Du 13 janvier au 10 février 2010
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La princesse Turandot

D’après les œuvres de Gozzi et Puccini
Adaptation et mise en scène de Hugo Bélanger
Avec Patrice d’Aragon, Éloi Cousineau, Maude Desrosiers, Nico Gagnon, Marie-Claude Giroux, Kim Gourdeau, Marie-Ève Milot, Carl Poliquin, Julie Roussel, Catherine Ruel, Marie-Claude St-Laurent, Martin Vachon

La Princesse Turandot est terriblement belle, mais s’oppose à tout amour terrestre. Refusant de se marier et nourrissant une haine féroce des hommes, elle propose à quiconque veut l’épouser trois énigmes à résoudre sous peine de se voir trancher la tête. Quatre-vingt-dix-neuf prétendants ont déjà échoué lorsqu’un jeune Prince étranger demande à subir l’épreuve. Saura-t-il terrasser l’orgueil de la plus belle femme du Royaume ? L’Occident rencontrera-t-il l’Orient ? Le soleil tiendra-t-il son rendez-vous avec la lune ?

Après le délirant Oiseau vert, commedia dell’arte (hiver 2009), Hugo Bélanger et sa troupe font revivre leur Princesse Turandot. Cette relecture originale du grand classique de Gozzi et de l’opéra de Puccini vous transportera dans un univers fantastique que vous ne voudrez plus quitter.

Samedi 16 janvier à 14h30 : Les Rendez-vous de Pierre
Samedi 30 janvier : Rencontre avec les artistes après la représentation

Collaborateurs : Geneviève Gagnon, Joannie D’Amours, Geneviève Camirand, Catherine Gohier, Patrice d’Aragon, Véronic Denis, Florence Cornet, Marie-Pier Fortier

Une production du Théâtre Tout à Trac
présentée par le TDP

Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

par Mélanie Viau

Vous est-il déjà arrivé de quitter une salle de spectacle en faisant la promesse de revenir goûter à ce grand moment d’enchantement en compagnie de vos proches, parce que cette pièce à laquelle vous venez d’assister est venue allumer en vous ce que l’inconscient collectif a de plus beau, de plus magique, de plus mystérieux? Offrir et partager les bonheurs de l’art, telle est l’envie que nous donne le Théâtre Tout à Trac en nous invitant dans l’univers majestueux et fantaisiste de La Princesse Turandot. Récipiendaire du Masque de l’adaptation en 2006, ce véritable bijou de création continue à recevoir les éloges après qu’on lui ait décerné cinq nominations à la soirée des Masques ainsi que cinq Prix du public étudiant lors de sa première sortie au Théâtre Denise-Pelletier. L’adaptation libre d’Hugo Bélanger, puisant son inspiration dans la tragi-comédie de Gozzi (lui-même inspiré des fabuleux contes des Milles et Un Jours) et dans l’opéra de Puccini (connu pour Madame Butterfly), se pose comme une incroyable rencontre entre la noblesse du rituel oriental et l’éclat spontané du théâtre populaire occidental. Un spectacle ouvert sur l’imaginaire, propulsé par le rire au sommet d’une beauté universelle.

La fable n’échappe pas au structuralisme formel des contes traditionnels. Un prince, mandaté par son défunt père, part en quête de son destin jusqu’au royaume lointain où une cruelle princesse offre au bourreau la tête de tous les aspirants au trône incapables de répondre à ses trois énigmes. L’enchaînement des péripéties, mêlant adjuvants (ici Arlequin, changé clandestinement en Abdallah) et opposants, mène à une fin heureuse et salutaire. Épurée des grands moments tragiques de l’opéra (on a choisi ici de soutirer quelques personnages, dont Liu, la servante du prince, qui se poignarde par amour pour lui, emmenant ainsi le secret de son nom dans la tombe), la mise en scène exploite avec force les canevas de scène que Gozzi vouait à l’improvisation pour donner ainsi une dynamique explosive à la commedia dell’arte de Tout à Trac. Les moments de distanciation sont dirigés par un esprit vif et un brillant regard critique, le tout avec un humour extraordinaire. Rarement nous avons vu un public aussi hétéroclite rire avec autant de plaisir et d’éclats.


Crédit photo : Marc-Antoine Duhaime

Imaginative, organique et colorée, la mise en scène témoigne d’un travail d’orfèvre tant sur l’orchestration visuelle et sonore que sur la direction d’acteurs. Le côté hybride de l’esthétique, s’inspirant à la fois des formes de l’ouest et de l’est (le nô, le kabuki, le bunraku), rappelle  le travail d’Ariane Mnouchkine, pour qui la rencontre entre les cultures est gage de grandes œuvres scéniques. Les acteurs, ayant travaillé en coaching sur la gestuelle asiatique (Tai Wei Foo et Huy-Phong Doan), font naître, dans un décor de rêve (Joannie D’Amours et Geneviève Camirand) illuminé par des lanternes chinoises (conception d’éclairages de Catherine Gohier et Éric Gendron), une galerie de personnages tous plus merveilleux les uns que les autres. Maude Desrosiers incarne une Turandot vibrante d’intensité, mystique, inatteignable. Le duo comique de Truffaldino et Tartaglia, formé par Eloi Cousineau et Carl Poliquin, un duo inventif, punché et attachant, gagne une place de choix dans le cœur du public qui en redemande encore et encore de ces charmantes pitreries italiennes. L’interprétation musicale de Patrice d’Aragon est à couper le souffle, et à plusieurs moments nos yeux se détachent de l’action en scène pour le regarder jouer, avec force, beauté et prestance, de ces instruments venus de Chine, du Japon, de Corée, du Tibet… Et du coup on est transporté loin loin loin, dans ce pays de notre imaginaire.

Véritable merveille artistique, La Princesse Turandot  est une expérience théâtrale puissante, doté d’une grande richesse culturelle à laquelle on veut goûter plus d’une fois.

18-01-2010

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