Les années 20 avaient rugi... les années 30 devaient swinguer ! Léandre, jeune Parisien de bonne famille, tombe fou amoureux de la charmante suffragette Clarice. Malheureusement pour lui, il est fiancé à la belle Isabelle et son opiniâtre belle-mère, Madame Grognac, est résolue à ne jamais rompre leur engagement. Au moment où Léandre perd espoir, le frère de Clarice, le séduisant Chevalier, revient de la guerre et fait la connaissance d’Isabelle… Pour que triomphe l’amour et la liberté, notre quatuor amoureux devra convaincre Madame Grognac d’être une femme de son temps.
Concepteurs et collaborateurs : Sarah Balleux, Emanuelle Langelier, Audrey Thériault, Jason Battah, Sylvain Béland, Annie-Claude Coutu Geoffroy, Han Masson et Benoît Jolicoeur
Une production du Théâtre Advienne que pourra en codiffusion avec le TDP
Salle Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
Dates antérieures
Juillet-août 2011 - Maison Antoine-Lacombe, à Saint-Charles-Borromée
par Olivier Dumas
Figure marquante pour les 18e et 19e siècles, Jean-François Regnard fut considéré de son vivant comme le meilleur auteur comique de théâtre après Molière. À preuve, Voltaire ira jusqu’à affirmer: «qui ne se plaît pas avec Regnard n'est pas digne d'admirer Molière». Curieusement, sa plume a trouvé peu d’écho jusqu’à ce jour sur les scènes québécoises. C’est avec Le Distrait, une petite pièce sympathique de cet auteur, que le Théâtre Advienne que pourra convie ces jours-ci le public à la salle Fred-Barry.
D’abord présentée l’été dernier dans le jardin français de la Maison Antoine-Lacombe, à Saint-Charles-Borromée, la comédie est dirigée d’une main de maître par le comédien et metteur en scène Frédéric Bélanger. Depuis cinq ans, ce dernier a puisé parmi les œuvres souvent méconnues d’auteurs réputés comme Molière (Le dépit amoureux), Goldoni (La fausse malade) ou encore dans l’univers d’Alexandre Dumas (D'Artagnan et les trois mousquetaires). L’écriture de Regnard s’inscrit dans cette lignée de théâtre de situations à priori cocasses où les ruses des protagonistes et les prouesses physiques s’accompagnent d’une élégante écriture classique.
Le canevas reprend les rouages qui ont apporté richesse et prospérité aux illustres dramaturges de la même époque. Les différentes intrigues amoureuses de l’œuvrette de Regnard s’articulent autour de jeunes romantiques qui veulent vivre leur passion alors que leur rang social privilégie les intérêts de l’argent à la douce musique du cœur. Les chassés-croisés se penchent sur les idylles de deux couples. Isabelle aime le séduisant Le Chevalier qu’elle veut épouser. Or son avaricieuse mère exige qu’elle s’unisse à Léandre, un prétendant maladroit et distrait (d’où le titre). Ce dernier est surtout courtisé (et attiré) par Clarice, la sœur du Chevalier. Argante, la tante du Chevalier et de Clarice, formera un redoutable trio avec les valets Lisette et Carlin pour tromper l’infâme mère et faire triompher l’amour authentique.
Tout en conservant le texte original en alexandrins de la fin du 17e siècle, le metteur en scène a privilégié une relecture qui se déroule dans le Paris du début du 20e siècle. En introduction et au final, entre autres, il a ajouté quelques intermèdes chantés, qui sans se démarquer par leur profondeur, décrochent des sourires chez les spectateurs. Si cette transposition n’apporte pas un éclairage inédit ou profondément original à la pièce, elle a séduit les yeux et les oreilles du public adolescent présent dans la salle.
Pendant 90 minutes, les histoires ressemblent à s’y méprendre à celles écrites par Molière. On nage en terrain connu : des parents aveuglés par l’appât du gain, leurs progénitures qui s’indignent contre des choix matrimoniaux qui vont à l’encontre de leurs désirs, des valets astucieux, l’exposition des dogmes et des travers de la société.
Comme dans ses réalisations précédentes, Frédéric Bélanger excelle à imposer le rythme nécessaire. Les personnages s’agitent avec les facéties et gestuelles promptes à provoquer les éclats de rire. Si certains critiques ont déploré le manque de profondeur de cette proposition théâtrale qui ne réinvente pas la roue, il faut tout de même reconnaître que la machine est bien huilée. Fait à noter, les répliques sont énoncées avec naturel et une grande justesse.
La distribution constitue la plus agréable réussite de la pièce. La figure matriarcale est rendue avec fougue par une Nancy Gauthier qui ne foule pas assez souvent les planches. Comme dans les comédies de la même eau, les personnages de valets se démarquent pas leurs astuces, permettant à Benoît McGinnis et Milène Leclerc de dévoiler une fois de plus leur immense talent, tout comme l’attachante Argante de Marie-Josée Normand.
Avec Le Distrait, le Théâtre Advienne que pourra nous permet donc de faire connaissance avec Jean-François Regnard, dans une production légère et somme toute très distrayante.