Texte de Shakespeare
Adaptation, traduction et mise en scène de daniel paquette
Avec Luc Bourgeois, Pierre-Yves Cardinal, Michel Daviau, Frédéric-Antoine Guimond, Marc-André Leclair, Denis Lehoux-Faucher, Louis-Olivier Mauffette, Olivier Morin, Daniel Paquette, Nicolas Pinson, Blaise Tardif, Philippe Thibaudeau, Érick Tremblay
Dans Vérone la belle, défigurée par la peste, les Montaigu et les Capulet, deux grandes familles puissantes, se vouent une haine véhémente et inextinguible. Un jour, au cours d’un grand bal masqué donné par les Capulet, Roméo, fils unique des Montaigu, tombe amoureux de la belle Juliette, fille unique des Capulet. Cachés sous des masques et sans se reconnaître, tous deux vivent un coup de foudre irrésistible. Mais lorsque les identités réelles se dévoilent, il devient évident que les embûches seront nombreuses, pour ne pas dire insurmontables…
Grâce au génie de leur auteur et à la force de leur amour, Roméo et Juliette ont acquis le statut immortel de figures emblématiques. Daniel Paquette, dont on a applaudi Les Fourberies de Scapin la saison dernière, pousse l’audace jusqu’à nous proposer un spectacle monté dans la plus pure tradition élisabéthaine où tous les rôles sont tenus par des hommes.
«… la mise en scène est fougueuse, le spectacle ne souffre d’aucun temps mort, l’énergie des comédiens est tout simplement fascinante. » montheatre.qc.ca, avril 2007
Sur la photo : Olivier Morin et Nicolas Pinson
Crédit photo : Luc Lavergne
Concepteurs et collaborateurs artistiques : Anne-Marie Matteau, Anne-Catherine Simard-Deraspe, Pierre-Marc Beaudoin, Carl Poliquin, Caroline Dubois, Han Masson, Angelo Barsetti, Claire L’Heureux
Une production de la Société Richard III
Théâtre Denise-Pelletier*
Lieu : Centre Pierre-Péladeau*
353, Boul. de Maisonneuve Est (entre les rues St-Denis et Sanguinet) Métro Berri-UQÀM
Billetterie : (514) 253-8974 ou Réseau Admission 514 790-1245
par David Lefebvre (critique de 2007, alors que le spectacle était donné à Fred-Barry)
Roméo et Juliette. Possiblement la plus belle et tragique histoire d’amour. Combien de fois cette pièce a-t-elle été montée ? Combien de metteurs en scène ont tenté de l’adapter, de la moderniser, de la presser pour en tirer tout le jus possible ? À chaque fois que ces deux noms connus du monde entier se retrouvent sur la marquise d’un théâtre, la question se pose toujours : pourquoi encore ce texte, et est-il pertinent de monter ce spectacle maintenant, après tant d’adaptations ? Il faut alors de l’audace et une vision sûre pour présenter ce couple mythique aux spectateurs qui, pour la plupart, connaissent le texte et les nombreux rebondissements. Le metteur en scène et comédien daniel paquette ne semble pas en manquer, et va encore plus loin : en plus de l’espace très restreint de la salle Fred-Barry, qui cause un casse-tête technique intéressant au niveau du nombre élevé des personnages et de lieux, tous les comédiens sont des hommes, comme au temps de Shakespeare. Un défi que la troupe relève avec adresse.
À notre entrée dans la salle, nous avons l’impression d’être dans une arène : les Capulet d’un côté font face au Montaigu de l’autre. Assis sur des bancs, se regardant en silence, on sent immédiatement la hargne et la fureur qui les séparent. Puis, on aperçoit le prince de Vérone (Michel Daviau) tout en haut d’une tour avec escaliers – que l’on déplace tout au long de la pièce pour représenter différents endroits. De sa voix grave, presque caverneuse, il ouvre l’histoire d’une narration sentie, dramatique. Puis voilà qu’on plonge dans une querelle, sans attendre. Les épées se dégainent et un combat s’ensuit. La chorégraphie de Carl Poliquin est plutôt impressionnante, et les coups plus dangereux ou sournois se donnent en « slow motion », évitant les blessures et donnant une esthétique plus cinématographique à l’ensemble. Les costumes, d’Anne-Marie Matteau, sont soignés et d’époque victorienne. La musique de Pierre-Marc Beaudoin est tout aussi tragique que l’histoire, appuyant parfois un peu trop fortement les dialogues.
L’adaptation de daniel paquette s’en tient à l’essentiel : la rivalité entre les deux familles, la violence qu’elle engendre et ses conséquences, l’honneur, l’amour adolescent-coup de foudre et inconditionnel de deux âmes qui ne semblent pas à leur place dans leurs familles respectives et la mort, la Faucheuse, omniprésente dans le texte. Les comédiens ne font pas que jouer, ils incarnent et défendent avec ardeur leurs personnages. Il aurait été si facile de tomber dans la caricature, surtout du côté des rôles féminins, mais étonnamment et heureusement, ça marche. Sébastien René, qui incarne une Juliette qui quitte l’enfance de force, est tout simplement incroyable. On arrive même à se faire berner et douter de temps à autre… Gabriel Lessard à la trempe pour jouer un Roméo : beau, rêveur et amoureux. Les scènes de tendresse entre les deux tourtereaux sont parfois plus passionnées que ce que certains couples, formés d’un homme et d’une femme, ont pu dégager au théâtre. Par contre, lors de la première médiatique, la première scène les unissant était presque inaudible pour les spectateurs à droite de la salle.
Bien entendu, la pièce ne réinvente pas le genre. On reconnaît un côté classique dans certaines scènes, un côté plus commedia dans d’autres. Mais la mise en scène est fougueuse, le spectacle ne souffre d’aucun temps mort, les changements sont rapides, l’énergie des comédiens est fascinante et le tout fonctionne totalement.