Le destin tragi-comique de Tubby et NottubyMise en scène : Sophie Brech et Louis Fortier en collaboration avec Yann Denéce
Un soir de Noël, sur les rives de la Tamise, le destin vient surprendre deux inconnus au seuil du désespoir, Tubby et Nottubby. Cette rencontre inattendue les propulsera aussitôt dans une quête extraordinaire, qui les mènera jusqu'au delà du réel. Trompés par leurs illusions, mais portés par la beauté de leur rêve, ils découvriront un crâne, survivront à une tempête, se fâcheront, se réconcilieront, chanteront pour tromper la peur et défieront la mort elle-même, en route vers leur renaissance...
Hanté par le souffle de Shakespeare, porté par la folie merveilleuse de Chaplin et de Laurel et Hardy, nourri de mythes anciens, ce spectacle explore la dimension comique et tragique de l'existence humaine et tente de renouer avec la part d'émerveillement et de mystère qui vit en nous. D'une très grande poésie visuelle, la pièce raconte la fragilité de l'amitié, de l'amour et du rêve, ultimes remparts contre la cruauté du monde.
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Équipe de création : Cédric Frémeaux, Laurent Gatignol, Jérôme Huot, François Leclerc, Renaud Penelle, Marta Rossi, Louis Sédillot, Théâtre Fools and Feathers
Une coproduction signée Théatre Fools and Feathers et l'Archipel
Salle Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
Dates antérieures (entre autres)
Du 13 septembre au 1er octobre 2011 - Périscope (Québec)
par Daphné Bathalon
Il y a des perles théâtrales que l’on découvre au moment où l’on s’y attend le moins. Le destin tragi-comique de Tubby et Nottubby est une de celles qu’il faut absolument voir et apprécier avec son cœur d’enfant.
À Londres, par une froide et pluvieuse nuit de Noël, deux clowns décidés à mourir sanglotent au bord de la Tamise. Pierre attachée à la taille, cœur vide, ils s’apprêtent à sauter pour mettre fin à leurs jours quand leurs regards se croisent. Entre ces êtres infiniment seuls, l’amitié naît aussitôt, solide et sincère. Tandis qu’autour d’eux leurs contemporains tombent comme des mouches, les deux âmes sœurs s’embarquent pour un voyage dont elles reviendront transformées à tout jamais, bien plus qu’elles ne s’y attendaient.
Tout en mêlant joyeusement l’anglais et le français, Tubby et Nottubby nous invitent à pénétrer dans leur monde débordant d’une naïve imagination, loin des guerres, des crises économiques et du cynisme ambiant. Portée par une musique féérique, la fable présentée par le Théâtre Fools and Feathersest de celle qui emporte le cœur du spectateur en un instant. Les superbes compositions de Louis Sédillot habillent parfaitement leur belle histoire. Non contents de fuir la grisaille de Londres, Tubby et Nottubby nous entraînent avec eux, et nous les suivons dans le désert et jusqu’au cœur des Enfers.
En dépit de la nature clownesque des personnages, la pièce explore des thèmes universels, des sentiments bien humains : amitié, confiance, vie, amour, mais aussi trahison, cruauté, abandon, mort… Les auteurs, metteurs en scène et interprètes, Sophie Brech (Nottubby) et Louis Fortier (Tubby) font maintes références au théâtre shakespearien, mais aussi aux classiques antiques, tel le voyage d’Orphée aux Enfers. Ils insufflent aussi à leurs personnages une grande vulnérabilité qui a tôt fait de nous séduire.
Pensé dans les moindres détails (jusqu’à la sonnerie du téléphone qui ressemble au bruit produit par une mitraillette), le spectacle construit tout un monde avec le seul secours de quelques accessoires et de grands drapés. Ceux-ci servent tour à tour de toges, de voiles, de vague et de toiles sur lesquelles sont projetées des séquences animées. Les croquis et dessins de Renaud Penelle, qui ne sont pas sans rappeler le style et l’univers de Tim Burton, nous ensorcellent littéralement, contribuant à faire de ce voyage une saisissante aventure.
Le spectacle, présenté au Théâtre Périscope en septembre dernier, fait fort heureusement un bref arrêt à Montréal. On peut découvrir l’extraordinaire et grand destin de Tubby et Nottubby jusqu’au 5 novembre dans la petite salle Fred-Barry.