En langue Anishnabemowin, Okinum signifie barrage. Construit comme une prophétie, Okinum est une réflexion intime sur la notion de barrages intérieurs, une ode au pouvoir du rêve et à l’intuition. La parole est libérée afin de remonter la rivière de la mémoire des ancêtres et pour se réconcilier, avant tout, avec les différentes facettes d’une identité multiple.
L’artiste pluridisciplinaire Émilie Monnet débute sa résidence au CTD’A en proposant une expérience immersive pour le spectateur au moyen d’une dramaturgie unique, circulaire et envoûtante qui allie théâtre, son et vidéo. Se tisse ainsi une série de tableaux oniriques, où l’espace-temps n’est pas conçu de façon linéaire, véritable témoignage d’une filiation qui inspire.
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Elaine Normandeau
Scénographie Simon Guilbault
Costumes Swaneige Bertrand
Vidéo Clark Ferguson
Conseil dramaturgique Elizabeth Bourget, Sara Dion
Conseil culturel et en langue anishnabemowin Véronique Thusky
Sonorisation et direction technique Frédéric Auger
Émilie Monnet est artiste en résidence au CTD'A
Salle JCG :
30 ans et moins - 23$
régulier - 27$
60 ans + - 25$
Mardi 19h
Mercredi au vendredi 20h
Samedi 16h
Une création des Productions Onishka
Sous un ciel étoilé, Okinum nous convie à une quête de (re)connexion entre soi et le monde invisible. Pour la femme sur scène, cette connexion s'est perdue dans l'histoire au fil d'années de réserve, de pensionnat et de barrages dressés entre peuples et générations.
La création de l'artiste multidisciplinaire Émilie Monnet, en résidence à la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, fait la part belle à la musicalité de la langue anishnaabemowin et à la richesse de la transmission culturelle et identitaire. Dans cette touchante production immersive de la compagnie Onishka, le public navigue dans un état à mi-chemin entre rêves et éveil, un état induit par une scénographie rappelant la forme d'un tipi, et une ambiance sonore mariant bruits d'eau et autres sons de la nature (conception en direct par Jackie Gallant). Juste au-dessus du public, réparti sur quatre côtés, des projections de paysages et de subtils jeux d'éclairage nous transportent dans une bulle apaisante où une jeune femme anishnaabe cherche sa voix pour reconnecter avec ses racines et se sentir enfin entière.
Peu à peu s'effrite l'immense barrage (okinum) dressé entre cette jeune femme et la culture multiple dont elle est issue pour laisser entendre un témoignage sensible, entre colère, fragilité et espoir.
Émilie Monnet, née de mère anishnaabe et de père français, signe le texte ainsi que la mise en scène du spectacle (avec Emma Tibaldo et Sarah Williams). Elle livre une performance sensible, quoique incertaine en début de représentation, comme si le ton juste n'était pas encore totalement trouvé. L'interprétation gagne néanmoins en assurance tout au long du spectacle, à mesure que la femme se confie sur sa quête de repères, son mal-être physique et spirituel, sa peur de l'insignifiance, de ne laisser aucune trace sur le monde. Peu à peu s'effrite l'immense barrage (okinum) dressé entre cette jeune femme et la culture multiple dont elle est issue pour laisser entendre un témoignage sensible, entre colère, fragilité et espoir.
Après l'entreprise de démolition du barrage vient celle de la reconstruction, du retour aux sources. Des extraits sonores touchants nous font découvrir l'artiste tentant d'apprivoiser la langue de toute la lignée de femmes dont elle fait partie. La voix libérée, les mots et les chants reprennent leur place, luttent contre le crabe niché dans la gorge de la femme, pour mieux lier les bribes de rêves à la parole des ancêtres et se réapproprier un territoire, une histoire et un mode de vie. Avec elle, on apprivoise la façon toute particulière dont la voix se meut dans l'espace selon la langue dans laquelle elle s'exprime.
Construit comme une cérémonie de remémoration et de guérison, Okinum parle de l'importance de la transmission à la nouvelle génération, mais aussi d'ouverture à l'autre. En ce sens, la production joue un rôle essentiel en prenant sa place sur nos scènes, dans nos théâtres. Si les mots anishnaabe, qui ont résonné sur l'île de Montréal des siècles avant l'arrivée des colons français, ne s'inscrivent pas encore dans notre quotidien, ils sonnent de moins en moins comme une langue étrangère à nos oreilles, et c'est tant mieux. Meegwetch (merci).