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Du 18 septembre au 13 octobre 2007
Représentations scolaires du 18 septembre au 12 octobre - suppl. 16-17 oct. 10h30 (scolaire)

Les Fourberies de Scapin

Texte de Molière
Mise en scène de daniel paquette
Avec Carl Poliquin (Scapin) entouré de (par ordre alphabétique) Catherine Dajczman, Patrice d’Aragon, Daniel Desparois, Chantal Dumoulin, Alexandre Frenette, Alain Fournier, Magalie Lépine-Blondeau, Olivier Morin et Jean-Guy Viau

«Mais que diable allait-il faire...»

À Naples, les habitants ont le sang chaud et les histoires d’amour sont pressantes. Si pressantes que deux jeunes garçons, Octave et Léandre, profitent de l’absence de leurs pères pour passer à l’action. Octave épouse Hyacinthe, une jeune fille pauvre, sans le consentement de son père Argante. Quant à Léandre, il s’amourache d’une gitane nommée Zerbinette, ce qui risque fort de déplaire à Géronte, son père.

Au retour de voyage des deux pères, qui ont évidemment d’autres plans matrimoniaux pour leurs fils, la situation risque de tourner à la catastrophe. Si ce n’était de Scapin, le plus rusé des valets, qui saura trouver les moyens de faire triompher l’amour et la jeunesse.

Les Fourberies de Scapin, créées en 1671, date de la dernière période de la vie de Molière, qui mourra deux ans plus tard. Comédie pure au rythme réglé au quart de tour, cette pièce est une célébration du théâtre. Scapin s’y révèle le double de Molière dramaturge en déclarant, dès son entrée en scène,  «Je puis dire, sans vanité, qu’on n’a guère vu d’homme qui fût plus habile ouvrier de ressorts et d’intrigues, qui ait acquis plus de gloire que moi dans ce noble métier.»

Collaborateurs : Claire L’Heureux, Anne-Marie Matteau, Anne Séguin-Poirier, Anne-Catherine Simard Deraspe, Patrice d’Aragon, Jacques-Lee Pelletier, Rachel Tremblay, Anne-Marie Cousineau, Han Masson, Jean-François Gagnon, Caroline Dubois

Une production du Théâtre Denise-Pelletier

Théâtre Denise-Pelletier
4533, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

 

 

par David Lefebvre

«Vaut mieux encore être marié qu'être mort!»

Les fourberies de Scapin signe le retour de Molière à la comédie, après quelques spectacles plus dramatiques, dont Tartuffe et Don Juan. Écrite en 1671 (donc deux ans avant la mort du maître), la pièce reprend plusieurs thèmes connus et chers à l'artiste : les jeunes couples qui s'aiment malgré leurs parents, les qui proquo, les mots d'esprit, les maîtres et les valets qui changent de place... Molière se dépeint, s'emporte, s'amuse. C'est une pièce sur l'inventivité, sur le jeu, sur le théâtre, empruntant mille trucs et astuces à la commedia dell'arte. Mais c'est aussi un texte sur la paternité, le patrimoine, et un plaidoyer sur la justice, celle des nantis, des pauvres, des amoureux, des serviteurs, et celle que l'on se fait - la justice personnelle.

 
Crédit photos : Robert Etcheverry

La version que nous offre le metteur en scène daniel paquette et le Théâtre Denise-Pelletier a définitivement tout pour plaire aux jeunes et aux moins jeunes. Même si la compréhension souffre un peu à cause du rythme effréné et aux nombreux rebondissements de la pièce, on ne peut qu'apprécier le tempo réglé au quart de tour et le jeu festif, à la limite caricatural, des acteurs. Carl Poliquin nous offre, encore une fois, un splendide spectacle, dans la peau d'un Scapin aux allures du Capitaine Sparrow (Johnny Depp dans le Pirate des Caraïbes) ; Olivier Morin nous fait mourir de rire dans son rôle d'Octave, jeune premier aussi amoureux de sa belle Hyacinthe qu'effrayé par son père. Chaque personnage porte en lui une certaine contradiction que les acteurs arrivent à reproduire sur scène avec beaucoup d'élégance - l'insouciance et l'émoi, la peur et le courage, la colère et l'humilité, la mesquinerie et la générosité. La troupe nous surprend encore grâce à ses qualités musicales : à quelques reprises, plusieurs d'entre eux jouent d'un instrument ou chantent, et ce, d'une façon très juste et harmonieuse. On a même droit à une vielle à roue, gracieuseté de Patrice d'Aragon.


Crédit photo : Robert Etcheverry

Le décor, qui rappelle le fouillis d'un port de mer et d'un chantier (celui que deviendra le théâtre bientôt), se forme presque exclusivement d'accessoires grands formats : un échafaud avec ascenseur et contrepoids, des câbles, un lit, un chariot. À l'arrière, un grand panneau lumineux reproduit l'éclairage d'un jour allant vers la nuit. On soulève alors quelques énormes triangles de tissus; hop! on simule les voiles de navires accostés au port de Nantes. Ingénieux et simples, le décor (d'Anne-Marie Matteau) ainsi que les éclairages (d'Anne-Catherine Simard Deraspe) remplissent habilement leurs offices. Sans que la pièce ne soit ni modernisée ni figée dans le temps, les éléments de chantier, les costumes aux multiples tissus, les choix de la mise en scène et de la direction d'acteurs créent un pont entre le XVIIe et le XXIe siècle.

Les fourberies de Scapin, farce en trois actes qui a légué à la postérité l'expression «Mais qu'allait-il faire dans cette galère ?», plaît assurément au public, qui applaudit chaleureusement et avec raison la troupe, qui porte à bout de bras ce spectacle entraînant et joyeux.

24-09-2007