21 octobre 2011 - L'Anglicane, Lévis
22 octobre 2011 - Salle de diffusion de Parc-Extension
Papa est en voyageMusique : Michel Rorive
Mise en scène : Soufian El Boubsi
Quelque part au Maroc, un enfant essaie le costume que son père – travailleur immigré en Belgique – vient de lui envoyer. Le costume est trop grand. La photo est prise, celle d'un enfant seul, noyé dans une immense veste grise. Dès qu'il reçoit cette photo si triste, le père fait venir auprès de lui sa femme et ses enfants. Une autre vie commence, et l'exil du jeune Hamadi débute…
Prix Meilleur seul en scène de la critique théâtrale belge 2009
Une production de La Charge du Rhinocéros (Belgique) présentée par le TDP
Salle Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
L'Anglicane
31, rue Wolfe, Vieux-Lévis
418-838-6000
Salle de diffusion de Parc-Extension
421, rue Saint-Roch
514 872-6131
par Daphné Bathalon
Papa est en voyage est l’histoire d’une absence, celle du père, mais c’est avant tout l’histoire d’un petit garçon de 5 ans, celui qu’Hamadi a toujours conservé au fond de lui. Un garçon au regard infiniment triste, perdu dans une veste grise trop grande pour lui.
Habile conteur, Hamadi s’installe sur scène et plante autour de lui le décor de son enfance, les images fondatrices de sa vie d’homme : les montagnes, la terre sèche, son village. « C’est un petit village blanc, le plus solitaire, le plus malheureux du monde », séparé en son centre par une rivière. D’un côté habitent ceux qui portent en eux leur terre, de l’autre, ceux qui partent, qui la quittent. Impossible de résister à la voix vibrante et chaleureuse de Hamadi : en un instant, le spectateur est bercé, charmé par les souvenirs.
Le metteur en scène Soufian El Boubsi a laissé parler tout le talent du conteur. Pas de décor, pas d’accessoire, seules quelques photos d’un autre temps : l’auteur, et comédien Hamadi nous invite au voyage. Ponctué de chants et de musiques, son récit fait naître sous nos yeux les paysages, le village et ses habitants : le vieillard, le grand-père digne, la fille juive qui chante si bien, Zitoune, le plus merveilleux des chiens. Et puis il y a la grand-mère, cette figure forte que le conteur nous décrit si bien qu’on goûte presque la friandise qu’elle offre à son petit-fils, une tranche de pain, un filet d’huile d’olive et du sucre saupoudré dessus.
Sans porter de jugement et avec une très grande sensibilité, l’homme nous présente ses pays, celui où il est né, le Maroc, et celui qu’il a finalement adopté, de l’autre côté de la mer, la Belgique. En quelques traits efficaces, il dresse le portrait de sa famille et de son courage. Tout comme il nous parle de fierté, de déracinement et d’exil, il se confie sur la mort et la naissance. Touchante, l’histoire de Hamadi ne verse jamais dans le pathos, mais fait verser quelques larmes au public.
Dans ce « seul en scène », il n’y a pas que le père qui soit en voyage; accompagnés par les mots de Hamadi, nous voyageons nous aussi.