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Du 8 au 25 février 2017
Dates public (en soirée) : 9, 10, 15, 23, 24, 25 février 20h sauf 15 (19h) et 25 (16h)
Assoiffés
Texte Wajdi Mouawad
Mise en scène et collaboration au texte Benoît Vermeulen
Avec Rachel Graton, Francis Lahaye et Philippe Thibault-Denis

Trouver un sens à l’existence est une quête d’absolu. Boon, un anthropologue judiciaire, témoigne d’une  découverte qui bouscule sa réalité : au fond de l’eau,on a retrouvé deux corps enlacés depuis si longtemps qu’ils se sont mêlés l’un à l’autre. À travers l’histoire de Murdoch, adolescent volubile et mystérieusement disparu il y a quinze ans, et à travers celle de Norvège, jeune femme transparente et vulnérable, Boon revoit sa propre adolescence et laisse rejaillir le spectre d’un rêve délaissé.

Assoiffés, c’est le mystère de nos désirs, les plus sensés comme les plus fous, les plus flamboyants comme les plus sombres, ceux abandonnés et ceux qui permettent de se lever chaque matin. Wajdi Mouawad livre ici une œuvre littéraire onirique et vibrante. Benoît Vermeulen met en scène l’ardeur de vivre et fait disparaître la ligne entre réalité et fiction. De 2006 à 2012, Assoiffés a été jouée près de 250 fois au Canada, en France, en Belgique, en Suisse, en Espagne, au Danemark et en Italie.

Le Théâtre Le Clou propose des créations qui oscillent entre exigence et plaisir, provocation et engagement, beauté et chaos. Parmi les plus marquantes : Le chant du koï, Appels entrants illimités, Éclats et autres libertés, Isberg, Romances et karaoké, L’héritage de Darwin et Les Zurbains.


Assistance à la mise en scène Suzanne Trépanier et Nicolas Fortin
Scénographie et costumes Raymond Marius Boucher
Lumières Mathieu Marcil
Conception sonore Nicolas Basque
Environnement sonore Martin Lemieux
Crédit photo TDP

Durée : 1h15

Rencontre avec les artistes après la représentation : 25 février

Production Théâtre Le Clou


Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

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Dates antérieures (entre autres)

Tournée en 2005 et +
Une version a été montée en 2008 à la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui

 
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Critique

Douze ans après sa création, après 250 représentations au Canada et en Europe, le Théâtre le Clou présente à nouveau la pièce Assoiffés, cette fois sur les planches du Théâtre Denise-Pelletier.




Crédit photos : Jean-Charles Labarre

La pièce écrite par Wajdi Mouawad, en collaboration avec Benoît Vermeulen, raconte le destin croisé de trois personnages. Murdoch, un adolescent révolté de 17 ans, se réveille un matin pris d’une logorrhée irrépressible sur le sens qu’il peine à donner à son existence monotone. Boon, un anthropologue judiciaire, étudie le repêchage de mystérieux cadavres, retrouvés enlacés au fond d’une rivière quinze ans après leur noyade. Puis Norvège, une jeune femme prise d’un mal indescriptible, choisit de s’enfermer dans sa chambre des jours durant pour cacher le trouble qu’elle porte en elle.

La scénographie conçue par Raymond Marius Boucher est simple. Une patère où sont accrochés différents masques se tient d’un côté de la scène, alors que de l’autre, un stand de DJ artisanal est mis à la disposition des interprètes, qui s’y rendent parfois pour accompagner l’action d’une musique en direct. C’est le personnage de Murdoch, interprété par Philippe Thibault-Denis, qui en fait usage le plus souvent. Il est d’ailleurs déjà en train de jouer sur la scène lorsque le public entre dans la salle. L’utilisation de la vidéo permet également d’évoquer d’autres lieux comme la porte de la chambre de Norvège, ou encore l’arrêt d’autobus près de chez Murdoch. C’est aussi grâce à la vidéo que le public peut voir la beauté sculpturale des cadavres qu’étudie Boon ou encore la rivière enneigée sur laquelle Murdoch ira patiner.

Assoiffés superpose plusieurs niveaux de fiction, alternant entre l’action d’une pièce écrite par le jeune Boon caressant des rêves d’écrivain et la routine aliénante de Murdoch L’utilisation du masque pour figurer les actions propres à la fiction de Boon est efficace et ajoute une dimension onirique et poétique au spectacle. Les lumières de Mathieu Marcil et le changement du registre de jeu des comédiens participent également à marquer le passage entre les différentes histoires enchâssées.

Bien que la fable atypique accroche rapidement le public, le jeu des acteurs et le texte affaiblissent le spectacle. Philippe Thibault-Denis a le profil idéal pour incarner Murdoch, mais sa révolte est exagérée au point d’en devenir caricaturale, y compris à cause de l’abondance de sacres qui ponctuent ses tirades. Le flot de mots qui s’échappent de sa bouche illustre déjà fort bien la fièvre qui brûle en lui. Rachel Graton apparaît presque toujours masquée et s’exprime davantage par les mouvements que par les mots. L’actrice maîtrise bien ce langage corporel, mais la surexploitation du procédé finit par le rendre caduc et fatigant. Mentionnons toutefois la force de la performance de la comédienne à la fin du spectacle, qui expulse la laideur en elle sous la forme d’une étrange pieuvre conçue par Philippe Pointard. Cette brève scène rappelle le grand talent de cette actrice, que l’on voit de plus en plus au théâtre et à la télévision.

Si les personnages et les propos d’Assoiffés ont tout pour susciter l’intérêt du public adolescent, la mise en scène a quelque chose d’un peu infantilisant qui finit par agacer au terme du spectacle.

13-02-2017