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Du 9 novembre au 9 décembre 2011
L'IllusionL'Illusion
Texte de Corneille
Mise en scène Anne Millaire
Avec Isabeau Blanche, David-Alexandre Després, Vincent Fafard, Andréanne Lacasse, Denise Mercier, Frédéric Millaire-Zouvi, Carl Poliquin

Pridamant, un père éploré par la disparition de son fils Clindor qu’il n’a pas vu depuis dix ans, se confie à son ami Dorante. Touché par la douleur de Pridamant, Dorante le conduit dans une grotte et lui présente le magicien Alcandre qui devine tout de suite les raisons de leur venue. Une fois seul avec le père attristé, il lui révèle qu’il lui fera voir la vie de son fils grâce à des illusions.

Avec 7 comédiens et 6 musiciens en scène, découvrez la beauté des alexandrins en mode slam !


Musique originale : Samuel Vero
Musiciens (Magnitude 6) : Thierry Champs, Simon Jolicoeur-Côté, Frédéric Demers, Laurence Latreille-Gagné, Samuel Markon Lalande, Frédéric Lapointe
Concepteurs et collaborateurs artistiques : Claire l’Heureux, Jeanne Bovet, Vincent Dupuis, Jonas Véroff Bouchard, Judy Jonker, Luc Prairie, Marie-Claude Lefebvre, Huy Phong Doan

Samedi 12 novembre à 15h: Rendez-Vous de Pierre
Samedi 26 novembre après le spectacle: Rencontre avec les artistes

Une production du Théâtre Denise-Pelletier


Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-897

 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Valérie Remise

Contrairement aux comédies de Molière qui reviennent hanter les scènes québécoises presque toutes les saisons, les textes de Pierre Corneille sont très rarement montés. Au Théâtre Denise-Pelletier, Anne Millaire a voulu dépoussiérer L’Illusion (oeuvre d’abord créée sous le nom de L’Illusion comique) en lui faisant subir une cure de rajeunissement. Le jeu en valait-il la chandelle? Parfois oui, parfois non. Et pour paraphraser André Gide, les bonnes intentions ne donnent pas toujours du grand théâtre.

Monter aujourd’hui une pièce de Corneille demeure un exercice ardu. Car malgré sa virtuosité à réinventer les différents genres dramatiques, l’auteur du Cid est désavantagé par sa dramaturgie considérée par plusieurs comme trop classique, trop historique ou trop rhétorique par ses règles de la composition dramatique en vers. Dans sa préface de L’Illusion, il écrit même que ce texte est en fait un « véritable monstre » où le premier acte constitue un prologue, les trois suivants une comédie imparfaite, le dernier une tragédie, l’ensemble une comédie insolite pour le 19e siècle. Pour une metteure en scène, il s’agit d’un défi colossal.

Il y a quelques années, Anne Millaire avait signé la très bonne production Z comme Zadig, d’après le texte de Voltaire. Son travail s’était démarqué par son dépouillement et son habilité à puiser dans le pouvoir évocateur des mots. Avec Corneille, elle a malaxé les époques vestimentaires, qui vont du costume d’époque au complet veston cravate, la musique jazz avec des influences de musique classique qui évoquent un peu Stravinsky, du slam, et même une chorégraphie à la tombée du rideau.


Crédit photo : Valérie Remise

Heureusement, la production bénéficie d’acteurs talentueux qui offrent pour la plupart de magnifiques prestations. Dans le rôle du magicien Alcandre, Denis Mercier s’y révèle particulièrement inspiré avec sa voix grave et mélodieuse. Frédéric Millaire-Zouvi et Carl Poliquin s’imposent particulièrement par leur grâce athlétique et leur fougue qu’ils confèrent à différents personnages. Mais ce sont les deux comédiennes Andréanne Lacasse et Isabeau Blanche qui se démarquent avec le plus d’éclat par leur sensibilité émouvante et leur grâce propre au théâtre classique. Par ailleurs, la facture visuelle du spectacle de Jonas Véroff Bouchard accroche le regard par son esthétisme soigné et contemporain. Plutôt accessoire à l’histoire, la musique jazz que dirige Samuel Véro s’écoute très agréablement.

Dans les médias, les concepteurs de cette proposition théâtrale ont insisté sur le recours au slam, à la manière de Grand Corps Malade, pour exprimer l’intemporalité de la pièce. Pourtant, cette idée à priori pertinente se perd dans différents effets de langage, qui vont de la déclamation classique respectueuse des vers en alexandrin au langage relâché populaire. Au final, le résultat donne plutôt l’impression d’une tour de Babel.

Par sa structure habile de mise en abîme et son mariage entre tragédie, comédie et commedia dell’arte, L’Illusion constitue pourtant un morceau de choix dans l’œuvre cornélien. Remonter les textes et les auteurs marquants du répertoire français demeure une entreprise essentielle pour la mémoire collective des arts de la scène. Mais voir cette relecture du Théâtre Denise-Pelletier s’éparpiller parmi différentes approches sans oser en approfondir une seule, c’est un sentiment de méli-mélo qui s’imprègne dans l’esprit du public après les deux heures et des poussières de la représentation.

15-11-2011