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Du 6 au 28 février 2015
Dates public (en soirée) : 6-7-12-24-27-28 février
CantatriceLa Cantatrice chauve suivie de La leçon
D'Eugène Ionesco
Mise en scène Frédéric Dubois
Avec Simon Dépot, Monelle Guertin, Éliot Laprise, Catherine Larochelle, Pierre Limoges, Ansie St-Martin

Deux pièces fondatrices du théâtre de l’absurde !

La Cantatrice chauve : dialogue irrésistible entre deux couples qui n’ont rien à se dire, une pendule contrariante, une bonne qui se prend pour Sherlock Holmes et un capitaine des pompiers.

La Leçon : un duo entre un professeur confus et concupiscent et une élève insolente. Un affrontement détonnant !

La Cantatrice chauve 

Que se passe-t-il lorsque des personnages anglais ordinaires, installés dans un décor anglais ordinaire, discutent de choses anglaises ordinaires ? Les Smith, famille traditionnelle londonienne, reçoivent les Martin pour la soirée. Le capitaine des pompiers leur rend aussi visite. Une série d’événements malencontreux nuira au bon déroulement des choses. Ils en perdront toute logique.

La Leçon*  

Une bachelière énergique prend un cours particulier chez un vieil enseignant, en vue de son doctorat. La leçon commence par des notions élémentaires de calcul, suit alors un cours magistral de linguistique. Le professeur, de plus en plus agressif et autoritaire, s’obstine à enseigner une matière incompréhensible. 

*Avant chaque représentation, le public pige au hasard le nom des deux comédiens qui se donneront la réplique.


Concepteurs et collaborateurs artistiques : Julie Marie Bourgeois, Marie-René Bourget Harvey, Caroline Ferland, Yasmina Giguère, Renaud Pettigrew, Pascal Robitaille, Jennifer Tremblay

Samedi 7 février : Rencontre-causerie
Samedi 28 février après le spectacle: Rencontre avec les artistes

Durée : 1h45 incluant entracte

Une production du Théâtre des Fonds de Tiroirs présentée par le Théâtre Denise-Pelletier


Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Frédérique Ménard Aubin

Dans le salon d’une famille bourgeoise, à Londres, M. et Mme Smith discutent pour passer le temps, tandis qu’une horloge sonne les heures dans une logique qui lui est propre. S’invitent leurs amis M. et Mme Martin, qui se découvrent mari et femme à force de déductions, une bonne qui se prend pour Sherlock Holmes, et le Capitaine des pompiers, à la recherche d’un feu à éteindre et grand amateur d’anecdotes.

Avec La Cantatrice chauve et La Leçon, le Théâtre des fonds de tiroir s’attaque à deux pièces emblématiques du théâtre absurde d’Eugène Ionesco. Pour la compagnie, il ne s’agit pas de la première mise en scène de ces classiques, La Cantatrice chauve ayant même été son spectacle fondateur, précise le metteur en scène Frédéric Dubois dans le programme du spectacle. Grand avantage du théâtre absurde, on peut le situer en n’importe quel lieu, à n’importe quelle époque, il parlera toujours de nous, de maintenant. Dubois l’a bien compris et ne force pas la note pour tisser à tout prix des liens avec le jeune public du théâtre Denise-Pelletier. Le texte en lui-même et le jeu allumé des comédiens réussissent à conquérir le cœur de ce public sélectif et à le faire rire à grands éclats.

Pour cette nouvelle mouture, Frédéric Dubois s’est laissé inspirer par le thème de la mémoire. Les personnages d’Ionesco dans ces deux pièces passent en effet leur temps à oublier ce qu’ils viennent de dire ou des éléments essentiels de leur identité. Ils se raccrochent à la logique et à des déductions qui s’avèrent loufoques ou saugrenues. Dans La Cantatrice chauve, la bonne des Smith revêt les allures d’une infirmière d’une autre époque, les autres personnages portent tous des vêtements en tons de beige et de vert hôpital, subtil clin d’œil à leur état mental.

La production met en lumière les joutes verbales des personnages, aux prises avec d’insolubles problèmes de logique. La scénographie accentue volontairement le caractère de ces personnages en les isolant physiquement dans des espaces distincts, rectangulaires, où se répètent les mêmes éléments scéniques, une chaise, une lampe… Isolés dans leur espace, les personnages s’expriment plus souvent face à la salle que face à face, en conversations décousues. Le metteur en scène se joue aussi des rythmes du texte, accélérant ou ralentissant le débit naturellement rapide dela pièce. Un choix intéressant et gagnant qui permet de mieux apprécier un texte qu’on a souvent entendu mitrailler pour étourdir ou essouffler. Ici, on prend son temps. Et on se laisse totalement séduire par le débat entre les Smith et les Martin pour savoir si, quand on entend sonner à la porte, c’est qu’il y a quelqu’un ou qu’il n’y a personne. La production joue aussi beaucoup des effets de répétition et de la pantomime (à noter ce passage hilarant où on envoie Mme Smith répondre à la porte et que tous les comédiens font du surplace derrière elle), soulignés par une musique réalisée sur scène. Ça fonctionne parfaitement avec le jeune public, qui rit avant même qu’un comédien répète un passage ou un mouvement.

Après l’entracte, trois comédiens tirés au sort se lancent dans La Leçon. Au soir de la première, le hasard a joué en faveur de l’absurde, catapultant le carré Capitaine des pompiers de La Cantatrice, Éliot Laprise, en bonne irascible, le sombre Simon Dépôt en professeur autoritaire, et Monelle Guertin, au physique de jeune première, en élève ingénue et un peu têtue. La logique arithmétique de cette seconde pièce a paru moins passionner les élèves dans la salle, mais dès que la leçon commence à déraper sévèrement, toute l’attention du public est de nouveau captée. Avec son système philosophique implacable, le professeur multiplie les déductions logiques jusqu’à provoquer un affreux mal de dents chez son élève (on la comprend, la pauvre!), ce qui le mène ensuite à commettre un geste irréparable. Là aussi, la mise en scène physique de Dubois sert bien la production.

09-02-2015