Section théâtres Archives des pièces Les coulisses - reportages, entrevues... Liens utiles À propos de MonTheatre.qc.ca.. Contactez-nous Section Montréal

Retour à l'accueil Imprimer cette page Archives Accueil

Du 18 mars au 5 avril 2008
Du mardi au samedi 19h30
Rencontre avec les artistes le jeudi 27 mars

Les histoires extraordinaires de Jules Verne

Directeur littéraire et artistique : Jean-Paul Dekiss
Conteurs : Olivier Cariat, Vincent Gougeat, Dominique Herbet

À Luktrop – petite ville pleine de mystères et hors du temps – trois amis se racontent des histoires… Entre un air d’accordéon et une chanson de marin, d’étranges personnages font irruption : Maître Zacharius, l’horloger qui avait vendu son âme pour atteindre l’immortalité ; le docteur Trifulgas, qui meurt victime de son avarice et de sa dureté de cœur ; la belle Marie, prête à affronter le froid et les ours blancs pour retrouver son fiancé ; Pierre-Jean, le bagnard qui retrouve la liberté grâce à une ancienne bonne action ; sans oublier Raton, le rat goutteux qui nous apprend à accepter notre destin avec philosophie. Le spectacle est une adaptation de différents contes de Jules Verne.

Avec le projet des Voyages extraordinaires contés, le Centre International Jules Verne souhaite aider à la relance de l’oralité littéraire. Les différents conteurs investis dans le projet élaborent des spectacles thématiques à partir des 62 romans et des 18 nouvelles des Voyages extraordinaires qui composent l’œuvre de Jules Verne. Des pistes sont tracées, des titres évoqués, des portes entrouvertes vers d’autres univers, des personnages entr’aperçus qui n’apparaîtront que le lendemain, ou plus tard…  Cette forme théâtrale garde ainsi la mobilité, la spontanéité et l’appropriation des textes propres à l’univers du conte.

Une production du Centre International Jules Verne (Amiens, France)

Salle Fred-Barry
4533, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

 

par David Lefebvre

Né à Nantes, en 1828, le petit Jules ne se doutait sûrement pas, en revenant de l’école et en s’intéressant aux récits des marins, qu’il deviendrait, un jour, le grand Verne, reconnu de par le monde pour ses Voyages extraordinaires : Cinq semaines en ballon, Les aventures du capitaine Hatteras, Voyage au centre de la terre, Le tour du monde en 80 jours, De la Terre à la lune… Il a fasciné des générations grâce à ses récits d’anticipation et ses aventures romanesques, et intéressé des milliers de jeunes gens à la lecture et aux sciences.  Verne s’éteint en 1905 à Amiens, malade de diabète. Il laisse derrière lui des œuvres qui ont traversé le temps et enflamment toujours petits et grands.  Visionnaire, quelques-unes de ses idées les plus extravagantes se verront pourtant se réaliser, tel l’invention du sous-marin, le voyage vers la lune et les tours du monde à une vitesse éclair. Pourtant, de ce génial romancier, on connaît peu de choses sur ses nouvelles, vu l’ampleur du travail et du succès de ses romans - il a écrit plus de 60 romans contre 18 nouvelles. Le Centre international Jules Verne, aux activités riches et multiples, s’est engagé à présenter ces derniers au large public. Pour se faire, les créateurs français, dont le directeur littéraire et artistique, Jean-Paul Dekiss, ont décidé d’aller vers la «relance de l’oralité littéraire». Le secret, se sont-ils dit, pour faire vivre les histoires de Verne, se trouve dans le style du conte.

L’équipe de création a donc fait appel à trois conteurs professionnels : Olivier Cariat, Vincent Gougeat et Dominique Herbet. Dès le début du spectacle, leur naturel et leur talent se manifestent et se sentent immédiatement ;  le ton est jovial, exaltant, et ils nous transportent avec une facilité déconcertante à travers cinq différentes histoires. Le spectacle, qui n’est pas figé, présente alors des surprises à chacune des représentations. Chaque conteur s’est approprié quelques textes, qu’il décortique et manipule à sa manière ; leur plaisir de travailler en équipe et leur capacité d’adaptation font en sorte que le spectacle coule parfaitement, sans anicroche entre les histoires, toutes finalement reliées les unes aux autres. Comme si nous étions dans une taverne de bord de mer, on tend une oreille puis on ouvre l’œil pour plonger dans les histoires de ces matelots qui reviennent du large, lampe à la main. D’un hivernage dans les glaces du nord à la recherche d’un marin perdu en mer, aux rigueurs du bagne, en passant par l’horlogerie et un conte de fées au style remanié, les mots de Verne voguent sur des thèmes aussi moraux que fantastiques : l’orgueil démesuré, le courage surhumain, la métempsycose (transformation d’un être vers une autre forme selon son mérite)… On passe du reportage à la nouvelle, rappelant Poe, de la satire sociale au drame intensifié par la sonorité des mots choisis.  La musique est aussi de la partie : on s’accompagne à la guitare rappelant le style de La Rue Kétanou, on utilise avec imagination l’accordéon pour imiter le vent ou les sirènes de bateaux.

La vivacité des dialogues, la langue riche mais souple et la réciprocité des conteurs avec le public rendent ce spectacle (et ses interprètes) extrêmement sympathique. Le seul bémol réside au niveau du manque de décor et de l’éclairage statique, trop clair et orangé. L’idée d’amener ce spectacle au théâtre était bien, voire nécessaire, mais comme il aurait été approprié et encore plus jouissif d’y assister dans un endroit plus inspirant, comme un bar ou une taverne ! Entendre les verres qui s’entrechoquent, les rumeurs de la rue, se retrouver au même niveau que les conteurs (au lieu de siéger dans des gradins) auraient été des plus stimulants, et auraient rendu la fabulation encore plus faussement véridique. Malgré tout, Les histoires extraordinaires de Jules Verne satisfera les curieux, les amateurs et les néophytes, en attendant le deuxième spectacle de la série s’inspirant des écrits de Verne, cette fois-ci sur le thème du froid, actuellement en création, en France, avec le conteur québécois Bernard Grondin.

20-03-2008