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Du 9 au 12 novembre 2011
La MaisonLa maison
Texte : Collectif des participantes des ateliers de l’organisme Passages et de Michelle Parent, librement inspiré du roman Océan Mer d’Alessandro Baricco.
Mise en scène et accompagnement : Michelle Parent assistée de Mireille Carnier
Avec Annie Valin, Catherine Cédilot, Leïla Thibeault-Louchem, Mireille Camier et Véronique Pascal et six participantes des ateliers d'insertion de la Maison Passages

Il y a cette femme au coeur brisé, cette autre trop faible pour vivre et trop forte pour mourir, cette artiste en perte d’inspiration, celle qui est seule au monde et enfin celle dont les 9502 prières n’ont jamais été entendues. Squattant un appartement sans fenêtre, elles font de la mer, un placebo qui pourrait les sauver ou les noyer une fois pour toutes. Qu'est-ce qu'on attend et qui ne vient pas? Qu'est-ce qui vient quand on ne l'attend pas? Qu'est-ce qui a ses calmes et ses ressacs? Qu'est-ce qui ne finit nulle part? La mer. Ou la douleur. Courageuses et naïves, elles tentent d'apprivoiser le néant, d'en ébaucher les limites, de le peupler de rêves et de désirs. Elles attendent le salut ultime sur un rivage bricolé, enrôlées dans la mécanique des marées, des jours, des nuits et du vent du large.Ce quotidien inventé et suspendu aurait pu rester ainsi pour toujours… mais voilà qu’un intrus se présente à la porte, puis un autre… Et la Maison se met à tanguer.

Pour 4 soirs seulement à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, Pirata Théâtre et Passages présentent La Maison, en codiffusion avec de TDP. Une magnifique aventure qui unit des professionnels du théâtre à des femmes ayant connu l’itinérance et la marginalisation. Avec pour point de départ le roman Océan Mer d’Alessandro Baricco, cette création a été écrite en collaboration avec des femmes qui touchent au théâtre pour la première fois et qui livrent un vibrant témoignage sur l’attente du salut et la relation à l’Autre.

Ressource d’hébergement et d’insertion qui fête cette année ses vingt-cinq ans d’existence, Passages offre à des jeunes femmes en difficulté de 18 à 30 ans une alternative à la rue et à l’exclusion. Michelle Parent, comédienne, metteure en scène et fondatrice du groupe Pirata Théâtre, y est formatrice en théâtre depuis trois ans. La Maison est sa troisième mise en scène du genre après Panique (également issu des ateliers de Passages et en collaboration avec des actrices professionnelles) et ICI-BAS (avec des aînées du quartier Centre-Sud et des actrices professionnelles).

La mission du collectif Pirata Théâtre consiste à porter la parole et l’imaginaire de voix rarement entendues. La création avec les jeunes femmes de l’organisme Passages s’est échelonnée sur une année, de la conception du texte jusqu’à la mise en forme du spectacle. C'est ainsi que pendant plusieurs mois, ces jeunes femmes se sont appropriées le roman Océan Mer avec leurs imaginaires, leurs corps, leurs voix.


Décors Julie-Ange Breton
Accessionres Julie-Ange Breton, Monica Mandujano et les femmes de Passages
Lumière et direction technique Renaud Pettigrew
Vidéos Frédéric St-Hilaire
Environnement sonore Jean-Sébastien Roux.
Régie Andrée-Anne Garneau
Crédit photo Maude Perrin

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : toutes les représentations
Régulier : 32,50$

Carte premières : 16,25$

Une production de Pirata Théâtre 
en collaboration avec l’organisme Passages 
et en codiffusion avec le TDP


Salle Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

 
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 Critique
Critique

par Sara Fauteux


Crédit photo : Maude Perrin

Comment faut-il aborder une pièce comme La Maison? C’est une question judicieuse lorsqu’on est face à une œuvre qui s’appuie sur une démarche artistique, mais, également, sur une démarche sociale. Pour certains, ces deux aspects sont nécessairement liés dans l’art, pour d’autres, l’engagement social s’intègre difficilement à une création artistique valable.

Pour Michelle Parent, travailler ici avec des acteurs non professionnels constitue un choix artistique. Elle cherche davantage à générer une expérience humaine plutôt qu’un objet artistique achevé et maitrisé. L’utilisation au théâtre de corps non entrainés, de voix incertaines et moins maitrisées, dit-elle, peut donner un nouveau sens aux mots et à la représentation.  Avec Pirata théâtre, elle cherche à aller à la rencontre de l’autre en intégrant des voix et des pensées non conventionnelles dans la pratique théâtrale.

La Maison, présentée pour quatre soirs seulement à la salle Fred-Barry, a été réalisée par Michelle Parent en collaboration avec la maison Passages, une ressource d’hébergement pour les jeunes femmes en difficulté. Durant 200 heures d’ateliers,  Parent a travaillé comme accompagnatrice et  metteure et scène avec six comédiennes professionnelles et une trentaine de jeunes femmes de la maison Passages. Le texte du spectacle est un collectif des participantes aux ateliers et de Michelle Parent, librement inspiré du roman d’Alessandro Barrico, Océan Mer.

Sur la scène, on retrouve deux espaces. Le premier abrite une maison dans laquelle sont rassemblées des femmes en détresse. L’une d’elles souffre d’amour, une autre manque d’inspiration pour créer, une autre encore adresse des prières que personne n’entend. Partout autour de cette maison, il y a la mer, un espace de rêve et d’abstraction.  Les femmes évoluent dans la maison, mais c’est l’idée de la mer qui les attire autant qu’elle les terrifie, qui leur permet de se rencontrer véritablement.

La Maison prend comme point de départ une situation très proche de celle que vivent les femmes de Passages. Mais le spectacle installe une poésie qui nous détache de la situation sociale, de la souffrance « statistique » de ces femmes, et qui nous les révèle. Les histoires inventées, symboliques, qu’elles se racontent dans cette maison, sont comme une porte d’entrée dans leur univers sensible. Le texte révèle ses faiblesses lorsqu’on y entend trop distinctement la voix des femmes qui l’ont écrit. C’est lorsqu’elles passent par l’imaginaire qu’on entend le mieux résonner leur propre vérité.

Une grande part de cet imaginaire s’exprime à l’aide des accessoires, ingénieux et amusants, élaborés par les femmes de Passages. S’il y a quelque chose de très beau à les voir installer un univers en manipulant marionnettes et foulards pour évoquer plutôt que de montrer, leur surutilisation brise la magie, crée des « effets » inutiles qui empêchent de se laisser pénétrer par le monde qu’on nous présente. Il en est de même pour les projections vidéo de Frédéric St-Hilaire qui ne servent pas nécessairement cet univers.

Dans La Maison, l’expérience du théâtre peut être vue comme métaphorique, une manière d’aborder le cheminement et la place que ces femmes ont et celle qu’elles cherchent à prendre dans la société. À cet égard, le travail de Michelle Parent et la pièce La Maison témoigne d’une sensibilité et d’une réflexion riche. Son projet demande à être poussé, expérimenté dans toutes sortes de contextes afin que la démarche sociale s’intègre de manière encore plus pertinente à la démarche artistique.

12-11-2011