21, c’est d’abord un jeu de basketball auquel Zoé et Sara s’adonnent chaque semaine. Il devient vite un terrain d’échanges où se noue un lien affectif sincère entre elles, alors que Zoé vient d’être placée dans le centre jeunesse où Sara est intervenante. Telle une partition de musique minutieusement orchestrée, les révélations fusent et dressent le portrait de deux personnages en quête de reconnaissance.
Avec finesse et sensibilité, Rachel Graton dessine un duo émouvant, témoignant de la réalité vécue par les bénéficiaires et travailleurs sociaux. En remettant en question nos conditionnements, l’apparente fatalité du legs familial et de l’héritage social, notre artiste en résidence se penche sur la possibilité de changer la ligne de sa vie et d’agir sur ce qui semble être un destin.
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène et régie Stéphanie Capistran-Lalonde
Scénographie Max-Otto Fauteux
Éclairages et direction technique Renaud Pettigrew
Direction de production Marie-Christine Martel
Autres collaborateurs : Jean Gaudreau, David Poisson, Raphael Milot, Jamie Wright
Le texte sera disponible chez Dramaturges Éditeurs
Salle JCG :
30 ans et moins - 23$
régulier - 27$
60 ans + - 25$
Mardi 19h
Mercredi au vendredi 20h
Samedi 16h
Une création de Rachel Gratton
Artiste en résidence à la salle Jean-Claude Germain, l'auteure et comédienne Rachel Graton nous offre avec 21 sa deuxième création, une oeuvre encore imparfaite, mais dont la sensibilité et la finesse d'écriture touchent droit au coeur.
À 15 ans, cachée sous son hoodie d'adolescente mal dans sa peau, Zoé aboutit en centre jeunesse. Placée là par un père désemparé devant les crises et les fugues de sa fille, elle est fermée comme une huître. Sara, une intervenante, tente de la faire s'ouvrir au fil de parties de basketball (le 21 du titre), mais le manque de mots et les secrets cadenassés à double tour de Zoé s'avèrent de difficiles obstacles.
Dans l'espace scénique créé par Max-Otto Fauteux, petit cocon brutalement éclairé aux néons, 21 jette une lumière tout aussi crue sur une relation conflictuelle, mais tendre, entre deux êtres humains à la dérive. À travers elle, ces êtres marginalisés s'accrochent temporairement l'un à l'autre pour ne pas couler, et peut-être trouver une nouvelle voie à emprunter, différente de celle que la vie leur a toute tracée.
Dans un monde bruyant, prompt à juger et à passer rapidement à autre chose, cette nouvelle création de Rachel Graton donne le temps à l'apprivoisement et à l'ouverture. Ça fait du bien.
La mise en scène d'Alexia Bürger laisse les personnages vivre à leur rythme et trouve le ton juste entre ce qui se dit dans les silences et ce qui se tait sous les mots qu'on hurle. En un peu plus d'une heure trente, sans presser les choses, la pièce bâtit la relation entre la jeune fille et l'adulte, toutes deux en recherche d'équilibre, toutes deux habitées par une absence. Peu à peu, le silence craque, cède le pas à des mots, de plus en plus signifiants. Leur relation est fascinante à regarder s'approfondir.
Il y a dans ce texte solide une compréhension des enjeux en centre jeunesse et de la souffrance dont certains jeunes sont malheureusement coutumiers. En 12 tableaux, Rachel Graton nous raconte ces courts moments d'échanges et de compréhension mutuelle, au-delà des années et des expériences personnelles, pour mieux nous parler d'espoir et de survie. Entre les deux êtres blessés, l'auteure tisse des liens de confiance, encore ô combien fragiles, et ouvre des portes de dialogue.
21 prend aussi ancrage dans la performance de la jeune Marine Jonhson. À 20 ans à peine, la comédienne n'en paraît pas plus de 15, l'âge de son personnage. Avec son physique frêle et sa mine renfrognée, elle incarne toute la fragilité et l'hypersensibilité que cache Zéo derrière sa façade dure. Que ce soit dans le silence entêté dans lequel Zoé s'est réfugiée ou en pleine crise émotionnelle, la jeune comédienne, qu'on a pu voir dans Charlotte a du fun, est brillante, toujours juste, écorchée comme l'adolescente qu'elle incarne. À ses côtés, dans la peau de l'intervenante, Isabelle Roy offre également une interprétation nuancée qui met en valeur le difficile travail auprès de jeunes «poqués». Sa narration tout en humour et en lendemains de veille laisse le public respirer, quoique ces tranches de vie paraissent par moments détachées du reste, notamment les échanges avec un collègue. Autre faux pas narratif? La fin laisse comme un goût d'inachevé, après avoir balayé d'un seul coup la relation si minutieusement construite entre Zoé et Sara.
Pièce touchante, en forme d'hommage au travail des intervenants en centre jeunesse, 21 révèle dans ses silences les grands liens d'affection et de respect qui peuvent se former entre deux étrangères. Avec elles, on apprend la valeur de l'écoute. Dans un monde bruyant, prompt à juger et à passer rapidement à autre chose, cette nouvelle création de Rachel Graton donne le temps à l'apprivoisement et à l'ouverture. Ça fait du bien.