Les Zurbains 2011 apportent une nouvelle mouture de contes créés à la fois par un auteur de métier et quatre adolescents. Les auteurs des contes zurbains nous parlent de leur réalité, de leurs rêves et de leurs aspirations sur fond de ville et de région. Une parole jeune et nécessaire !
Nanique de Sabrine Maaz, interprété par Jean-Philippe Lehoux
La Familia de Gabriela Peguero-Rodriguez, interprété par Aurélie Morgane
Trembler comme les vieilles personnes de Dany Boudreault, interprété par Véronic Rodrigue
Fakebook de Safa Abdel Rahman, interprété par Dominic L. St-Louis
La dissection de Emma Champagne, interprété par Sophie Thibeault
Assistance à la mise en scène et régie Martine Richard
Scénographie Josée Bergeron-Proulx
Costumes Sandrine Bisson
Éclairages Mathieu Marcil
Environnement sonore Antoine Bédard
Photographies Jérémie Battaglia
Direction de production et technique Jérémi Guilbault Asselin
Auteurs-tuteurs Jean-Philippe Lehoux, Michel Ouellette et Patric Saucier
Une production du Théâtre Le Clou
présentée en collaboration avec le Théâtre Denise-Pelletier,
le Théâtre jeunesse Les Gros Becs à Québec,
le Théâtre français de Toronto et le Centre national des Arts à Ottawa
Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
par David Lefebvre
Cette année, le public découvre la cuvée 2011 des Zurbains accueilli par des mitraillettes et des ordres lancés par des soldates fascistes toutes de rouge vêtues. Toute une entrée en matière.
À l’instar de l’édition précédente, on nous propose cinq contes, dont un fragmenté en plusieurs parties. Les quatre textes gagnants du concours du Théâtre Le Clou proviennent de Montréal, Gatineau, Toronto et Saint-Georges ; Dany Boudreault agit comme auteur invité. Monique Gosselin tient la barre encore une fois de ce spectacle toujours éclaté, qui touche essentiellement à la famille et à l’amour, mais jamais de façon banale ou entendue. Un régal (encore) !
Patricia, à l’insu de sa famille portugaise, décide d’aller voir son père hospitalisé à Toronto. Un père qu’elle n’a jamais connu, un retour aux origines qui lui fait prendre conscience de ce qu’elle a autour d'elle (texte de Gabriela Peguero-Rodriguez, par Aurélie Morgane). Carolane, qui rêve d’éternité, se prend pour Bella, de Twilight. Car Carolane est confrontée chaque jour à la mort, voyant sa mère s’éteindre peu à peu d’une maladie incurable. Sur des airs de Vivaldi, elle devra affronter moqueries, incompréhension et deuil (de Dany Boudreault, par Véronic Rodrigue). Bruno est un jeune homme dont la grande intelligence handicape ses relations avec la gent féminine. Il calcule, analyse, puis décide de créer un faux compte Facebook pour se faire une copine. Et ça marche. Trop en fait. Beaucoup trop (de Safa Abdel Rahman, avec Dominic L. St-Louis). Sarah a une mère qui se prend pour une princesse et qui désespère de trouver chaussure à son pied. Persuadée que des élixirs d’amour fonctionnent, la maman en ingurgite chaque matin. Sarah, qui voudrait tellement que le beau Dylan la remarque, en prend un peu… à ses risques et périls. Mais les effets sont dévastateurs sur elle (d’Emma Champagne, par Sophie Thibeault).
Au milieu de toutes ces histoires, il y a Nanique, qui vit dans une ville étrangère sous le joug d’un führer qui impose la canneberge comme seul aliment permis et qui voudrait bien en devenir le maire. C'est que notre ami est allergique au petit fruit rouge. Mais pour se débarrasser de cette dictature, il doit d’abord battre à la course l’oppresseur, puis discourir pour galvaniser la foule qui votera pour lui (par Sabrine Maaz, avec Jean-Philippe Lehoux).
Colorés, sensibles, vivants, touchants, drôles, tous les contes, portés par de talentueux jeunes comédiens, se démarquent de superbe façon, tout en étant étrangement bien liés les uns aux autres, notamment grâce à l’omniprésence de la pop culture, et ce, jusque dans la scéno de Josée Bergeron-Proulx. Facebook, Twilight, Bieber et compagnie ont une place de choix dans l'univers des jeunes auteurs. Nous sommes émus par la candeur de Patricia, la détresse de Carolane, amusés par les frasques de Bruno et de Sarah, mais toujours ébahis par la qualité des histoires. La mise en scène de Monique Gosselin sort les textes du carcan traditionnel du conte pour intégrer des personnages figuratifs, dynamisant de manière exponentielle chaque récit. La manipulation d’objets est même intégrée pour une des rares fois aux Zurbains : pour Nanique, on utilise avec beaucoup d’humour et d’habileté la marionnette/costume, un corps de poupée placé juste en dessous du visage du comédien. Effet comique assuré.
Ils sont rares ces rendez-vous qui restent si jouissifs année après année et qui offrent une aussi belle tribune à des adolescents débordant d’imagination et de créativité. Cette année ne fait pas exception. Les Zurbains du Théâtre Le Clou en est déjà à sa 14e édition, et on ne peut que saluer encore et encore le travail des concepteurs, des professionnels et des jeunes auteurs de talent.