Warwick jette un regard sur le retour forcé d’un jeune soldat canadien après avoir été blessé au front lors de son passage en Afghanistan. Mais derrière cette prémisse se cache tout un questionnement sur notre société actuelle ainsi que sur la place que chacun y occupe et décide d’y occuper.
Warwick n’est donc pas seulement un récit sur la guerre mais aussi un texte qui nous place devant l’incapacité de communiquer, devant la difficulté d’aimer d’un jeune homme qui a perdu tous repères et qui embrasse à lui seul la voix d’une armée entière, à la fois brisée par les souvenirs et livrée ensuite à elle-même. Ce jeune soldat doit formater sa réalité pour la rendre adéquate, il doit se réapproprier sa voix, son langage et son corps. Une situation qui touche directement le spectateur qui doit se positionner face aux gestes posés par la société et du même coup en assumer les conséquences.
Décors Noémie Demers
Costumes et accessoires Jasmine Wannaz
Éclairages et son Charles-Antoine Bertrand
Direction de production Sandy Caron et technique Olivier Laprise
Durée : 1h30 (sans entracte)
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 30 janvier au 5 février
Régulier : 29,.95$
Carte premières : 16,45$
Une production de L’Escadron Compagnie de création en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier
Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
par Sara Fauteux
Dans le programme de Warwick, le metteur en scène Michel Maxime Legault exprime son scepticisme quant aux exercices pédagogiques transformés en production de saison. Or, dit-il, dans le projet de l’Escadron, il a trouvé une proposition sensible, une équipe soudée et une grande flexibilité dans le travail. Pour cette production à la salle Fed Barry, il a travaillé avec les comédiens sur le mode de la création collective à partir d’un texte de Jean-Philippe Baril Guérard qu’ils ont remanié pour créer un spectacle original et pertinent.
Warwick raconte l’histoire d’un jeune soldat canadien qui est renvoyé chez lui après avoir perdu l’usage de ses jambes lors d’un accident durant une mission canadienne en Afghanistan. Il rentre à Warwick et retrouve ses amis qui n’ont pas quitté la petite municipalité québécoise. Pour eux, la vie tourne toujours autour des matchs de hockey, de la drogue et des vieilles chicanes. C’est principalement à travers leur réalité à eux que l’on entrevoit celle du soldat Hubert Fontaine. Grâce à ce point de vue qui s’ancre dans un monde beaucoup plus proche de nous que le front afghan, Warwick parvient à aborder une question douloureuse de manière authentique.
Bien que Michel Maxime Legault ait réussi à éviter beaucoup de pièges et à diriger avec adresse ses comédiens, certains choix de mise en scène sont moins convaincants. Alors que la théâtralité et le dynamisme de la mise en scène servent bien cette jeune distribution qui parvient à installer un certain univers, créer une certaine ambiance, sur scène, les moments où le jeu devient plus réaliste et hyper émotif fonctionnent moins bien. De plus, le décor conçu par Noémie Demers se révèle parfois mal utilisé, malgré des propositions très intéressantes en rapport à l’espace. En effet, cet espace multiple devient un langage dont les conventions sont parfois si claires qu’elles perdent de leur intérêt, et à d’autres moments si imprécises qu’elles ne révèlent rien d’éloquent aux spectateurs.
Outre ces maladresses, Warwick possède la grande qualité d’aborder avec intelligence et simplicité un sujet grave. La pièce ne pose pas de jugements, ne condamne personne et aborde de manière très concrète des sujets tabous qui nous touchent même s’ils semblent si loin de nous. On navigue entre le particulier et l’universel, entre le point de vue des soldats, celui des journalistes, des forces canadiennes et des jeunes, et ce, de manière habile. Voilà déjà d’importantes qualités pour un premier spectacle signé l’Escadron création.