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Du 24 février au 22 mars 2015
TerminusThe Goodnight Bird
By Colleen Murphy
Directed by Roy Surette
Starring Nicola Cavendish, Graham Cuthbertson and Chris Hunt
A young homeless man mysteriously appears in the bedroom of Lilly and Morgan’s new condo. With retirement fast approaching, their routine of daily medications and auto-pilot bickering is knocked for a loop as the uninhibited intruder causes them to take stock of their lives, reawakening dreams and feelings that somehow got left behind and rekindling a youthful desire to connect with the world more profoundly before time runs out.

Assistant Director Sherry Bie
Set & Costume Design Pam Johnson
Lighting Design Luc Prairie
Sound Design Nico Rhodes
Stage Manager Rick Rinder

Tuesday to Saturday - 8:00PM
Saturday - Sunday Matinees - 2:00 PM, Wednesday Matinee – March 11-18 - 1:00PM

CHAT UP: Social worker, Isabelle Couillard, discusses her work with the homeless at Montreal’s 135-year-old Accueil Bonneau, with Montreal Gazette Editor, Lucinda Chodan. A free event Sunday March 2, 2015 at 12:30pm in the Seagram Gallery

Coproduction Centaur Theatre and Kay Meek Centre (Vancouver)

Centaur Theatre
453, St-François-Xavier
Box office : 514-845-9810

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 Critique
Critique

par Geneviève Germain

Les probabilités qu’un itinérant se lance du haut de votre édifice à condos et atterrisse directement sur votre balcon sont probablement quasi nulles. Pourtant, c’est bien ce qui vient briser la monotonie du quotidien d’un couple sexagénaire sans enfants dans la pièce The Goodnight Bird. L’histoire plutôt inusitée a été imaginée par l’auteure canadienne Colleen Murphy alors qu’elle rendait visite à des amis qui vivaient près d’un ravin autour duquel demeurent plusieurs gens perdus. Et si cette intrusion venait influencer la vie rangée d’un couple? La prémisse donne lieu à plusieurs moments loufoques et surtout à une réflexion sur cette étape de la préretraite qui appelle non seulement à un certain bilan de vie et à une remise en question des choix qu’on a faits, mais aussi de ce que l’on souhaite pour la suite des choses.

L’arrivée inopinée en plein milieu de la nuit de l’itinérant Parker (Graham Cuthbertson) vient surprendre Lilly (Nicola Cavendish) et Morgan (Christopher Hunt) qui s’apprêtaient à dormir. Lilly, professeure tout nouvellement retraitée, parle sans cesse et se plaît à reprendre son mari sur tout ce qu’il fait. Morgan redoute qu’on le trouve maintenant trop vieux à son travail et répond patiemment aux multiples questions et ordres de sa femme. Le confort bien établi qu’ils ont tissé au fil des décennies passées ensemble est soudainement chamboulé par Parker, lequel atterrit sur leur lit, la tête ensanglantée, ce qui menace grandement l’intégrité de leur duvet. Alors que Lilly se demande si l’itinérant parle anglais puisqu’il n’émet que des sons inintelligibles, l’ambiance devient chaotique et le couple se surprend à vouloir aider cet homme manifestement instable, mais inoffensif. Avec ses convictions environnementales et sociétales affirmées, il pousse le couple à reprendre contact avec leurs rêves et ce qui les unis.

L’écriture de Colleen Murphy présente habilement plusieurs pointes d’humour qui viennent alléger les propos plus sérieux de la pièce. Alors que Parker saigne sur leur tapis ou qu’il se met à courir nu dans leur chambre, Lilly et Morgan entament une conversation qui jette un regard nouveau sur leur vie. Lilly et Morgan regrettent de ne pas avoir eu d’enfants et ne pourront sans doute pas voyager autant qu’ils l’auraient voulu puisque Morgan se remet d’une crise cardiaque. Cette réalité frappe Lilly de plein fouet et décide de suivre Parker le temps d’une balade dans le ravin, ce qui la remplit d’un nouvel idéalisme. À son retour, cette parenthèse permet à Lilly de reprendre contact avec ses rêves et de les partager avec son mari.

La mise en scène de Roy Surette dépeint justement ce confort monotone dans lequel le couple s’était installé. Chacun a ses petites habitudes. D’ailleurs, le décor de Pam Johnson demeure fidèle à l’image d’une vie bien rangée : une chambre aux tons bleu pâle et blanc, décorée de peintures accumulées au fil des ans. Nicola Cavendish incarne Lilly avec une énergie débordante et un sens aiguisé de la répartie, tandis que Christopher Hunt propose un jeu plus tendre et modéré dans la peau de Morgan. Ensemble, ils forment un couple crédible et attachant. Graham Cuthbertson en tant que Parker apporte une juste dose de folie à son personnage pour ne pas tomber dans le cliché.

The Goodnight Bird réussit à aborder le sujet épineux des déceptions que peut apporter la vie avec beaucoup de délicatesse et d’humour. Le récit est poignant de vérité tout en demeurant léger et divertissant. On apprécie surtout l’apparente complicité entre les acteurs qui donnent vie à l’histoire avec finesse et dynamisme. 

28-02-2015