Une soirée « comme dans l’temps » où conteurs et musiciens se succédaient sans jamais s’essouffler et embarquaient les« fêtards » pour des virées mémorables. Biz et Victor-Lévy Beaulieu vous convient à redécouvrir Tom Caribou, Titange, le Diable des Forges, les bûcherons dans leur canot volant, le loup-garou tapi au tournant de la route, et bien d’autres merveilles « apeurantes » trop longtemps oubliées.
Cric, crac, les enfants ! Parli, parlo, parlons ! Pour en savoir le court et le long, passez le crachoir à Jos Violon ! Sacatabi, sac-à-tabac, à la porte les ceuses qu’écouteront pas !
Assistance à la mise en scène : Dominique Cuerrier
Décor : Marc Sénécal
Éclairages : Étienne Boucher
Costumes : Laurence Mongeau
Conseiller musical et répétiteur : Michel Faubert
Musique : Jean-Sébastien Nicol et Alain Jenkins
Samedi 29 septembre à 15h: Rendez-vous de Pierre
Samedi 13 octobre après le spectacle: Rencontre avec les artistes
Durée: 2h avec entracte
Une création des Productions Kléos en collaboration avec le Théâtre Denise-Pelletier
Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
par Isabelle Girouard
La compagnie Kléos et sa productrice Marie-Anne Alepin se donnent comme mandat de faire revivre les oeuvres marquantes de notre patrimoine littéraire. S’adressant particulièrement au public adolescent et jeune adulte, la production ne rate pas son coup en ce début de saison automnale en présentant sur les planches du Théâtre Denise-Pelletier une version très sympathique des contes de La Chasse-Galerie. Issus de la tradition orale du Bas-Canada du XIXe siècle, ces contes furent immortalisés par Honoré Beaugrand et Louis Fréchette. Aujourd’hui, c’est sous la plume de Victor Lévy Beaulieu que prennent vie les personnages légendaires de la famille Violon, de Tipite Vallerand, de Rose Latulipe et bien entendu, du yâble lui-même.
Étonnamment, la représentation s’ouvre sur un air de rap, clamé haut et fort par un chanteur bien connu du jeune public. Le fameux Biz, de Loco Locas, se présente sur scène vêtu d’un chandail aux couleurs du drapeau québécois. Quelle joie pour le spectateur qui se laisse facilement introduire à cette veillée de conte pareille comme dans l’bon vieux temps. Le rappeur incarne par la suite le personnage de Jos Violon et nous amène dans les chantiers du haut de la Saint-Maurice, là où l’hiver bat son plein. Le soir, au camp, les bûcherons se racontent des histoires de bête à grand’queue et de marionnettes (aurores boréales) pour chasser l’ennui... et prendre un bon coup. Arrive le jour du Mardi gras et l’envie de se réunir chez Jos Violon, dont la réputation de conteur n’est plus à faire, l’emporte sur tout le reste. En moins de deux, nos joyeux lurons font un pacte avec le diable et s’embarquent à bord du fameux canot d’écorce. Ils volent au-delà des monts enneigés, jusqu’au coeur de Lavaltrie où se trouve la cabane de Violon. L’alcool coule à flot, on s’adonne aux gigues et aux danses carrées avec toute la joie qu’il est possible de ressentir après avoir été si longtemps privé des plaisirs de la vie. Évidemment, personne n’échappe à son destin et quelqu’un doit payer de son âme. La belle Rose Latulipe (interprétée par Alepin) s’épanchera dans les bras d’un mystérieux étranger ayant fait apparition juste avant le coup de minuit.
Si la recette est loin d’être réinventée, il est presque impossible de se lasser des contes de La Chasse-Galerie. Avec une langue belle comme une rivière sauvage, ses personnages nous livrent leurs peurs, leurs rêves et leurs croyances. Ils nous racontent à leur façon l’histoire du Canada français, l’histoire de ceux et celles qui ont contribué à façonner notre société.
Comme pour faire honneur à cette parole vivante, on s’applique aussi à faire vibrer la musique sur scène. Les chansons à répondre et les chorégraphies exécutées par les comédiens apportent une tout autre résonance au spectacle. Il faut souligner l’excellente performance au violon de Marc Angers, qui nous livre le reel du diable sans s’essouffler le moindrement. Petit bémol concernant la mise en scène de Stéphane Bellavance, qui ne semble pas nous réserver assez de surprises compte tenu du côté spectaculaire des aventures de nos protagonistes. De plus, certains effets recherchés avec des éléments du décor ou de l’éclairage sont parfois décevants. Le spectacle, d’environ deux heures avec entracte, est toutefois plus intéressant dans la seconde partie. Tant et si bien que l’on rentre chez soi avec l’envie d’aller festoyer, et qui sait... peut-être même de voir le diable en personne!