Du 23 septembre au 9 octobre 2009, 19h30
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Monsieur de Pourceaugnac

Texte de Molière
Mise en scène de Marc-André Leclair
Avec Émilie F. Archambault, Véronique Béchard, Guillaume Bissonnette, Marlène Fontaine, Marc-André Leclair, Denis Lehoux-Faucher, Erick Tremblay

Deux jeunes amants, Eraste et Julie, écartent un prétendant indésirable, monsieur de Pourceaugnac, grâce aux duperies d’un fourbe, Sbrigani. Comédie méconnue de Molière sur un provincial qui «arrive en ville», la pièce prend une tournure historique inattendue aux mains de la compagnie Tu vas le sentir qui campe l’action en Nouvelle-France aux débuts de la colonie. À l’époque, le théâtre est très mal vu et même interdit par le clergé et le gouverneur. Or, une troupe de comédiens de Ville-Marie, dirigée par le marquis d’Argençon, décide de passer outre l’interdiction… Ils joueront Monsieur de Pourceaugnac clandestinement!

Collaboration artistique : Maude Limoges, Christine Garand, Simon Dépot, Véronique Béchard, Sophie Lepage

Une production du Théâtre Tu vas le sentir
en codiffusion avec le TDP

Crédit photo : Sébastien Ventura

Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

par Olivier Dumas

Premier morceau de la nouvelle saison de Fred-Barry, c’est à la Caserne Létourneux que le public a le bonheur de découvrir ou de redécouvrir une pièce méconnue du grand Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Écrite en 1669 sous la forme de comédie-ballet, année du triomphe de Tartuffe et deux ans avant Les Fourberies de Scapin, Monsieur de Pourceaugnac demeure probablement l’une des œuvres les moins jouées de l’auteur des Femmes savantes, du Bourgeois gentilhomme et autres Médecin malgré lui. Avec des moyens scénographiques sobres et une énergie contagieuse, la jeune compagnie de Théâtre Tu vas le sentir s’éclate dans ce spectacle effervescent, qui plaira autant aux adolescents à qui cette production est dédiée qu’aux inconditionnels de l’art théâtral.

Dans une mise en abîme pédagogique, le metteur en scène Marc-André Leclair a campé l’action en Nouvelle-France, au début de la colonie. À l’époque, le clergé et le gouverneur interdisaient toute manifestation artistique sous peine d’arrestation, à preuve l'énorme scandale suscité ici par Tartuffe. Dirigée par le marquis d’Argençon, une troupe de comédiens choisie parmi ses domestiques décide de jouer clandestinement, en pleine nuit, Monsieur de Pourceaugnac. Dès l’entrée dans la petite salle de la Caserne Létourneux, des personnages de paysans se promènent sur scène et interagissent en invitant l'auditoire à  prendre place, auditoire qui constituera par la suite les invités du marquis.

Les spectateurs, familiers avec les chassés-croisés amoureux du créateur des Précieuses ridicules, se retrouvent en terrain connu. Oronte veut marier sa fille Julie à M. de Pourceaugnac, un gentilhomme grotesque, vulgaire, mais fortuné. Mais Julie aime Éraste et souhaite que le provincial trouble-fête qu’on lui a promis retourne dans son patelin. Les deux amants comptent sur le génie aventurier de Sbrigani pour arriver à leurs fins. Par souci d’économie, plusieurs coupures ont été effectuées, principalement par le retrait des divertissements musicaux de Lulli, recentrant ainsi l’enjeu dramatique et l'intérêt pour un feu roulant de péripéties comiques.

Le plaisir vient d’abord par le choix de la jeune compagnie Tu vas le sentir de se mesurer à un texte peu monté ici. Sous la gouverne de Marc-André Leclair qui incarne également le marquis, la distribution composée d’Émilie F. Archambault, Véronique Béchard, Guillaume Bissonnette, Marlène Fontaine, Denis Lehoux-Faucher et Erick Tremblay offrent à tous des compositions dynamiques dans ce carnaval de burlesque. Autant dans leurs gestuelles inspirées du meilleur de la commedia dell’arte que dans une diction irréprochable dans les différents niveaux de langue, elle a conquis la salle par son entrain et sa bouffonnerie, particulièrement Erick Tremblay dans son interprétation pétillante de Sbrigani, cette créature inspirée par les facéties d’Arlequin. Pendant les 90 minutes de la représentation, sa démarche et ses réparties mordantes révèlent une intelligence remarquable des planches pour ce jeune comédien en début de carrière.

Alors que l’automne s’aventure vers des soirées plus frisquettes, Monsieur de Pourceaugnac représente l’antidote idéal pour contrer toute tentation de morosité: une farce délirante mariant le burlesque et la critique sociale, écrite par l’un des génies de la comédie, une distribution jeune et prometteuse, une mise en scène vivifiante, une invitation à redécouvrir le répertoire théâtral par une troupe de la relève. Que demander de mieux? À constater l’enthousiasme des spectateurs, néophytes pour la plupart, la réussite est totale.

27-09-2009

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