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Du 8 au 25 février 2012, 19h30
Le Maître de la rosée
Texte Floyd Favel
Mise en scène Catherine Joncas
Traduction et musique originale Jean-Frédéric Messier
Avec Catherine Joncas, Jean-Frédéric Messier, Kathia Rock

Une vieille femme Cree, Rose Billy, vit solitaire dans une cabane au fond des bois, oubliée de tous. Elle reçoit la visite d’un très vieux castor. Avant de mourir, celui-ci veut se délivrer d’un secret qui lui pèse, le récit de son histoire d’amour tragique avec une jeune femme métis. Rosie lui sert une tasse de thé et l’écoute… Le maître de la rosée évoque aussi en filigrane l’histoire du peuplement de l’Ouest canadien et ses conséquences sur le peuple autochtone.

Ondinnok continue de réinventer le conte autochtone grâce, cette fois-ci, à Floyd Favel qui nous  invite à survoler l’histoire du peuplement de l’Ouest canadien et ses conséquences sur les peuples autochtones et métis.

Ode au désir et à la nostalgie, Le maître de la rosée est issu d’un conte que la mère de Floyd Favel lui racontait : la visite d’un très vieux castor à kukum Rosie dans ce temps pas si lointain où les animaux parlaient. La nostalgie de ce monde merveilleux est portée par trois personnages : le narrateur, sa mère et la vieille Rosie.  Présenté en trois langues – français, cree des plaines et anglais –, le spectacle accorde une place importante à la musique – composée par Jean-Frédéric Messier –, au chant – interprété par Kathia Rock – et au mouvement. La force de cette pièce contemporaine, ancrée dans la tradition orale autochtone, tient à la temporalité qu’elle installe, au basculement du temps dans ce temps primordial où les animaux parlaient et où les humains écoutaient.


Concepteurs et collaborateurs : Josiane Fontaine-Zuchowski, Sharon Scott, Emanuelle Langelier, Geoff Levine, Yan Lee Chan et Patrice Brunelle-Charbonneau

Une production du Théâtre Ondinnok
en codiffusion avec le TDP


Salle Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

 
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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Ondinnok

On n’a pas souvent l’occasion de voir du théâtre amérindien à Montréal, chaque passage d’Ondinnok dans la métropole est donc le moment idéal pour découvrir la riche tradition orale des premières nations. Cette fois, la découverte se fait par le biais de la dramaturgie contemporaine de Floyd Favel, un Cri de l’Ouest canadien. Le maître de la rosée est avant tout un conte, un conte dans lequel l’homme et l’animal partagent milieu et expériences de vie.

Dans une cabane de bois pauvrement meublée, un homme cherche, grâce aux quelques objets disposés dans la pièce unique, à retrouver le souvenir de sa mère, tout juste décédée, et peut-être aussi à trouver la paix. On le sent à fleur de peau quand les mots d’une histoire qu’elle lui contait reviennent l’habiter. « Peyake mina… Il était une fois une vieille femme, Rose Billy, qui vivait seule dans une cabane au fond des bois. » Ainsi commence cette histoire, celle d’une Amérindienne et du vieux castor qui vient frapper à sa porte.

D’un texte à une voix, la metteure en scène et comédienne Catherine Joncas a fait une pièce à trois voix et cinq personnages. Un travail de décomposition dramaturgique qui sert la belle histoire d’amour du vieux castor, et de l’humaine à qui il se confie; l’histoire de leur quête de pardon et d’apaisement. Tandis que le fils se souvient de ce conte, la mère disparue, elle, raconte la création du monde, comment le rat musqué a ramené de la terre du fond de l’eau et comment ce petit morceau de terre serré entre ses pattes est devenu le monde.

La scénographie de Patrice Charbonneau-Brunelle reprend les éléments de la nature chers à Ondinnok : l’eau, le bois et la pierre. Des planches savamment disposées en arrière-scène découpent efficacement l’espace, tandis qu’une rampe à l’avant simule le tracé d’un cours d’eau. Chaque portion du décor est exploitée par les comédiens qui en tirent des rythmes et des sons. C’est sans doute ce qui distingue le plus ce théâtre du théâtre occidental : tout est dans la contemplation, dans l’écoute, depuis la petite goutte d’eau qui tombe, régulière, jusqu’aux cailloux qui s’entrechoquent.

Dès les premières minutes du spectacle, c’est la voix d’une Amérindienne qui résonne. Et pendant toute la représentation, le français et la langue crie s’entremêlent, donnant au récit une sonorité bien particulière. La langue amérindienne chante, et la comédienne et chanteuse Kathia Rock lui prête sa voix de belle manière. Handicapé par un rhume lors de la première semaine des représentations, Jean-Frédéric Messier n’a, quant à lui, pas paru au meilleur de sa forme, mais a tout de même réussi à livrer son texte sans accrocs et avec une sensibilité touchante.

Ce spectacle d’Ondinnok est une bonne entrée en matière de la mythologie amérindienne, avec juste ce qu’il faut de cette culture, à la fois proche et totalement étrangère, pour nous faire quitter la ville le temps d’une histoire.

12-02-2012