Aalaapi, c'est l'histoire de jeunes femmes originaires du Nunavik. Passant de l'inuktitut au français et à l'anglais, elles disent ainsi une partie de la réalité qui est la leur; puis soudain, elles éclatent de rire, laissant leur plaisir parcourir la forêt qui les réunit le temps d'un weekend. Plusieurs admettent s'ennuyer de leur famille, de leurs amis et du Nord qu'elles retrouveront le temps des vacances estivales.
Laurence Dauphinais et Marie-Laurence Rancourt réunissent un collectif d’artistes pour la création de ce spectacle qui allie théâtre et création radiophonique. D'abord une invitation à jouer avec les micros pour se raconter différemment, Aalaapi est devenu un lieu de réflexion important sur la valeur de la parole et du silence. La radio se met au service des jeunes femmes qui, peu à peu, écrivent une radio imprévisible, surprenante et touchante.
Crédits supplémentaires et autres informations
Prise de son, montage et mixage: Daniel Capeille.
Composition musicale: Antonin Wyss.
Scénographie: Odile Gamache.
Éclairages: Chantal Labonté.
Vidéo: Guillaume Vallée.
Son et sonorisation: Joël Lavoie.
Direction de production: Leticia Torgo.
Salle JCG :
30 ans et moins - 23$
régulier - 27$
60 ans + - 25$
Mardi 19h
Mercredi au vendredi 20h
Samedi 16h
Une création du Collectif Aalaapi en collaboration avec Magnéto
Il est réjouissant de voir la scène québécoise s'ouvrir sur le Québec d'aujourd'hui dans toute sa diversité, et encore plus lorsque c'est fait d'aussi belle manière que ces jours-ci au Théâtre d'Aujourd'hui avec la production Aalaapi, du collectif du même nom.
« Aalaapi », de l'inuktitut ᐋᓛᐱ, signifie « faire silence pour entendre quelque chose de beau » et définit parfaitement l'invitation que nous font Marie-Laurence Rancourt, l'idéatrice et réalisatrice derrière le documentaire audio à l'origine de la pièce, et Laurence Dauphinais à la mise en scène du spectacle.
Dans la petite salle Jean-Claude Germain, face à une maison anonyme qu'on imagine plantée dans une nature rude, mais magnifique, s'élèvent les sons du Nord et les voix jeunes et rieuses d'Audrey Alasuak, de Samantha Leclerc, de Mélodie Duplessis, d'Akinisie Novalinga et de Louisa Naluiyuk. Elles sont pleines de projets, poursuivent leurs études, pensent s'installer dans le Sud ou retourner vivre dans leur village du Nord. Comme plusieurs de cette jeune génération, elles sont fières de leurs racines, de leur culture, heureuses de la partager avec nous.
C'est parce que la rencontre est au coeur de la démarche du collectif que l'on se sent si bien accueilli par la mise en scène respectueuse et pleine d'écoute de Laurence Dauphinais.
Au coeur de cette production sensible et poétique : la rencontre. Celle des filles dont on entend les voix, celle des deux jeunes femmes sur scène, que l'on observe dans leur quotidien à travers la grande fenêtre de leur maison, mais surtout celle de cultures ancrées dans le territoire québécois et qu'on connaît pourtant si peu, si mal. Loin, très loin du portrait triste ou problématique des villages inuits que nous dressent les médias, Aalaapi /ᐋᓛᐱnous fait voir leur esprit de communauté et nous donne un aperçu de la vie dans ces villages côtiers qui se dressent le long de la baie d'Hudson, dans un Nunavik au nom si exotique à nos oreilles.
C'est parce que la rencontre est au coeur de la démarche du collectif que l'on se sent si bien accueilli par la mise en scène respectueuse et pleine d'écoute de Laurence Dauphinais. Le coeur et l'esprit ouverts, on fait silence pour entendre la beauté sonore des images et des paysages évoqués par la trame sonore tranquille d'Aalaapi /ᐋᓛᐱ : le vent qui souffle, les chants de gorge qui se terminent invariablement en fous rires, la nature qui pétille et crépite tout autour et cette radio locale qui fait office de réseau social aussi bien que de téléphone. Il flotte même dans l'air des odeurs délicieuses de banniques (un pain sans levain) en train de cuire.
La production et ses deux interprètes en scène, Nancy Saunders et Hannah Tooktoo, dégagent une grande chaleur humaine au creux de l'hiver. C'est d'autant plus plaisant de prêter oreille et aux préoccupations qui traversent la pièce, et aux réflexions sur l'identité fragile d'une nouvelle génération d'Inuits qui cherche à se définir. Aalaapi /ᐋᓛᐱ donne envie de mieux connaître ce vaste territoire et ses habitants.