Décors : Valérie Deschênes
Assistance au décors
Fannie Breton-Yockell
Costumes
Julie Rousseau
Éclairages et régie
Tommy Chevrette
Direction technique et de production : Michaël Fortin et André Leroux
Conception sonore : Simon Rivest
Graphisme :
Olivier Bellemare
Chanson originale Julien Turmel
Photographies
Josée Brouillard et Andréanne Legault
Cartes Prem1ères
Date Premières : 8 au 14 septembre 2010
Régulier : 27$
Carte premières : 13,50$
Une production du Théâtre du Polisson en codiffusion avec le TDP
Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
par David Lefebvre
Nicolas, Daniel et Julie, frères et sœur, ont hérité du restaurant familial, situé dans une petite ville de région. Endettée, la place roule à plein régime ce soir et la tension est palpable. A raison : l’endroit reçoit l’un des bands de l’heure, en tournée dans le coin : les Roomtone. L’égo du chanteur passe à peine dans la porte, causant de plus en plus de tort à la dynamique du groupe et aux relations qu’ils entretiennent avec leur environnement immédiat. Il y a aussi Kim, l’ex-copine de Nicolas, qui revient dans le décor, après une rupture amère, et quelques motards qui voudraient bien se faire payer.
Roomtone, présenté pour la première fois sur une scène professionnelle, est le spectacle des finissants de la cohorte 2009 de l’Option-Théâtre Lionel-Groulx, avec les qualités et ses quelques faiblesses que cela apporte. Reprise ? Nouvelle création ? Un peu des deux, puisqu’il semble que certains passages ont été retravaillés et qu’un rôle ait été coupé. Écrit par un ancien finissant, Nico Gagnon, le texte donne une place de choix à chacun des douze comédiens, qui se débrouillent tous fort bien, même si l’on sent plus de subtilité et de substance chez les personnages masculins que féminins. Mention spéciale à Gabriel Dagenais (le cuisinier), Samuel Côté (Nicolas), Nicolas Gendron (le chanteur), David Leblanc (Daniel) et François Morin (César le motard). La grande force du spectacle se trouve tout autant dans le jeu extrêmement énergique de la troupe que dans le texte rythmé, aux dialogues courts mais savoureux, aux répliques parfois assassines. On y aborde beaucoup de thématiques, réunis sous le mot « transition » : la famille, le passage au monde des adultes et des responsabilités, la perception des idoles, l’amour, les différences de réalité et la condescendance ville/région. On touche à la critique sociale tout en s’assurant d’être au service de la pièce et de son humour plutôt décapant.
Du côté de la mise en scène, assumée par Sébastien Gauthier, un autre finissant de l’Option-Théâtre (1996), celle-ci est terriblement efficace, remplie d’action et elle parvient à conserver un timing presque parfait entre les différents personnages et les transitions. La pièce propose tout d’abord d’assister à ce qui se passe dans la cuisine du resto. Le cuisinier un peu jaloux, sa copine qui flippe à l’arrivée des Roomtone, la nouvelle plongeuse au look incertain qui semble se foutre de tout, les frères qui font le service tout en cherchant des solutions aux problèmes de plus en plus dangereux. Puis, on reprend, cette fois-ci du point de vue de la salle à manger. Certains effets, comme une perspective en miroir qui nous permet de voir ce qui se passe et dans la cuisine et dans la salle à manger, sont tout à fait réussis. La structure incisive aux multiples rebondissements rappelle le ton d’un vaudeville survolté ; on se surprend à penser à un amalgame d’un téléroman pour adolescents et de quelques films à la Tarantino – les influences cinématographiques sont nombreuses. Si un certain réalisme est placé de côté, le tout reste théâtralement logique, malgré un effet de symétrie variable, mais surtout fortement amusant.
Roomtone, en ouverture de saison à Fred-Barry, n’a d’autre prétention que de plaire à son public, donner la chance à tous les artisans du spectacle et de souligner la fin de l’été d’une façon tout aussi délurée que divertissante.