The 2015 quadruple META-winning production by Montreal’s Tableau D’Hôte Theatre, and the first ever professional English production of Michel Tremblay’s seminal success in the playwright’s hometown. Hosanna, a.k.a. Claude Lemieux, returns home in tears after being cruelly betrayed by her lover and friends at a Halloween party. Over the course of one tumultuous evening that volleys dizzily between catty quips and gut-wrenching honesty, the Cleopatra impersonator comes face to face with her deepest fears and insecurities. In a world that forced her to wear a mask to fit in, will the need for love, to be seen for who she truly is, outweigh the dread of shedding her illusions?

Texte Michel Tremblay
Traduction John Van Burek & Bill Glassco
Mise en scène Mike Payette
Avec Eloi ArchamBaudoin et Davide Chiazzese

autre critique disponible, publiée en 2015

Créée en 1973 et montée en anglais au théâtre Mainline en 2015, la pièce phare de Michel Tremblay, Hosanna, écrite en 1973, reprend l’affiche au Théâtre Centaur du 15 mai au 10 juin. Si la symbolique politique de l’époque – le peuple québécois qui veut exister et se donner les moyens de se doter d’un pays - est moins « pertinente » aujourd’hui, la contemporanéité d’Hosanna est toujours d’actualité pour toute population marginale qui veut vivre ses rêves dans les limites que la société lui impose. Voyage au bout d’une crise identitaire et des espoirs fracassés.

Crédit photo : Andrée Lanthier

L’histoire se déroule dans l’appartement glauque et pitoyable du couple formé de Hosanna (Claude) et de Cuirette (Raymond) (respectivement Eloi ArchamBaudoin et Davide Chiazzese), au retour d’une grande fête d’Halloween donnée chez Sandra. On y retrouve une Hosanna anéantie, victime d’une cruelle machination montée en complicité avec son homme, Cuirette, traître parmi les traîtres impliqués dans le sadique complot. Elle qui rêvait d’incarner pour un soir le sosie d’Elizabeth Taylor en Cléopâtre, elle, toute pétillante, qui préparait son « entrée » grandiose depuis plus trois semaines, elle qui souhaitait faire baver d’envie toute la faune de la Main, elle qui se voyait majestueuse, somptueuse, sublime et triomphante, s’est vue humiliée, honnie et méprisée. Everybody’s gonna talk about me, the biggest Queen in Montreal! Or, en ce soir lugubre, la Reine est morte. Le maquillage a craqué, coulé, la vérité a fait surface.

Dès lors, dans la dure réalité de l’après-party de la honte, les échanges musclés des amants se mutent peu à peu en attaques dévastatrices. Amour et haine s’entrechoquent, provoquant une surenchère de mots crus, durs et déchirants. Mais là où les couteaux volent très bas, le couple se dit aussi les « vraies » choses. Rangés, les déguisements. La prise de conscience est inévitable. Le choc leur sera-t-il salutaire?

Choisissant le public comme confident, Hosanna livre ses frustrations, tantôt – pâmée et en crise d’hypostasie – en Elizabeth Taylor idolâtrée, puis en navrante catin et bitch abattue couverte de paillettes cheaps. Le contraste est à la fois pathétique et bouleversant. Soulignons ici le jeu magistral d’Éloi ArchamBaudoin qui chamboule le spectateur à mesure que son personnage se met à nu.

Enfin, la mise en scène de Mike Payette transfigure le sordide et le crasseux, proposant une réalité gorgée d’humanité, tandis que la traduction efficace de John Van Burek et Bill Glassco réussit à rendre tous les sucs vivants, parfumés et humains du langage de Tremblay, et à vêtir de noblesse – telle une Elizabeth Taylor flamboyante – une trivialité trop évidente, mais ô combien attendrissante et pas si loin de nous.