Assistance à la mise en scène et son Yves Ferry
Dramaturgie Jean-Marie Pérez
Vidéo Vincent Di Rosa
Éclairages Hamid Jouhdy
Événement Camus les 5, 8 et 9 octobre 2010
Les Rencontres internationales Camus et la jeunesse
Le mardi 5 octobre à 19 h 30, à l’auditorium de la Grande Bibliothèque, cette première rencontre aura pour thème Le Premier Homme, symphonie inachevée. Agnès Spiquel de l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis (France), présidente de la Société des études camusiennes, nous entretiendra du dernier roman de Camus dont la rédaction fut brutalement interrompue par sa mort accidentelle. Des extraits de l’œuvre seront lus par le comédien Albert Millaire (Entrée libre).
Le vendredi 8 octobre, de 13 à 17 h à la Salle Fred-Barry du TDP se succéderont trois rencontres. Sur le thème Albert Camus et les jeunes : anti-conformisme et soif de justice, la première rencontre de cette journée débutera avec le conférencier Vincent Grégoire, Nichol Professor of French au Berry College en Georgie aux États-Unis, qui nous parlera de La révolte des jeunes dans l’œuvre de Camus, du jeune héros « camusien » souvent en rébellion, à l’esprit indépendant et souvent anticonformiste, suivi d’Agnès Spiquel qui abordera Être jeune et vieillir dans le roman inachevé Le Premier Homme.
La deuxième rencontre s’articulera autour du thème Le tragique sous les éclats solaires – la parole active de Camus. Moni Grégo, codirectrice artistique de la Compagnie Théâtrale de la Mer à Sète en France et adaptatrice et metteur en scène de L’Étranger, présentée à la Salle Fred-Barry du 29 septembre au 23 octobre, nous parlera de Camus : un frère méditerranéen, alors que Pierre-Jean Peters, interprète de Meursault dans la production l’Étranger, abordera Camus et la jeunesse : un soleil éternel, interrogeant son rapport à Camus qui a marqué sa jeunesse, un Camus qui nous apprend « quelques valeurs sans lesquelles le monde ne vaut pas la peine d’être vécu ». Cette journée se terminera par une table ronde animée par Pierre Rousseau, directeur artistique du Théâtre Denise-Pelletier, avec des enseignants et des élèves qui auront assisté à une représentation de l’Étranger.
Le samedi 9 octobre, de 13 h à 17 h, à la Salle Fred-Barry, la rencontre débutera autour de Camus et le théâtre avec Eugène Kouchkine, chercheur à l’Université de Picardie Jules Verne, dont la conférence portera sur Camus devant les jeunes : un miroir qui renseigne, dans laquelle il abordera entre autres la jeunesse théâtrale de Camus, les relations maître-disciple, telles qu’il les concevait et l’évolution du dramaturge à travers les différents cycles de sa création. Il analysera les transformations que subissent les personnages jeunes dans l’écriture romanesque et théâtrale de Camus.
Suivra Caligula : quelles lectures, quelles interprétations ? À cette table ronde présidée par Hélène Beauchamp coordonnatrice des Rencontres, participeront Sophie Bastien, du Collège militaire royal du Canada à Kingston en Ontario, Ansie Saint-Martin, comédienne, interprète de Caesonia dans Caligula au Théâtre du Trident, Marc Beaupré, directeur artistique de la compagnie théâtrale Terre des Hommes et metteur en scène de Caligula (Remix), et Yan Hamel de Télé-Université (TÉLUQ).
Enfin, l’événement Camus se terminera par une rencontre-bilan sur le thème de Camus et la jeunesse au XXIe siècle. Ce sera le moment de faire le point sur ce que Camus peut apporter à la jeunesse actuelle, sur la pertinence de son œuvre génération après génération, sur l’importance de l’inscrire au cursus scolaire en 2010.
Sur inscription, entrée libre aux rencontres des 8 et 9 octobre à la Salle Fred-Barry : (514) 253-8974
Une production de la Compagnie Théâtrale de la Mer (France)
présentée par le TDP
Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
par Daphné Bathalon
Jusqu’au 23 octobre, la salle Fred-Barry accueille le soleil et la mer du sud. Dans une mise en scène de Moni Grégo, le comédien Pierre Jean Peters prête ses traits au personnage de Meursault, le fameux Étranger d’Albert Camus. Pour souligner les 50 ans de la mort de ce grand auteur français, le Théâtre Denise-Pelletier a en effet invité cette production française de la Compagnie Théâtrale de la Mer.
L’étranger de la pièce éponyme est un homme porté par les événements et que les événements eux-mêmes semblent laisser indifférent. Le personnage-narrateur nous raconte ainsi comment il a appris la mort de sa mère et a assisté à son enterrement, puis comment il est devenu le meurtrier d’un homme sur une plage, un jour de grand soleil. On assiste ensuite à son procès où les hommes lui reprochent bien plus de n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère que le meurtre qu’il a commis.
Sur scène, dans une salle fraîchement rénovée, deux toiles colorées suggèrent l’Algérie où est né Camus et où prend place le drame qui mènera Meursault à sa condamnation à mort. Les tons doré et bleu des toiles réussissent à nous transporter dans le sud, malgré quelques éléments de décor parasites. Muret de pierre, fausses colonnes grecques et crâne humain déconcentrent en effet le spectateur dont toute l’attention devrait pourtant se centrer sur le récit livré par Pierre Jean Peters. Pourquoi de tels ajouts quand la narration à elle seule parvient à nous transporter? On imagine facilement l’éclat de lumière, le soleil insoutenable, le sel, les vagues et la chaleur écrasante évoqués par le personnage.
Dans son adaptation du roman de Camus, Grego souhaitait voir un Meursault plus sensuel, malgré son indifférence, et Peters joue parfaitement sur ces deux tableaux. Le Meursault qu’il interprète semble étranger à ses propres sentiments pendant toute la première partie du spectacle, avant le meurtre et le procès, puis tranquillement, son attitude se transforme, devient plus incarnée. La révolte le prend soudain lorsqu’il s’agit de mettre l’aumônier à la porte de sa geôle, puis il retombe dans son détachement face au monde et à ses illusions. Peters parvient à bien rendre la lente transformation. « Tout est centré sur la musique de la parole, le comportement physique quand il raconte son histoire. La première moitié est éclatante, comme une lumière qui s’étire jusqu’à midi, qui correspondrait à l’heure du meurtre, puis on descend avec quelque chose de plus nocturne, une lumière lunaire, qui représente son incarcération » déclare Grégo en entrevue à Jean Siag, dans La Presse du 27 septembre 2010.
Tandis que la température extérieure se refroidit, le Théâtre Denise-Pelletier propose un court voyage sous le soleil en étrange mais bonne compagnie.