Set & Costume Design Evita Karasek
Lighting Design Martin Sirois
Composer & Sound Design Keith Thomas
Fight Choreographer François Gagnon
Stage Manager Jacynthe Lalonde
Apprentice Stage Manager Sara Rodriguez
Assistants to the Director Tamara Brown & Sophie El-Assaad
Tickets starting at 28$
A Centaur Theatre Production
Section vidéo
L’auteur canadien Nicolas Billon a su retenir l’attention ces dernières années, non seulement avec sa première pièce The Elephant Song qui a été adaptée au cinéma l’an passé, mais également grâce à sa trilogie Fault Lines qui s’est vu décerner le Prix du Gouverneur général en 2013. Après une première remarquée à Calgary en 2014, sa plus récente pièce Butcher est maintenant reprise par des équipes de production dans six villes nord-américaines cette saison. Il faut dire que l’écriture de Nicolas Billon est surprenante et accrocheuse, car pleine d’intrigue et de suspense.
Butcher n’est pas une histoire destinée aux cœurs sensibles. Bien que le tout se déroule à la veille de Noël, les sujets abordés sont graves. La pièce débute alors qu’un vieil homme est retrouvé devant un poste de police de Toronto, mystérieusement vêtu d’un habit militaire et portant en guise de collier un crochet de boucher sur lequel est retrouvée une carte d’affaires. L’avocat à qui appartient la carte est invité à répondre aux questions du policier en poste et jure ne pas connaître le vieil homme. Il est d’ailleurs impossible d’adresser la parole au vieil inconnu puisqu’il ne s’exprime que dans une langue d’origine slave. Le mystère demeure donc entier jusqu’à ce qu’une traductrice réponde à l’appel et que tranquillement l’action mène à plusieurs réponses lugubres et surtout insoupçonnées.
Il serait dommage ici de dévoiler les nombreux rebondissements de la pièce puisque ce sont ceux-ci qui font sa force : on suit chacun des détails de l’histoire avec attention pour tenter d’en deviner l’issue et on vit chacun des revirements de situation intensément. Le récit est solidement ancré dans la lourde politique en abordant les sujets de la torture, du génocide et de la vengeance. Toutefois, l’auteur a inventé un pays et une langue pour le mystérieux vieil homme, rendant l’histoire à la fois plus anonyme, mais aussi universelle.
Le ressenti des personnages est particulièrement bien mis en évidence en partie grâce au texte, mais surtout grâce à l’habile jeu des acteurs .Chacun présente le doigté que le suspense requiert sans rien perdre de la profondeur des émotions qui sont dévoilées au fil des interactions. De l’intriguant mutisme du vieil homme (Chip Chuipka), à la bonhommie rassurante de l’inspecteur Lamb (Al Goulem), en passant par l’altruisme bien-pensant de l’avocat Hamilton Barnes (James Loye), sans oublier la force de caractère de la traductrice Elena (Julie Tamiko Manning), les caractéristiques des personnages sont bien définies et interprétées.
Dans cette mise en scène de Roy Surette, directeur artistique du Théâtre Centaur, le rythme est constant et contribue à bâtir l’intrigue qui culmine jusqu’à la toute fin. Il y a plusieurs scènes aux durs dévoilements qui sont présentées simplement, sans mettre inutilement l’accent sur les détails plus sordides, mais sans rien cacher non plus.
Pour l’intelligence de l’intrigue et les astucieux revirements de situations qui en font un habile suspense, la pièce Butcher vaut définitivement le détour. Il faut toutefois garder en tête que les sujets abordés sont graves et pourraient déplaire à certaines personnes.