À la suite du succès jubilatoire connu lors des deux premières éditions de l’événement Vendre ou rénover : combat théâtral autour des classiques de la dramaturgie revient au Centre du Théâtre d’aujourd’hui, avec deux soirées distinctes et inédites les 13 et 14 décembre prochain. Ce festif happening théâtral est un joyeux prétexte pour revisiter le répertoire dramaturgique québécois et le faire dialoguer passionnément avec le présent !
Chaque soirée étant unique, quatre duos d’auteurs s’affronteront dans une joute oratoire intelligente, ludique, féroce… et peut-être même parfois de mauvaise foi… où ils useront des meilleurs arguments théâtraux pour infléchir le verdict des juges de la soirée : devrait-on vendre (c’est-à-dire ne plus monter l’oeuvre) ou rénover (c’est-à-dire refaire vivre l’oeuvre) les huit classiques québécois dont il sera question ? Les huit juges qui trancheront les débats sont ceux qui ont le pouvoir de faire ou de défaire les classiques : c’est-à-dire, les directeurs artistiques et les journalistes culturels!
Vendre ou rénover… se place comme un événement théâtral rassembleur et incontournable, où 16 auteurs de la nouvelle génération nous (re)font découvrir huit oeuvres marquantes de notre Histoire culturelle écrite entre 19e et le 20e siècle.
Plus qu’un hybride entre le ring littéraire et le talk-show un peu ringard, ce combat interroge la tendance du théâtre québécois à créer les textes et à ne plus jamais les remonter, comme si tout avait été dit. Dans l’optique d’un répertoire national vivant, sachant comment le temps de scène se fait rare et que le répertoire est toujours en compétition avec la création, quels textes mériteraient de remonter nos scènes? Pourrait-on par exemple se permettre de redonner vie à des textes empreints de sexisme ou de racisme de leur époque? Ou encore, existe-t-il des perles oubliées dans notre dramaturgie qui éclaireraient davantage l’évolution de notre société ? Pourquoi enseigne-t-on une oeuvre plutôt qu’une autre dans les cours de littérature ? Choisir, c’est écrire notre Histoire.
13 DÉCEMBRE
Jocelyn Pelletier et Philippe Boutin combattront autour de La déposition, d’Hélène Pedneault ; Isabelle Hubert et Mathieu Gosselin, autour de Les oranges sont vertes de Claude Gauvreau ; Marianne Dansereau et Édith Patenaude, autour de Le temps sauvage d’Anne Hébert ; Sarah Berthiaume et Justin Laramée, autour de Le bateau que Dieu sait qui avait monté et qui flottait comme il pouvait, c'est-à-dire mal de Alain Pontaut
14 DÉCEMBRE
Olivier Choinière et Olivier Arteau, autour de Tête à tête, de Jean-Pierre Ronfard ; Steve Gagnon et Marie Louise Bibish Mumbu, autour de Au coeur de la rose de Pierre Perraut ; Guillaume Corbeil et Joëlle Bond, autour de Cocktail de Yvette Mercier-Gouin ; Rébecca Déraspe et Catherine Chabot, autour de La terre est trop courte Violette Leduc, de Jovette Marchesault.
Ce sont les directeurs artistiques Sylvain Bélanger, Martin Faucher, Brigitte Haentjens et Anne-Marie Olivier ainsi que les journalistes culturels Mario Cloutier, Manon Dumais, Stéphane Leclair et Émilie Perreault qui trancheront auront la tâche de trancher sur le sort des oeuvres, influencés par les arguments travaillés depuis plusieurs semaines par les combattants. Parce que si Vendre ou rénover est une grande fête autour de la dramaturgie, à l’habitude des cabarets jamailiens, ce sera avec sérieux et rigueur que nous nous pencherons sur les mots de ceux qui ont façonnés notre identité dramaturgique québécoise.
Crédits supplémentaires et autres informations
Une coproduction du Jamais Lu, du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui et de Nous sommes ici
Nostalgiques des combats de lutte « arrangés » et amoureux de vieux classiques oubliés du théâtre québécois à un même événement, est-ce possible ? Le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui nous en donne l’impression en proposant un concept comme celui de Vendre ou rénover : combat théâtral autour des classiques de la dramaturgie, vendu comme un genre de « happening » entre différents acteurs du milieu théâtral actuel. Inspiré par l’émission « Vendre ou rénover ? » diffusée sur les ondes de Canal Vie, Alexandre Fecteau convie le public à deux soirées opposant le clan des « vendeurs » (ceux qui souhaite laisser dormir le texte sur les étagères des bibliothèques) à celui des « rénovateurs » (ceux qui croient en la pertinence de représenter une version adaptée de la pièce prochainement) qui se prononceront, donc, sur le sort à réserver à ces œuvres souvent démodées.
Ainsi, les 13 et 14 décembre dernier, dans le cadre de la troisième édition, quatre duels portant, chacun, sur un texte peu connu furent présentés chaque soir. Parmi les œuvres abordées, il a été question, entre autres, du texte Le temps sauvage d’Anne Hébert, de Les oranges sont vertes de Claude Gauvreau, de Tête à tête de Jean-Pierre Ronfard et, même, de Cocktail d’Yvette Ollivier Mercier-Gouin considérée comme la première femme dramaturge au Québec. Avantage : aucun besoin de connaître la pièce pour comprendre ! À titre d’animateur, Fecteau se charge de faire un clair résumé de la pièce traitée et une courte biographie de son auteur avant de présenter chaque adversaire avec ironie. La simplicité du vocabulaire employé est appréciée.
Par la suite, sans se dégager de cet aspect convivial, de véritables combats humoristiques s’enclenchent. Un représentant de chaque équipe tente de convaincre un jury, composé de directeurs artistiques et journalistes culturels influents dans le domaine, du bienfondé de leur position. S’alternant à quatre reprises, chaque parti fait valoir son argumentaire d’une manière très ludique afin de soudoyer le juge attitré à leur joute qui aura le dernier mot. Toutefois, malgré la touche ludique apportée par la fabuleuse éloquence et l’authenticité de tous les participants, il est dommage de constater que ceux-ci paraissent déjà savoir l’idée défendue par leur opposant. Peut-être aurait-il été plus amusant d’assister à un débat improvisé plutôt qu’à une lecture publique bien structurée ? Néanmoins, l’intensité, la passion et la complicité qui s’observent sur scène méritent d’être soulignées.
Peu importe la décision rendue par le juge, le rire et le plaisir est au rendez-vous. Face à des spectateurs qui, au terme du spectacle, semblent si « vendus », il est à espérer que Fecteau puisse le « rénover » pour l’année prochaine !