Sexy Béton - L'intégrale Mise en scène d’André Perrier et Sophie Vajda
Avec Stéphane Blanchette, Pierre Collin, Alex Ivanovici, Maude Laurendeau-Mondoux, France Rolland, Paul Stewart, Brett Watson
À consulter
Sexy Béton I [critique]
Sexy Béton II: Justice [critique]
Sexy Béton III: Abandon [critique]
Une production Porte Parole en codiffuion avec le TDP
Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
par Sara Fauteux
Que s’est-il passé lors de l’effondrement du Viaduc de la Concorde ? Pourquoi personne n’a-t-il été reconnu coupable ou responsable de cette tragédie ? Qu’est-il arrivé aux victimes ? Annabelle Soutar, cofondatrice du Théâtre Porte Parole et auteure du spectacle Sexy Béton, est une de rares citoyennes à s’être posé ces questions. En tentant de découvrir la vérité, elle a questionné et rencontré des politiciens, des ingénieurs, des témoins et aussi, les victimes. Sexy Béton a d’abord été présenté en trois épisodes, dont on nous présente aujourd’hui à la salle Fred-Barry la version intégrale et retravaillée.
Ce qui est dénoncé dans Sexy Béton, c’est non seulement la commission d’enquête menée par Pierre-Marc Jonhson, qui se dérobe à sa mission en évitant de porter des accusations véritables, mais aussi, le silence de la population face à cette situation. Maude Laurendeau-Mondoux et Brett Watson sont deux comédiens qui, tentant de découvrir la vérité, ne peuvent s’empêcher de s’impliquer et de venir en aide aux victimes. Leur implication et leur combat sont le reflet de celui mené par Soutar et cet angle de l’histoire nous permet de réaliser à quel point nous avons tous une responsabilité dans les enjeux de notre société
La pièce est donc construite autour d’une intrigue. Réussiront-ils à découvrir les véritables responsables de la tragédie et surtout, parviendront-ils à venir en aide aux victimes et à leur donner les moyens de se défendre ? Malgré le sujet un peu aride de Sexy Béton, l’intrigue et le dynamisme de la mise en scène en font un spectacle captivant du début à la fin. Porte Parole rassemble ici une importante quantité d’informations et la vulgarise intelligemment pour ses spectateurs. La recherche effectuée pour le spectacle est manifestement très poussée et motivée par une quête de vérité authentique.
Cela dit, si le contenu de la pièce est essentiel et courageux, la forme que prend ce contenu coup-de-poing sur scène est d’une pertinence un peu moins limpide. Malgré quelques très bons passages, les choix de mises en scène semblent par moments étranges, flous, et ne sont pas toujours en harmonie avec la forme du texte. Les acteurs jouent pour la plupart plusieurs rôles et les transitions sont parfois peu fluides, nuisant ainsi à l’interprétation. Mentionnons toutefois l’excellente performance de France Rolland qui brille par son aisance et la solidité de son jeu du début à la fin.
Peut-être parce que nous sommes (trop) peu exposés au théâtre documentaire, Sexy Béton soulève tout de même un certain malaise chez le spectateur. Si Soutar souligne l’importance de laisser chaque personnage se défendre sur scène sans jugement, le parti pris est évident. La forme théâtrale permet, certes, d’entrevoir l’humanité des personnages, mais tous n’ont pas la chance d’avoir la sympathie de l’auteur. De plus, la pièce tombe parfois dans un pathos qui semble un peu déplacé, compte tenu de la vocation documentaire de la production et qui n’est en outre absolument pas nécessaire pour soulever l’émotion.
Malgré ces faiblesses, il s’agit définitivement d’un spectacle à voir et d’un genre à découvrir. On sort du théâtre bouleversé, mais aussi, beaucoup plus informé sur la situation et à même de prendre part au débat public. En plus de sensibiliser la population, la pièce a permis de rassembler les victimes et de leur fournir des moyens pour obtenir justice. Alors que la communauté théâtrale pose souvent la question de son implication sociale, Porte Parole est un exemple de théâtre pertinent et engagé, qui agit de manière concrète dans sa communauté.