Une énigmatique série de meurtres terrorise les habitants du Devonshire. Un esprit menaçant se cache dans les landes désolées qui entourent les falaises d’Angleterre. Sous la forme d’une bête sanguinaire, elle se nourrit de la chair tremblante des héritiers de Baskerville. Le célèbre détective Sherlock Holmes et son fidèle acolyte Watson usent de toutes leurs forces de déduction «élémentaires » pour résoudre le terrifiant mystère auquel ils sont confrontés.
Cette adaptation ludique et joyeusement étourdissante de Sherlock Holmes et le chien des Baskerville est jouée depuis 2012 avec un immense succès au Royaume-Uni par Peepolykus, ses créateurs. Frédéric Bélanger, Sarah Balleux et leurs compères, forts de leurs succès précédents dont D’Artagnan et les trois mousquetaires et Le Tour du monde en 80 jours, s’approprient ce spectacle allègre qui repose sur la prouesse des trois interprètes pour jouer quinze personnages. Fondé en 2005, le Théâtre Advienne que pourra produit ici son neuvième spectacle.
Concepteurs Sarah Balleux, Françis Farley-Lemieux, Sébastien Watty Langlois et Josée Fontaine Rubi
Durée : 1h30
Une production Théâtre Advienne que pourra
Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974
Le grand détective Sherlock Holmes et son inséparable acolyte, le docteur John Watson, n’auront jamais été aussi (férocement) drôles que dans la nouvelle production du Théâtre Advienne que pourra, présentée ces jours-ci à la salle Fred-Barry.
Après la mort dans des circonstances troubles du précédent propriétaire du manoir des Baskerville, un nouvel héritier arrive à Londres, en provenance du Canada. Une légende court dans les landes qu’un chien infernal s’attaquerait aux Baskerville. Sherlock Holmes et John Watson sont engagés pour élucider ce mystère et protéger le dernier des Baskerville. Dans les landes du Dartmoor, où le moindre faux pas peut se révéler mortel, les héros devront se montrer prudents…
Sans doute le roman le plus adapté de Sir Conan Doyle, Sherlock Holmes et le chien des Baskerville marquait à l’époque le retour en grande forme du détective, après sa mort annoncée dans Le dernier problème. Ironiquement, cette aventure dans le Dartmoor met surtout de l’avant le docteur Watson, qui est chargé par le détective de mener l’enquête.
Pour sa neuvième production, le Théâtre Advienne que pourra a bénéficié d’une soirée de première parfaite : la brume elle-même est venue envelopper le théâtre Denise-Pelletier. À l’intérieur, dans la petite salle Fred-Barry, c’est la scénographie de Francis Farley Lemieux qui retient l’attention. Sur un seul plateau, deux escaliers de bois enlaçant une porte évoquent les différents lieux de l’histoire, depuis l’appartement du fameux 221B Baker Street jusqu’au manoir des Baskerville, en passant par les sinistres landes du Dartmoor…
La mise en scène de Bélanger opte pour une relecture plus « boulevard ». Bien assumé, le ton férocement comique permet de multiplier les références, clins d’œil et mises en abîme dans un véritable feu roulant, une signature du Théâtre Advienne que pourra. Pour la première fois, l’adaptation n’est toutefois pas signée par la compagnie, mais par les auteurs anglais Steven Canny et John Nicholson. Bélanger, qui en a fait la traduction, s’est toutefois bien approprié le texte en plus d’y glisser quelques clins d’œil au public québécois.
La production ne garde de l’histoire originale que l’essentiel de l’action et les revirements de situation qui permettent au public même néophyte de comprendre le déroulement de l’enquête. En toute honnêteté, le cabotinage fait par moments perdre de vue l’intrigue principale : le trait est grossi, les gestes amples et les allusions à la relation qui unit le détective et son chroniqueur nombreuses… Les amateurs des aventures du détective à casquette seront donc peut-être déçus de n’y retrouver ni la fine intelligence du tandem Watson-Holmes ni l’atmosphère inquiétante du Chien des Baskerville. Cependant, ils ne pourront bougonner bien longtemps devant la joyeuse équipée que Bélanger et ses comédiens proposent.
Le plaisir que prennent les comédiens à raconter l’enquête et à joyeusement déconstruire la « tension dramatique » de l’intrigue est pour le moins contagieux. Frédéric Bélanger a par ailleurs fait un travail remarquable en redistribuant les nombreux rôles du roman de Doyle entre ses trois acteurs. En véritable caméléon et avec un grand sens du timing comique, Étienne Pilon en incarne plusieurs à lui seul : son Henri Baskerville a le don de se mettre dans les pires pétrins... C’est à François-Simon Poirier qu’échoit le rôle du grand Sherlock Holmes, entre autres. Le comédien, s’il force parfois un peu la note comique au point de risquer le décrochage, réussit néanmoins à faire rire le public à s’en éclater les joues, tant en Sherlock que lorsqu’il incarne les deux moitiés du couple Stapleton. Son Sherlock, très coloré et supérieur à souhait, forme par ailleurs un duo très efficace avec le docteur Watson de Philippe Robert. Celui-ci décroche pour sa part les meilleures répliques et rend parfaitement la générosité et la candeur, voire la naïveté, du personnage.
Bien qu’elle ne rende pas vraiment sur scène le charme unique du style de Sir Conan Doyle, Sherlock Holmes et le chien des Baskerville offre une très belle leçon de théâtre, remplie de trouvailles de mise en scène et de grands éclats de rire.