dans le sommeil et le cauchemar qui réveille en sursaut. Sans voler la vedette, la trame sonore produite par Le Futur rappelle les gargouillis incessants de la faim qui persiste et se révèle un excellent gage de tension inconfortable durant toute la pièce. Fidèle au récit original, le texte laisse l’auditoire sur sa faim.

Après un peu plus d’une heure à écouter quelqu’un se nourrir d’une réalité erronée, il demeure étonnant de constater à quel point le travail de Gabrielle Lessard arrive à dresser un portrait assez juste de la société actuelle. Les yeux rivés sur un duo qui se complète bien, les spectateurs sont confrontés à ce qui pourrait être la fin de plusieurs adultes de demain. Déterrer les os devient, alors, un projet aux prouesses visuelles permettant de découvrir ce qui se cache derrière le tabou de troubles bien réels.

20-04-2018
 
Salle Jean-Claude Germain, Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900 - billetterie.theatredaujourdhui.qc.ca

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