For the Grinch in all of us. An anti-holiday ritual of gritty stories for mature audiences done up in an intimate setting – cabaret style. Take a break from the joyous commercial frenzy.
Music created & performed by Harry Standjofski
Lighting Design by Matthieu Gourd
Presented with Théâtre Urbi et Orbi
par Geneviève Germain
Pour la quatrième année consécutive, le théâtre Centaur présente les Urban Tales, pendant anglais des Contes urbains présentés depuis 16 ans au théâtre de la Licorne. Ayant vu la première édition il y a quatre ans, puis cette toute dernière cuvée, je découvre une nouvelle ambiance autour de cette présentation au Centaur, et un engouement contagieux.
D’entrée de jeu, le fait d’avoir déplacé l’action de la grande salle principale au petit café ‘Centaur Lounge’ rend le tout plus intime, plus convivial. Comme le temps des fêtes. Là s’arrête toute comparaison. Le sapin pendu à l’envers du plafond témoigne efficacement du caractère anti-temps-des-Fêtes de la présentation. Bien que les contes se déroulent tous durant cette période éreintante de l’année, la fin heureuse se fait rare, les limites de l’acceptable sont repoussées, offrant un tout fascinant, mais troublant.
Si un thème a été choisi cette année, c’est clairement de s’adresser à un public averti. Les textes regorgent de jurons, d’images sexuelles crues, de mort aussi. Chaque conte présenté semble pousser un acte, ou un choix, à son extrême limite, franchissant toutes barrières éthiques et morales. Que ce soit d’offrir un cadeau très inadéquat pour une femme mariée, ou encore d’être amené au meurtre par des circonstances superflues, tout est permis. Et tout est clairement dit. Sans détour.
La traduction des contes par Harry Standjofski est fort habile et ne perd rien du caractère résolument montréalais des contes. Ni de leur poésie urbaine. Quand France Rolland nous parle d’adolescents « so full of holes that their souls are leaking », on reste saisi par la beauté dérangeante de cette affirmation. Aussi, dans un texte écrit par Standjofski, quand Graham Cuthbertson affirme rester dans un « dirty hostile overpriced shithole », on ne peut s’empêcher de rire devant ce constat pourtant simple, mais irrévérencieux.
Bien que tous les acteurs livrent une performance unique, France Rolland en tant que narratrice de deux récits subjugue complètement. Pourtant si crue dans le premier et si tendre dans le deuxième conte, France Rolland sème l’émoi par son intensité et sa sensibilité palpable. Dans la catégorie plus humoristique, Kyle Gatehouse construit un personnage quasi caricatural et réussit à y faire croire, initiant nombreux fous rires parmi le public.
Au final je ne voudrais aucunement gâcher votre plaisir d’aller voir ces contes par vous-même. Si je vous dévoile les histoires, je risque de vous dévoiler aussi l’essence des contes : l’effet de surprise. Oui, les histoires choquent, dérangent, perturbent. Mais elles font aussi parfois sourire et même rire aux éclats. Dans le fond, ce qui est important, c’est qu’elles ne nous laissent pas indifférents. Alors, c’est mission accomplie pour le Centaur. Et on se croise les doigts pour qu’ils récidivent encore plusieurs années.