Section vidéo
Set and Costume Design Debra Hanson
Lighting Design Michael Walton
Sound Design Lyon Smith
Stage Manager Michael Sinclair
Assistant Director Andrew Shaver
Tuesday to Saturday - 8:00PM
Saturday - Sunday Matinees - 2:00PM, Wednesday Matinee – Oct 22- 1:00PM
Centaur Productions
par Geneviève Germain
Après avoir été présentée au public montréalais la saison dernière en version française au théâtre Duceppe, Venus in Fur est maintenant à l’affiche dans sa version originale au Centaur Theatre. Forte de son succès sur Broadway et à Toronto, la pièce de l’auteur new-yorkais David Ives a tout pour retenir l’attention : une pièce énergique et provocante, mêlant pouvoir et érotisme.
Venus in Fur est inspirée du roman de Léopold von Sacher-Masoch, auteur dont le nom de famille a été retenu pour la création sémantique du terme masochisme, ce qui en dit long sur les thèmes abordés dans ses romans. D’ailleurs, son œuvre phare Venus in Fur dépeint l’amour comme un jeu de domination et d’esclavage. Le dramaturge David Ives reprend donc ces thèmes en les adaptant en deux temps : soit dans la relation entre un metteur en scène et son actrice et dans la relation entre les deux principaux personnages de la pièce qu’il souhaite présenter.
Le temps est orageux et la journée a été longue pour Thomas, auteur désespérément à la recherche de l’actrice parfaite pour jouer le premier rôle de sa pièce à venir. Alors qu’il s’apprête à quitter le studio où ont eu lieu de nombreuses auditions, une ultime candidate se présente. La personnalité désinvolte et exubérante de l’actrice le force à rester malgré le fait qu’il soit d’abord réticent à lui donner sa chance. Il est difficile de croire que Vanda, l’aspirante actrice, soit la perle rare avec ses manières rustres et son franc-parler. Pourtant, dès qu’elle récite les premières répliques de la pièce qu’il a écrite, Thomas est conquis. Il poursuit le jeu jusqu’au bout et ensemble ils incarnent les personnages de la pièce, tout en reprenant leurs rôles respectifs de metteur en scène et d’actrice en commentant les répliques de leurs personnages et en les remettant en question.
La mise en scène de Jennifer Tarver ne laisse aucun moment de répit ni aux acteurs ni au public. C’est un duel effréné qui se déroule devant nos yeux, un duel où le pouvoir change de mains à plusieurs reprises. Vanda supplie Thomas de lui faire passer une audition puis le subjugue par son jeu, alors que Thomas se ressaisit par moments et impose sa vision de la pièce à l’actrice. La tension de domination, de désir et de soumission est palpable tout au long de leurs échanges. Leurs déplacements sont vifs et incarnés, à l’image de leurs répliques, ce qui fait de Venus in Fur un spectacle-performance qui nous tient en haleine jusqu’à la toute fin.
Carly Street est impeccable dans ses transitions entre son rôle d’actrice et celui du personnage que Vanda incarne. Elle passe d’une femme moderne débordante d’énergie à celui d’une jeune bourgeoise allemande du 19e siècle (accent inclus) avec une surprenante aisance. Rick Miller dans le rôle de Thomas lui offre également de solides réparties. Dans cette pièce de théâtre insérée dans une pièce de théâtre, les stéréotypes masculins et féminins, le sexisme, la misogynie et la symbolique des propos qu’un auteur prête à ses personnages font l’objet d’une folle exploration, autant dans les répliques que dans l’action.
Venus in Fur donne un coup d’envoi dynamique, et réussi, pour cette 46e saison du Centaur Theatre, tant par l’habile écriture de David Ives que par l’efficacité de la mise en scène, sans oublier l’infatigable jeu des acteurs qui naviguent entre deux rôles riches en rebondissements.