Dans ce rôle magistral écrit spécialement pour elle, la vedette canadienne de la scène, Lucy Peacock, interprète Satan... comme on ne l’a jamais vu. Séduisante dans sa peau de serpent et mielleuse comme un gourou de haute technologie, elle dénonce son expulsion injuste du paradis dans cette adaptation amusante et très théâtrale du poème épique de Milton. Truffé de références modernes et d’expressions contemporaines, le texte rempli d’esprit d’Erin Shields souligne adroitement la puissance et la pertinence toujours actuelles du poème original. La production du Centaur présente une distribution montréalaise exceptionnelle dans les rôles des vedettes bibliques. Notons l’inoubliable Amelia Sargisson dans le rôle d’Ève et Jessica Hill dans les rôles diamétralement opposés de Beelzebub et de Gabriel. Extrêmement physique et résolument accrocheuse, la pièce Paradise Lost est un chef-d’œuvre classique moderne.
Texte Erin Shields
Une adaptation du poème Paradise Lost de John Milton
Mise en scène Jackie Maxwell
Avec Lucy Peacock, Qasim Khan, Amelia Sargisson et Patrick Émmanuel Abellard, Rebecca Gibian, Alain Goulem, Marcel Jeannin, Gabriel Lemire, Julie Tamiko Manning, Michelle Rambharose, Jake Wilkinson
Crédits supplémentaires et autres informations
Costumes et décors Judith Bowden
Éclairage Bonnie Beecher
Maître de combats John Stead
Choréographies Valerie Moore
Compositions originales Thomas Ryder Payne, assisté de Deanna Haewon Choi
Dramaturgie Bob White
Activités
Thursday Pre-show Convo : 16 janvier
Saturday Salons : 18 janvier
Sunday Chat-ups : 19 janvier
Talk-Backs : 23 et 26 janvier
*il se peut qu'il n'y ait pas de représentation le mercredi, consultez toujours le site centaurtheatre.com pour le calendrier complet
Tarifs
Petite salle : 30$ et 56$
Grande salle : 33$ et 58$
Une production du Festival de Stratford
Une présentation du Centaur Theatre
Inspiré par un poème de John Milton sur la bataille morale entre le Bien et le Mal, Paradise Lost, de l’auteure canadienne Erin Shields, explore avec humour le mythe fondateur d’Adam et Ève. Nous arrivant du Stratford Festival, cette production qui prend l’affiche au Centaur Theatre est une étonnante incursion dans l’univers religieux, peut-être aujourd’hui moins familier aux francophones qu’aux anglophones.
Actrice classique très connue du Canada anglais, Lucy Peacock se glisse ici dans la peau de Satan, ange déchu et vengeur dont le cœur cherche encore un peu malgré lui l’amour et la reconnaissance de Dieu. Élégante, intrigante, l’esprit affûté et armée d’arguments massue pour convaincre l’auditoire du bien-fondé de ses récriminations à l’encontre du Créateur, Peacock apporte à son personnage tout son bagage d’actrice shakespearienne avec un sel humoristique qui lui donne à la fois beaucoup de stature et de charme. Et il ne lui faut que quelques répliques pour mettre le public dans sa poche.
Actrice classique très connue du Canada anglais, Lucy Peacock se glisse ici dans la peau de Satan, ange déchu et vengeur dont le cœur cherche encore un peu malgré lui l’amour et la reconnaissance de Dieu.
« I freed you from blind obedience to a psychopathic dictator, to a deranged monarch, to a bloodthirsty general, a bully, a thug. You’re welcome. » Qu’elle rassemble ses démons et manigance en compagnie de Belzébuth (rayonnante Michelle Rambharose, qui incarne aussi l’ange Gabriel), confronte Dieu le père (Marcel Jeannin aux allures d’homme d’affaires) ou susurre à l’oreille d’Ève (touchante Amelia Sargisson), le Satan incarné par Peacock le fait avec grâce et une assurance magnétique qui lui sied diablement bien.
De la quête de revanche de Satan à l’expulsion d’Adam et Ève du jardin d’Eden, le texte de Shields multiplie les parallèles entre anges et démons et, aspect le plus intéressant de la pièce, les remises en question des décisions morales de chacun. Paradise Lost accorde en effet une large place à la question du libre arbitre, un cadeau empoisonné donné par Dieu à ses créatures aussi bien qu’à ses anges. Mais est-ce bien du libre arbitre quand le dessein divin s’en mêle? De fait, la pièce parle aussi d’oppression, d’obéissance aveugle, d’injustice et même de féminisme, même si elle passe plutôt rapidement sur le prix de la connaissance : une perte d’innocence à travers le gain immense d’une richesse intellectuelle et d’une soif de découverte permanente.
L’humour du texte, qui mêle à l’ensemble quelques références bien contemporaines, est bien servi par la distribution, majoritairement montréalaise, et par une mise en scène qui joue avec les codes dramaturgiques. La mise en scène de Jackie Maxwell met bien en perspective la dualité de chaque personnage et de l’éternel débat entre bien et mal. Les arguments de Satan, après tout, tiennent la route, et la bulle artificielle de naïveté et d’ignorance dans laquelle le Tout-Puissant maintient ses précieuses créatures humaines ne peut, inévitablement, que crever. Comme l’illustre, sans trop de subtilité, mais avec un visuel marquant, la scénographie faite d’une montagne de chemises impeccables au sommet, salies et noircies à la base, Bien et Mal sont inextricablement entremêlés.
Pièce comique malgré l’aridité du sujet, Paradise Lost repose en grande partie sur le personnage de Satan et sur l’interprétation lumineuse de Lucy Peacock, qui parvient à faire voir un point de vue différent, plus humain, de l’histoire biblique.