Du 7 au 22 avril 2010
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La tempête

Texte de William Shakespeare
Traduction et adaptation de Michel Garneau
Mise en scène d’Isabelle Cauchy
Avec Amélie Bergeron, Jean-François Hamel, Sylvain Hétu, Ariane Bisson McLernon, Érika Tremblay-Roy

Prospéro, chassé de son duché par son frère Antonio et Alphonse le roi de Naples, vit sur une île avec sa fille Miranda, son esclave Caliban et Ariel, un esprit. En douze ans d’exil, Prospéro a appris à maîtriser les éléments. Sur son île, impossible d’échapper à ses pouvoirs magiques. S’approche un navire avec à son bord ses ennemis jurés. Alors se déchaîne La Tempête… L’heure des règlements de comptes a sonné.

Musique + environnement sonore de Michel G. Côté
Collaboration artistique : Marcelle Hudon, Catherine Duval, Thomas Godefroid, Patrice Daigneault

Une production du Petit Théâtre de Sherbrooke
en codiffusion avec le TDP

Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

par Marie-Pierre Bouchard

Vent de renouveau, souffle de folie

Comment adapter librement le grand classique de Shakespeare, oeuvre ultime de son répertoire, en vue de le présenter devant un public adolescent? Comment rendre attrayant un récit atypique, complexe et hautement symbolique, sans le dénaturer?

Michel Garneau et Isabelle Cauchy ont relevé le défi avec brio. Tout d’abord, en raccourcissant considérablement le texte — un exploit en soi — et en adaptant subtilement le niveau de langage pour le rendre accessible, drôle et mordant. Ensuite, en exploitant d’entrée de jeu le sentiment d’urgence qui habite Prospéro alors qu’il est l’heure pour lui de mettre en oeuvre le plan stratégique qui les sauvera, lui et sa fille Miranda, de la déchéance et de l’isolement. La mise en scène est imprégnée de cette pression qu’a le roi déchu d’accomplir cette surnaturelle machination. Ainsi, l’action se déroule à un rythme soutenu, les situations et les quiproquos s’enchaînent rapidement. En se concentrant sur l’essentiel et y allant d’une cadence accélérée, Cauchy et Garneau réussissent à donner une clarté inédite au récit sans toutefois le dépouiller de son aura de mystère.

La magie et autres éléments énigmatiques plaisent d’emblée. Ariel, esprit de l’air, envoûte la scène d’une voix flûtée savamment distordue, échos qui tourbillonnent en vrille au rythme des effets de lumières, efficaces malgré leur apparente simplicité. Quant à l’interprétation de cette myriade de personnages qui peuplent La Tempête, quatre comédiens suffisent à la tâche, changeant de costumes, de sexe et d’accent sans vaciller, sans temps mort. Érika Tremblay-Roy est désopilante dans les personnages de Gonzalve et d’Étranglo, émouvante dans celui de Miranda. Amélie Bergeron défend admirablement ses deux rôles masculins — pied de nez à l’ancienne tradition misogyne clamant qu’une femme n’avait pas sa place sur une scène, quitte à faire interpréter les rôles féminins par des hommes. Jean-François Hamel fait preuve d’une grande versatilité en interprétant tour à tour Sébastien, Ferdinand et Caliban. Quant à Sylvain Hétu, il est tout simplement renversant dans le rôle de Prospéro.

Marcelle Hudon signe une conception visuelle inventive malgré des moyens manifestement très modestes: des draperies amples et versatiles, un minimum d’accessoires et des costumes remarquables truffés d’anachronismes installent un climat à la fois grave, ludique et intemporel. L’environnement sonore créé par Michel G. Côté amplifie l’atmosphère onirique et ajoute une touche de surnaturel.

Bref, cette dynamique adaptation de La Tempête, livrée avec humour, intelligence et générosité, en est une fort belle réussite. À sentir la concentration dans la salle, le spectacle est manifestement captivant pour le jeune public, et ses applaudissements enthousiastes à la tombée du rideau ne laissent aucun doute quant à son appréciation.
11-04-2010

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